Charlie Hebdo continue de fédérer avec espérance, la vie a trucidé trépas et néant…

Deux semaines et demie après l’innommable qui a considérablement affecté le journal railleur Charlie Hebdo, Info-Tours a traîné ses guêtres dans la capitale, histoire de jauger l’effet de souffle en ayant résulté. Avant que le Phénix ne renaisse de ses cendres, une fois l’ébranlement et le traumatisme avalés.

Le temps a suspendu son vol, les meurtrissures sont très profondes

Samedi matin 24 janvier 2015. Le ciel est d’azur, l’astre solaire darde timidement ses rayons bienfaisants, vite contrés par un fond d’air d’une fraîcheur absolue. 11ème arrondissement, dans cette rue Nicolas-Appert aux allures de morne plaine, où au second étage du n°10, à l’intérieur des locaux de la rédaction du canard sarcastique livrés à la dévastation et à l’apocalypse le mercredi 7 janvier, des barrières Vauban barricadent une zone de non-droit, une espèce de no man’s land colonisé par des forces de l’ordre sur le qui-vive. Devant l’un des obstacles infranchissables les personnes présentes, de différentes nationalités, ont le coeur en décrépitude. Aucune d’elles ne s’est lancée dans des entretien à n’en plus finir, ou dans des réquisitoires tendancieux aux angles plus ou moins arrondis. Le moment est à l’introspection, la quête de l’entendement, du discernement. Le silence s’avère poignant, voire assourdissant, l’atmosphère est pesante, oppressante. Sur une large surface l’incroyable quantité de témoignages teintés de tristesse, d’humour tout court, voire d’humour noir (des fleurs en pagaille, des messages, drapeaux, crayons…) jonchent le sol ou bien mangent la verticalité de murs à en donner le tournis. Cet empressement spontané recèle une invraisemblable richesse créatrice dont les produits finis convergent tous vers la même direction, celle des idéaux inscrits dans le marbre républicain. Sans équivoque aucune. On communie, dépose un présent, photographie, prend connaissance de cet étalage, religieusement, comme au demeurant ailleurs, en des lieux faisant toujours office de chapelles ardentes. Les visages sont fermés, graves, l’effarement le dispute à la détestation de faits et gestes qui ne trouvent in situ aucun volontaire pour se faire l’avocat du diable. L’esprit progressiste est endeuillé. Paix à son âme, mais l’ancrage mémoriel n’a pour l’heure rien perdu de sa superbe.

Quand la parole se délie…

Si les « veilleurs de conscience » arpentent le bitume sous couvert, et pour cause, d’un anonymat certain, quelques-uns se sont fait une douce violence pour livrer leur sentiment à info-chalon. Charlotte, de Paris : « Nous avons tous été touchés, et ce pour la même raison. Je suis revenue d’Afghanistan où j’ai travaillé pour une O.N.G. humanitaire. Là-bas il y avait beaucoup de violences qui se réglaient à la kalachnikov, et je prie afin qu’en France ce ne soit pas le cas. Il ne faut pas qu’on cède à la peur. » Julie, Lucile et Céline (notre photo) sont, elles, originaires de Metz. « Il y a beaucoup d’émotion et un bel élan de solidarité s’est créé. On a décidé de faire un détour pour pouvoir rendre hommage aux victimes. C’est un beau recueillement. » Catherine et Michel vivent à Marseille. «On a été sonnés. Puis après nous avons été révoltés. A Paris on avait d’autres choses à faire, mais on commence par cette halte, et si on ne réalise pas le reste ce ne sera pas grave. Ce drame n’a pas de sens, surtout envers un journal qui, parfois est très excessif, cependant il faut savoir garder de l’humour. Ils ont eu des procès, mais c’est la loi de la République. Quand on voit que des gens ne disposent pas de la liberté d’expression…En ce qui concerne la marche du dimanche 11 janvier, il y avait une belle bande d’hypocrites parmi les Chefs d’Etat, peu soucieux de cette liberté d’expression… » La parisienne Mireille, enfin, s’est montrée particulièrement prolixe et carrée. «Je n’ai pas été étonnée car c’était prévisible qu’il y aurait des attentats, et il y en Aura forcément d’autres. Le gouvernement, notamment la garde des Sceaux Christiane Taubira, a été trop laxiste depuis des années. On  ne peut plus aller dans certaines banlieues. J’espère qu’ils vont mettre maintenant le paquet, et qu’ils seront sévères. Quand la jeune policière municipale s’est fait tuer à Montrouge, c’était sûr qu’il y avait un rapport avec l’attentat. D’autre part, ce qui était très étrange à la manif, c’est qu’il n’y avait aucun jeune de banlieue. »

                                                                                        Michel Poiriault

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