Elle prend de plus en plus de place dans le marché des compléments alimentaires, notamment dans la région Centre-Val de Loire. Plusieurs producteurs tentent le pari de lancer la production de cette mystérieuse “algue bleue” comme l’a fait l’entreprise Paysan Bleu située à la Riche (près de Tours).
Qu’est- ce que la spiruline, cet organisme si peu connu se situant entre la plante et la cyanobactérie ? Comment est-elle produite ? Nous sommes allés rendre visite à Sébastien Huet, agriculteur à Channay-sur-Lathan, qui s’est lancé dans l’aventure fin 2020.
Si la spiruline commence à se faire connaître de plus en plus, c’est parce qu’elle est perçue par ses fervents consommateurs comme la clé pour une alimentation saine. Elle serait une forte source de minéraux, de vitamines et d’éléments nutritifs dont aurait besoin notre corps.
La consommation de la micro-algue est bénéfique mais sa production aussi !
En effet, produire de la spiruline est un excellent moyen pour Sébastien Huet de valoriser la chaleur émanant de son fumier. On vous explique.
Pour produire de la spiruline, l’agriculteur utilise cette chaleur pour chauffer de grands bassins remplis d’eau salée, avec un PH allant entre 9,5 et 10,5 et une température d’environ 30 à 40°C.
Dans ces bassins, enfermés dans une serre, on va disposer des souches de spiruline, récupérées chez un autre producteur. Grâce à la chaleur et à la lumière du soleil, l’algue va pouvoir se développer et s’étendre, à l’image des cellules du corps humain.
Pour la récolter, Sébastien a imaginé et conçu tout un circuit de fabrication pour obtenir de la spiruline en 3 formes : comprimé, poudre et paillette.
D’abord, une pompe va prélever de l’eau avec la spiruline et les conduire dans une récolteuse. Cette machine s’apparente à un gros tambour de machine à laver auquel on a ajouté un filtre. Ainsi, l’eau va passer à travers le filtre et retourner au bassin.
De son côté, la spiruline va rester “piéger” et tomber dans une goulotte de récolte pour s’égoutter au bout du circuit.
A ce stade de fabrication, l’algue va avoir une consistance de caillé de fromage. Alors, elle va être pressée au maximum pour obtenir une sorte de pâte à modeler verte.
Celle-ci va ensuite passer dans un poussoir à saucisse dont l’embout a été troué pour faire des spaghettis. Ces filaments de spiruline vont être étalés sur des plaques de séchage (les mêmes utilisés en pâtisserie pour les croissants et les pains au chocolat).
Une fois secs, les spaghettis seront grattés et c’est ainsi que l’on obtient de la spiruline dite “brute”. Cette dernière sera ensuite broyée autant de fois que nécessite la forme souhaitée, allant jusqu’à l’état de poussière.
Représentant encore aujourd’hui un marché de niche, la fabrication de la spiruline ne dispose pas de normes. Mais cela n’empêche pas Sébastien Huet d’instaurer un protocole strict concernant sa production. Il est d’ailleurs interdit à toute personne extérieure à l’exploitation de rentrer dans la serre et dans le laboratoire.
Aussi, pour des questions d’hygiène, tout le matériel utilisé pour la transformation de la spiruline est à la base destiné au marché alimentaire.