Lyon-Tours : la diagonale du vide en train Corail

Reportage dans un de ces trains essentiels pour le territoire mais parfois menacés…

Pour aller de Tours à Lyon (ou inversement) il y a plusieurs solutions : la voiture (4h20, sans pause), le vélo (450km), le TGV (3h s’il est direct, via Massy) ou le bon vieux Corail Intercités (direct également, mais en 5h45). A l’aller nous avons pris la première option : c’est vendredi, le train vient de Nantes, se vide à St-Pierre-des-Corps et se remplit presque autant direction la banlieue parisienne puis Lyon, Part Dieu et Perrache, les deux grandes gares de la capitale de la région Rhône-Alpes. 3h, ça passe vite. Même pas le temps de lire le Canard Enchaîné en entier à cause d’une sieste. En cas de besoin, le bar est là avec ses formules à prix d’or (même si la SNCF nous avait envoyé un texto pour nous prévenir qu’il risquait d’être en grève). A 19h30, on est sur le quai. Ponctuel. Le week-end peut commencer. 

30€ pour un voyage en diesel dans la campagne

Au retour, changement de décor : on opte pour l’Intercités du lundi matin. Départ 8h54 de Part Dieu, arrivée 14h37 à Tours. Deux fois plus long que le TGV mais deux fois moins cher (30€ avec carte de réduction au lieu de 60, au moins pour la grande vitesse en réservant trois semaines à l’avance). Vu le temps de parcours, sur le panneau d’affichage lyonnais, Tours devient presque une destination exotique depuis cette ville où toute la France semble proche (Paris, Marseille et Montpellier en 2h, Grenoble et les Alpes en 1 à 2h, Strasbourg à 4h…). Pourtant, sur le quai A, il n’y a pas foule et donc de la place dans les 6 voitures du Corail que nous empruntons, tracté par une locomotive diesel (eh oui, toute la ligne n’est pas électrifiée…). A côté des toilettes, une affiche nous informe qu’un plan de rénovation des Intercités, débuté en 2012, doit s’achever fin 2014. Force est de constater qu’à part la voiture des compartiments, notre convoi a été oublié.

On s’installe à la place indiquée sur le billet : Voiture 11, siège 14. Notre fauteuil est donc couleur vert-fatigué. Dans le wagon, des petites étiquettes indiquent les réservations (non obligatoires). Personne à côté de nous pendant tout le voyage, on va pouvoir s’étaler. Décider du degré d’ouverture du rideau, etc. C’est pour tout le monde pareil pratiquement.

La France des champs dans toute sa splendeur

Avant de partir, un ami se moque « tu seras tout seul à faire toute la ligne ». Il s’est trompé. Autour de nous, ils sont bien une dizaine à avoir fait l’intégralité du parcours entre le Rhône et la Loire. Au programme, que des villes qui font « rêver » : Roanne, St Germain des Fossés, Moulins sur Allier, Nevers, Bourges et Vierzon. Ce genre de cités où l’on ne va que si l’on a vraiment quelque chose à y faire (parfois à tort, peut-être).

Par la fenêtre, la campagne s’étire sous un beau Soleil, le genre de temps à vous faire regretter de passer autant d’heures enfermé. Alors, forcément, quand le deuxième contrôleur de la journée annonce 18 minutes d’arrêt pour changement de locomotive à Nevers à l’heure du déjeuner, beaucoup sortent sur le quai pour prendre le Soleil. Il y a ceux qui en profitent pour faire un peu de yoga, ceux qui fument cette cigarette tant attendue (d’autres se risquant à en griller une en deux minutes sur le reste du parcours) et une passagère nous a même demandé s’il y avait de quoi se restaurer dans la gare nivernaise. Devant notre moue, elle a renoncé à tenter l’aventure.

L’attirail pour occuper le journaliste pendant le trajet…

Fréquenté par des jeunes, des retraités, des familles, des étudiants, quelques vacanciers et des cyclistes en expédition avec leur (très turbulent !) enfant, le Lyon-Tours est un espace ou la conversation s’engage plutôt facilement. On discute du pique-nique, des arrêts, de l’itinéraire, de la locomotive, du Soleil… Les passagers, disciplinés, téléphonent sur les plateformes. Les parents – compréhensifs – emmènent leur enfant jouer à l’écart pour que les autres puissent dormir. Une fois Nevers quittée, certains changent de place pour rester dans le sens de la marche. D’autres sont un peu déçus de se retrouver en queue de train et de devoir tout remonter une fois arrivés à Tours, alors qu’ils croyaient être à quelques mètres seulement de la sortie. Tracas mineur.

Bref, armé d’un bon bouquin ou d’une pile de journaux (oubliez les films, pas de prise, la batterie de l’ordi craquera en route), le Lyon-Tours en Corail n’est pas une épreuve insurmontable. Disons juste qu’elle demande de l’organisation. Mieux vaut prévoir son sandwich (même à 8€90 avec boisson et donut) car personne ne viendra vous proposer le moindre en-cas pendant le trajet. Il faut aussi être patient et avoir l’âme buccolique. Mais ce train qui parcourt la France en une ligne droite relative mais assez bien dessinée (au coeur de ce que l’on nomme la diagonale du vide) a clairement sa raison d’être (même si peu de personnes montent et descendent dans les gares intermédiaires). Economique, plutôt ponctuel, chaleureux, il sent bon le voyage et la liberté, sans trop faire saigner le porte-monnaie. Ce serait quand même dommage de s’en priver.

Olivier COLLET

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