TOURS : Les chercheurs sortent du labo pour prendre le vélo

Samedi et dimanche, les chercheurs Tourangeaux se mobilisent dans le cadre d’un mouvement national contre la dégradation de leurs conditions de travail et pour de nouvelles créations d’emplois. Explications.

Jusqu’au 19 octobre c’est la Fête de la Science mais tous les scientifiques ne sont pas en fête en ce moment. Samedi et dimanche, Tours accueillera ainsi les cyclistes qui participent à Sciences en Marche, une grande randonné à vélo vers Paris pour défendre les intérêts des chercheurs. Partis de Nantes, Angers ou encore Limoges, ces manifestants-sportifs espèrent se faire entendre des députés et de François Hollande pour stopper la marche en avant vers la précarisation du métier de chercheur : « Aujourd’hui, certains d’entre nous passent plus de temps à demander des financements pour leur travail qu’autre chose » explique la sociologue Tourangelle Sabrina Bresson.

Elle-même contractuelle, elle dresse un tableau assez noir de l’évolution du monde de la recherche en France : « il y a de moins en moins de postes de titulaires, de plus en plus de contractuels, de projets à court terme… on est devenus des chercheurs d’argent : nous devons nous battre pour obtenir des financements à cause des réductions de budget. Seules 8% des demandes faîtes à l’Agence Nationale de la Recherche aboutissent à l’octroi d’une subvention, parfois au bout d’un an de procédures ». La chercheure fait part de son découragement, de celui de ses collègues et des étudiants : « certains vacataires quittent le métier et de moins en moins d’étudiants veulent poursuivre dans la recherche après leur diplôme il y a quelques cas très isolés de chercheurs titulaires qui démissionnent ».

Un plan de 20 milliards d’euros sur dix ans pour rebooster la recherche française

Selon les organisateurs de Sciences en Marche, un plan sur dix ans est nécessaire pour relancer le secteur : « Avec 2 milliards par an, soit 20 milliards d’euros sur dix ans financés par le Crédit Impôt Recherche (dont les fonds seraient redéployés), on pourrait créer 3 000 postes, ce serait un bon début » précise Sabrina Bresson. D’après le mouvement, la mesure correspondrait à une augmentation « d’à peine 10% » du budget de la recherche (20 milliards d’euros, 6 pour le Crédit Impôt Recherche). Une somme tout de même bien conséquente alors que l’Etat se serra la ceinture…

Mais alors pourquoi une marche citoyenne plutôt qu’une grève, sans doute plus retentissante au niveau national ? « Les mouvements sociaux récents contre la réforme des universités comme la loi sur leur autonomie n’ont pas abouti et ça a laissé des traces. Les chercheurs se sont découragés » explique notre interlocutrice sociologue. « Notre objectif est désormais d’alerter le grand public, d’aller à sa rencontre : vulgariser la science, expliquer notre travail et son importance et quel impact ont les politiques actuelles pour les chercheurs mais aussi pour tous les citoyens ».

A Tours, une soixantaine de personnes ont déjà assuré leur soutien au mouvement Sciences en Marche qui prévoit un accueil des cyclistes des autres régions ce samedi 11 octobre à 16h Place Anatole France pour un moment d’échange convivial avant le départ de la « marche » pour Blois et ses Rendez-vous de l’Histoire dimanche à 9h, toujours au niveau du Pont Wilson. D’ici là, ils espèrent obtenir des réponses aux alertes qu’ils ont envoyées aux politiques locaux ces derniers jours. Un rendez-vous pourrait également avoir lieu avec l’élu Tourangeau Thibaut Coulon.

Olivier COLLET

Pour en savoir plus sur les revendications de Sciences en Marche : www.sciencesenmarche.org

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