En 2023, la mairie de Tours l’avait promis : le Cirque Zavatta n’emmènera plus ses animaux lors de ses prochaines représentations.”L’édition 2023 sera les derniers spectacles où Zavatta utilisera ses animaux sauvages à Tours”, avait annoncé Betsabée Haas, adjointe au maire déléguée à la biodiversité, à la nature en ville et à la condition animale.
Pourtant, en ce mois de février, le chapiteau de Zavatta est de retour au sud de Tours pour le spectacle “Osez’Rêver” présenté jusqu’au 10 mars près du Parc Expo. Et, étonnamment, des animaux sauvages, dont des grands félins, sont de la partie. “J’ai discuté avec Betsabée Haas et la mairie se sent piégée. Hors raisons administratives et sanitaires, ils ne peuvent pas refuser l’installation du cirque”, analyse Emilien Cousin-Hamelal, référent du parti animaliste d’Indre-et-Loire.
À Tours, le cirque Zavatta n’en est pas à son premier coup d’éclat. En 2022, les circassiens s’étaient installés à la Gloriette sans l’aval de la municipalité, déjà en discussion au sujet de l’interdiction des animaux dans les cirques. Considérant que le refus des villes rentrait dans l’illégalité, Zavatta et d’autres circassiens avaient eu recours à des avocats. Procédé qui freine les politiques interventionnistes des mairies comme Tours.
Face à l’impuissance des pouvoirs publics, les protecteurs de la cause animale du « collectif stop cirque animaux 37 » ne restent néanmoins pas silencieux : une manifestation est programmée ce samedi de 15h à 16h devant le chapiteau du cirque Zavatta, situé au parking de la fête foraine.
Organisateur du rassemblement, Emilien Cousin-Hamelal indique : “Du côté des militants, nous sommes dans l’incompréhension. Suite à la loi prônée par le gouvernement en 2021, les cirques ont le droit de travailler avec les animaux sauvages jusqu’en 2028 et rien n’est encore prévu par les circassiens. Au lieu de les utiliser à outrance, les animaux devraient déjà être placés en sanctuaire”.
Mais que vont devenir les animaux à l’horizon 2028 ? Actuellement, les circassiens constatent le manque d’action de l’État sur l’avenir de leurs espèces. Pour prohiber les animaux des cirques, une loi interdisant jusqu’à nouvel ordre les naissances / adoptions des animaux dans les cirques aurait été plus plausible selon eux. Et afin d’éviter un changement de mode de vie brutal, les animaux déjà élevés dans un cirque auraient terminé leur vie sous les chapiteaux.
En tout cas, chez Zavatta, les circassiens s’inquiètent du sort de leurs animaux “Pour l’instant on sait pas ce qu’ils vont devenir mais une chose est sûre, en 2028, les animaux ne seront plus là. C’est malheureux parce que nos représentations permettent aux spectateurs de découvrir de nouvelles espèces, et ça depuis toujours. D’ailleurs, certaines personnes viennent exclusivement pour les animaux qu’on essaie de protéger dès la naissance. De ce fait, on ne sait pas à quoi s’attendre en 2028”, évoque Nicolas Garric, chargé de communication du cirque Zavatta tourangeau basé à Cinq-Mars-la-Pile. Quatre ans à attendre, de quoi faire grincer les dents des militants tourangeaux encore quelque temps…
Mathis Blineau-Choëmet
