Il reste trois semaines au collectif Ohé du Bateau pour réussir son pari. Ses membres se veulent optimistes.
Sur le compte Twitter du collectif Ohé du Bateau qui oeuvre pour un rachat de la salle de concert du Bateau Ivre (Rue Edouard Vaillant à Tours), les têtes connues s’affichent en grand nombre : Miossec, Les Wampas, Sanseverino, Feu! Chatterton… Tous ces artistes soutiennent l’initiative, à savoir la création d’une société collaborative. Pour en faire partie, et détenir un petit morceau du Bateau, il faut acheter une ou plusieurs parts sociales d’une valeur de 100€. Alors on devient actionnaire, comme dans n’importe quelle entreprise. Sauf que là, que vous ayez une part ou 1 000 parts, votre voix a le même poids lors de l’assemblée générale.
Avec ce modèle, Ohé du Bateau fait mouche. Quand les membres du collectif tractent dans les rues, ils recueillent souvent de la sympathie voire de l’intérêt. Ces dernières semaines ils écument les marchés et les événements culturels de la région car le temps leur est compté. Il leur faut dans l’idéal 600 000€ d’ici le 9 avril et au moins 400 000€ pour espérer racheter pour de vrai ce lieu culturel à l’abandon, sinon il risque d’être laissé aux mains du premier promoteur immobilier venu, donc d’être rasé et sûrement remplacé par des logements.
Ce lundi soir, Claude Bourdin, membre historique d’Ohé du Bateau, a fait un point : “nous avons près de 500 sociétaires et 100 000€ sur le compte.” Ce à quoi il faut ajouter un soutien de taille : celui du conseil régional du Centre-Val de Loire qui propose 100 000€ pour participer à la “survie” du Bateau Ivre. Pour le président François Bonneau, “cette structure a incontestablement un bel avenir et c’est le rôle des collectivités locales que de se démener pour aider à la pérennisation des structures de diffusions culturelles.” Mais pour que cette bonne volonté se concrétise, il faut l’accord de l’agglo Tour(s)Plus dont le conseil communautaire a refusé tout soutien financier il y a pile une semaine. Franck Mouget – président du collectif – et certains de ses membres vont donc rencontrer François Bonneau ce mardi pour en discuter.
Autres leviers qui sont en train d’être actionnés : les entreprises ou les acteurs culturels. “Nous avons un listing de 300 structures qui ont fait part de leur intérêt pour la réouverture du Bateau Ivre et nous allons les contacter une à une par téléphone” précise encore Claude Bourdin. Plusieurs d’entre elles ont déjà franchi le pas comme Jazz à Tours et Tous en Scène. De son côté, la mairie de La Riche pourrait prendre quelques parts si son conseil municipal en valide le principe.
Bref, Ohé du Bateau est sur tous les fronts pour réussir son pari et montrer qu’il y a encore de l’argent pour la culture. “Vous pouvez vous mettre à plusieurs pour prendre une part. A 4, ça fait 25€ par personne, et vous en désignez une qui représente le groupe. Si ça ne marche pas, vous serez intégralement remboursés” répète inlassablement Claude Bourdin aux passants qui lui expliquent qu’ils sont fauchés. “Ca commencer à payer” se félicite l’ancien candidat aux municipales. Le Bateau Ivre séduit d’ailleurs au-delà des frontières de la Touraine : Paris, Bordeaux, Poitiers… “On a même un sociétaire de Québec.”
Olivier COLLET
Dans les prochains jours, le collectif sera à La Chaudière Festival dès vendredi à St-Pierre-des-Corps, samedi matin au marché des Halles et l’après-midi à la gare de Tours, dimanche matin au marché du Maine à Tours Nord. Et peut-être bientôt, dans ses murs Rue Edouard Vaillant.