Dimanche 11 juin, la population inscrite sur les listes électorales d’Amboise est appelée à voter pour renouveler son conseil municipal. Un scrutin qui se déroule seulement 3 ans après la dernière élection du genre dans la ville, c’est-à-dire aussi 3 ans après la date prévue. On vous explique la situation et les enjeux de l’événement.
Le contexte :
En 2020 c’est un maire de droite qui a remporté les élections amboisiennes : Thierry Boutard. Proche de l’ex-ministre et ex-députée Claude Greff – dont il a été assistant parlementaire – cet homme militant au parti Les Républicains a ravi la municipalité à la gauche, à la suite de la fin de carrière de Christian Guyon (gauche) qui avait 45 ans de vie politique à son actif.
Les résultats avaient été très serrés, la liste de Thierry Boutard obtenant seulement une quarantaine de voix de plus comparé à celle du candidat de gauche Brice Ravier. Mais surtout, très vite, des dissensions sont apparues dans la majorité. Le côté autoritaire du maire a été critiqué, jusqu’à ce qu’une partie de son équipe décide de rejoindre l’opposition. Les défections ont été nombreuses, y compris parmi ses plus proches (par exemple Marie Arnoult, adjointe au maire en charge de la culture, qui faisait pourtant partie des fidèles du début).
A force de départs, le maire s’est retrouvé en minorité au conseil municipal, ce qui a permis au reste de l’assemblée de le priver d’une grande partie de ses pouvoirs. Thierry Boutard était par exemple obligé de convoquer des conseils municipaux à rallonge pour faire valider les moindres dépenses de la ville, entraînant un certain retard dans le traitement des dossiers. Une situation qui aurait pu le pousser à démissionner mais il a toujours refusé.
C’est finalement une alliance des groupes d’opposition qui a permis le renversement de la table : en démissionnant d’un coup, et en faisant en sorte que les remplaçants refusent d’intégrer le conseil municipal, les élus ont provoqué une élection municipale partielle, convoquée dès que 30% d’une assemblée quitte le navire. C’est ce scrutin qui se déroule ce dimanche 11 juin, avec un potentiel 2e tour le 18 si nécessaire.
L’enjeu :
L’objectif est d’administrer la ville d’Amboise pour les trois années à venir, jusqu’à la prochaine élection régulière prévue au printemps 2026. Un demi-mandat qui ne permettra pas forcément de régler tous les problèmes mais qui pourrait remettre la ville sur de bons rails après de longs mois de paralysie partielle. D’autant que plusieurs dossiers sont en souffrance dans l’une des communes les plus touristiques du département. Il faut gérer les questions financières (la dette est conséquentes) mais aussi le développement (zones commerciales, logement, adaptation au changement climatique…). Il s’agit aussi de retrouver une équipe solide et stable. Et un maire légitimé.
Les forces en présence :
Ce scrutin 2023 sera un peu le match retour de l’élection municipale 2020. Thierry Boutard est de nouveau tête de liste, espérant conserver son siège même s’il a dû renouveler son équipe eu égard au contexte. En face, Brice Ravier mènera de nouveau une liste orientée à gauche, sachant qu’il a réussi l’union derrière son nom, notamment avec Sandra Guchard et les écologistes, mais aussi l’indépendant Christophe Galland. Cela ne veut pas dire qu’il y aurait encore alliance dans 3 ans pour le scrutin régulier mais c’est un coup de force pour tenter de ravir la mairie.
En revanche, l’indépendant Dominique Berdon qui espérait monter une 3e liste a dû renoncer pour des raisons administratives. Sa candidature a été retoquée lundi 29 mai au tribunal administratif d’Orléans : deux colistiers n’ont pas fourni les documents nécessaires dans les temps impartis.
Résumé :
Il n’y aura donc que deux bulletins dans les bureaux de vote dimanche 11 juin de 8h à 18h. Deux projets qui s’affronteront entre le maire sortant Thierry Boutard et son challenger Brice Ravier. La campagne officielle est ouverte depuis le 29 mai.
A noter d’ailleurs que ce lancement a été émaillé d’une bisbille entre les deux candidats, Thierry Boutard accusant son rival d’avoir collé des affiches trop tôt sur les panneaux électoraux. Brice Ravier s’est défendu en plaidant ignorer la modification d’un texte régissant les règles en la matière.
Olivier Collet