Budget 2016 : Tours en marche vers son redressement ou en vol stationnaire ?

Le débat sur les orientations budgétaires de la ville de Tours a révélé deux analyses de la situation diamétralement opposées.

Financièrement parlant, Tours va mieux même si elle reste en convalescence. Et ça, tout le monde est à peu près d’accord pour le dire au sein du conseil municipal qui s’est réuni ce lundi soir à l’Hôtel de Ville. Depuis quelques semaines, la municipalité sait notamment qu’elle n’aura pas besoin de payer 8,6 millions d’euros cette année à cause de son swap toxique mais « seulement » 800 000€ ce qui lui donne de l’air pour préparer son budget. Elle en a ainsi présenté les grandes lignes avec des informations importantes :

Les impôts n’augmenteront pas, ou du moins la ville ne révisera pas les taux de la taxe d’habitation et de la taxe foncière cette année après la forte hausse de 4,2% de l’an dernier (afin de trouver 3,2 millions d’euros pour équilibrer les comptes). Néanmoins, la facture finale des Tourangeaux devrait tout de même progresser d’1,3% suite à une hausse mécanique des barèmes. « Nous conservons une pression fiscale inférieure à d’autres villes comparables » a nuancé l’adjointe aux finances Françoise Amiot ajoutant que les différents produits foscaux rapportaient 77,6 millions d’euros.

Les investissements vont augmenter de presque 25%, passant de 20,5 millions d’euros en 2015 à 25 millions cette année, « pour fournir du travail aux entreprises locales et rattraper notre retard en matière d’entretien du patrimoine » a justifié le maire Serge Babary rappelant que cette somme est la même que les investissements votés en 2013 sous Jean Germain. C’est essentiellement pour des travaux de rénovation que cet argent va être utilisé (voirie, chantiers dans les bâtiments de la ville…).

Une volonté de poursuivre son désendettement, en remboursant 12 millions d’euros d’emprunts. Mais comme 8 à 10 millions vont également être empruntés en 2016, au final la dette ne baissera que de 4 millions d’euros maximum. « La faculté de désendettement de la ville passera sous le seuil critique des 15 ans » a souligné Serge Babary soulagé de savoir que cela rassurera les marchés financiers et les organismes susceptibles de prêter de l’argent à la collectivité. On notera aussi qu’au total, Tours a 31 emprunts en cours et que sa dette par habitant reste supérieure à la moyenne d’autres villes de sa taille.

Toujours moins d’argent versé par l’Etat, avec au total une baisse de 3,8 millions d’euros de l’enveloppe allouée par Paris cette année, ce sera pareil en 2017.

Plus d’épargne : l’an dernier, Tours prévoyait d’avoir seulement 100 000€ d’épargne nette à la fin de l’année, là elle estime que ce sera 3 millions, avec l’objectif d’utiliser cet argent pour financer des projets d’investissements sans emprunter. « On a une meilleure épargne car on fait des efforts sur le fonctionnement » a détaillé Serge Babary (-2,5% dans les dépenses des services).

Toujours la baisse des subventions : -3,5% pour 2016, « on l’assume car c’est la seule solution pour maîtriser durablement le budget » dixit le maire.

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Au total, ce débat d’orientations budgétaires qui précède le vote du budget en lui-même programmé le 21 mars a duré 2h30. L’opposition s’est faite entendre sur plusieurs points :

Pour Cécile Jonathan (PS – Tours 2020), – taquine – « le cataclysme annoncé sur les finances n’aura pas lieu » et ensuite pour elle ces orientations sont « assez générales sans que l’on puisse déceler une stratégie de long terme », un reproche souvent fait à l’équipe LR-UDI-DLF de Serge Babary qui manquerait d’ambitions et de projections pour l’avenir. L’élue rebondit aussi sur le rythme de désendettement de la ville. On écrivait plus haut qu’en moins de 15 ans ça pouvait être fait mais selon elle « en remboursant 4 millions par an il faudra 57 ans », sachant d’ailleurs qu’après 2020, il y aura des années où c’est plus de 10 millions que Tours devra trouver dans son budget pour solder des emprunts. « Ce n’est pas ce type d’économies qui permettra à la ville de redorer son blason » a renchérit le nouveau venu socialiste Nicolas Gautreau, « vous ne tracez pas de perspectives pour Tours dans l’agglo, ce qui manque c’est le souffle politique. »

Pour les Verts, David Chollet analyse les choses d’une autre manière : « ce débat ne manque pas d’habileté pour minimiser la fragilité dans laquelle la ville se trouve encore », et en plus il s’interroge sur la capacité de l’équipe municipale à tenir son engagement d’une hausse d’1,7% des dépenses de personnel en 2016 « alors qu’il n’a déjà pas été tenu en 2015. » Quant à Sophie O’Connell pour le FN, elle demande une nouvelle fois une baisse d’impôts pour « récompenser les citoyens de leurs efforts » l’an passé suite à l’augmentation de 4,2%. Selon elle certains investissements ne seraient pas nécessaires et pourraient être reportés ce qui a fait bondir le maire lui reprochant sur le champ de menacer ainsi les entreprises du BTP alors qu’elle dit pourtant vouloir défendre l’emploi.

Olivier COLLET

 

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