Quand des boulangeries d’Indre-et-Loire se mobilisent contre les violences conjugales

Une baguette et un message de prévention. Voilà ce qu’on trouvera dès ce vendredi 8 mars au Fournil Sainte-Maurien, à la Boulangerie Courtois de Château-Renault, à la Boulangerie Colbert de Tours ou aux Blés de Demain à Veigné.

Pendant deux semaines, une vingtaine de boulangeries tourangelles vont distribuer des sacs à pain relayant une campagne contre les violences conjugales financées par le Comité Départemental de l’Accès au Droit, un organisme public qui permet à la population de s’informer sur ses droits via des entretiens en physique ou en visio. L’opération est organisée à l’occasion de la journée mondiale pour les droits des femmes e sera renouvelée le 25 novembre pour la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.

Au total 100 000 sacs seront imprimés. 50 000 seront distribués à chaque fois.

Ces étuis en papier recyclé qu’on peut mettre au compost sont composés de deux faces : la première répertorie les différents numéros d’urgence à contacter quand on est victime comme le 39 19, ligne d’écoute dédiée aux femmes qui subissent des violences et accessibles 24h/24, 7 jours sur 7. De l’autre côté, on trouve le Violentomètre, un outil déployé pour déterminer les comportements anormaux dans un couple.

« Certaines victimes n’ont pas forcément conscience qu’elles vivent une situation de violence et n’ont pas les moyens ou l’énergie de demander un soutien ou de l’aide. Le passage à la boulangerie étant parfois une des rares sorties de la journée cela peut les amener à prendre conscience de ce qui se passe et les aider dans leur cheminement qui est souvent long » explique Catherine Bruère, présidente du tribunal judiciaire de Tours et à la tête du Comité Départemental de l’Accès au Droit d’Indre-et-Loire.

Ces sacs à pain s’adressent également à l’entourage des victimes, qui peuvent alors prendre conscience que certains comportements observés dans leur famille, chez leurs amis ou dans le voisinage ne sont pas acceptables (comme des insultes en public, par exemple). « De plus en plus d’enquêtes sont déclenchées via des signalements, et parfois sans dépôt de plainte des victimes » souligne d’ailleurs la procureure de Tours Catherine Sorita-Minard qui traite un millier d’affaires de violences conjugales par an, soit une moyenne de 3 par jour. 90% concernent des femmes et 10% des hommes.

Les messages s’adressent globalement à tous les couples, notamment pour dire stop au moindre comportement déviant faisant sortir la relation de son côté sain. L’idée est d’empêcher d’arriver à des situations extrêmes. « Plus on va vers le rouge sur le violentomètre, plus il y a des actes qu’on peut être amenés à accepter en raison d’un certain isolement social ou d’une emprise progressive » alerte Catherine Sorita-Minard.

Déjà testés ailleurs en France, notamment en 2023 en Loir-et-Cher, ces sacs à pain peuvent donc servir d’outil d’autoévaluation au public se déplaçant en boulangerie, pour soi ou pour son entourage. « Parce qu’il y a les violences physiques mais aussi les violences psychologiques » rappellent les magistrates. Sans oublier les violences économiques comme la subtilisation de moyens de paiement ou technologiques avec le contrôle du téléphone portable. « C’est assez récurrent et peut générer de l’emprise même après une séparation » pointe la procureure.

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