Petit à petit l’Indre-et-Loire complète son dispositif de lutte contre les violences conjugales, en particulier pour soutenir les femmes qui en sont les principales victimes. Plusieurs initiatives ont été mises en place ces dernières années : une formation accrue des gendarmes ou policières/policiers instruisant les plaintes, la création d’une antenne spécialisée chez SOS Médecins Tours ou, plus récemment, la création d’une Maison des Femmes pour accompagner les victimes dans les locaux de l’hôpital Bretonneau. Les places d’hébergement d’urgence sont également en augmentation et des dispositifs d’accompagnement créés pour suivre les auteurs de violences.
Si l’on peut toujours estimer que cet arsenal est insuffisant (les critiques ne manquent pas), on ne peut pas nier son existence. Du côté judiciaire, les téléphones grave danger se sont ainsi multipliés afin de prévenir plus rapidement les forces de l’ordre des risques de récidives. Et le nombre de procès pour violences conjugales a fortement augmenté.
Néanmoins, au quotidien, beaucoup de ces mesures demeurent ignorées. Ou alors quand on est victime on n’y pense pas forcément. Même le numéro d’écoute 39 19 désormais ouvert 7 jours sur 7 et 24h/24 n’est pas encore intégralement connu. C’est encore plus le cas en zone rurale, les petites villes ou villages se retrouvant fatalement éloignés des structures citées ci-dessus, hormis éventuellement les brigades de gendarmerie.
Pour une meilleure prévention, la préfecture d’Indre-et-Loire, le Conseil Départemental et le Lions Club financent une opération déjà testée dans d’autres départements comme le Loir-et-Cher : la distribution de sacs à pain sur le thème des violences conjugales.
A partir de ce jeudi 24 novembre, 100 000 pochettes de baguettes vont être distribuées aux boulangeries du Nord-Est de l’Indre-et-Loire, dans la région de Château-Renault mais aussi en Sud-Touraine autour de Verneuil par exemple. On y trouvera deux choses : déjà une communication sur le 39 19 (pas un numéro d’urgence comme le 17 mais un standard capable de renseigner sur les aides locales existantes) et un violentomètre, soit une frise colorée qui va du vert au rouge afin d’expliquer ce qui relève d’une relation normale de couple et ce qui est abusif. Plus on va vers le rouge, plus c’est grave. Des conseils de réaction figurent également sur le document.
Certes l’opération n’est pas vraiment zéro déchet, elle a pour objectif de toucher de nouveaux publics en partant du principe que les boulangeries sont très fréquentées et que la clientèle est très diverse. Ainsi, des victimes potentielles pourront avoir accès aux informations… Quand on sait que l’augmentation de 20% des plaintes en Touraine est plus le fait d’une libération de la parole que d’une réelle progression des faits, on se dit qu’il existe sans doute encore beaucoup de situations passées sous silence.