J’ai participé au Championnat de France de poker à Tours…

…et je me suis assez bien débrouillé. Reportage.

Le poker, j’aime bien ça. J’ai une malette à la maison, mais hormis quelques soirées familiales ou entre amis je n’y joue que rarement. Et puis j’ai reçu un communiqué de presse annonçant l’étape Tourangelle du Winamax Poker Tour au parc des expositions. Avec la complicité du site spécialisé dans le jeu de carte, me voilà inscrit. A mes côtés : 116 joueurs, dont le célèbre Moundir de Koh Lanta. Rendez-vous nous est donné à 8h45 ce samedi matin. Dans la voiture avec moi, un autre participant : Sylvain, animateur d’NRJ à Tours et qui me donne quelques conseils. Lui a l’habitude de jouer en ligne, participe souvent à des tournois (sur le web ou en vrai) : « surtout jette tes cartes à moins d’avoir vraiment une bonne main. Ne t’enflammes pas » dit-il. Je retiens.

Sur le parking du parc expo, les voitures viennent d’un peu partout; Tours, Poitiers, Angoulème… L’équipe d’organisation nous confie que 200 000 personnes ont participé aux différents tournois de sélection avant cette compétiton « in real life ». En clair, la chance ne suffit pas. Celles et ceux qui sont ici (enfin, surtout « ceux », les filles sont très minoritaires) ont un gros niveau. Je me fixe alors un objectif : à ma table nous serons 10, je vais tout faire pour ne pas sortir le premier. Après, c’est que du bonus.

Pendant l’heure d’attente qui précède la première distirbution des cartes, les joueurs se jaugent. Tous n’ont pas le meme comportement. Certains fument, d’autres discutent car ils se connaissent déjà, certains sont avec leurs proches, d’autres dans leur bulle… On sent une certaine tension, l’ambiance est cordiale mais on n’est pas venu pour rigoler. L’enjeu ? Deux places pour la grande finale nationale à Paris sachant qu’il y a 38 villes qui participent à l’événement (dont Rouen, St Etienne et Strasbourg ce week-end).

Il est 10h et le tournoi commence. Nous avons tous le même nombre de jetons devant nous pour une valeur de 15 000 (des prunes, des euros, des cailloux… le vocabulaire importe peu car la première partie du tournoi est gratuite, c’est 15 000, point). Le temps de faire un topo sur les règles et le matériel et les choses sérieuses commencent. Première distribution et ma voisine se fait déjà rouspetter gentiment : elle a oublié de distribuer avec le cache qui empêche qu’un oeil indiscret ne devine à quoi ressemble la dernière carte du paquet. Il faut dire que, comme pour plusieurs joueurs, c’est la première fois qu’elle participe à un tournoi sans son ordinateur. D’ailleurs, chacun à sa technique pour brouiller les pistes et empêcher les adversaires d’y voir trop clair dans leur jeu : lunettes de Soleil, capuche, écouteurs… Tout est permis. Même de quitter la table un moment pour une clope ou un café.

Les premières manches se disputent sans grand coup. On se jauge. J’en profite pour apprécier la table rembourrée. Sérieusement, une table molletonnée… Je veux la même à la maison ou au bureau ! J’écoute les conseils de Sylvain et je jette mes cartes : 2 et 7, 3 et 8… Rien de bien rigolo. Je suis à la table 1, lui à la 7. Moundir est au milieu de nous, il se fait discret mais lâche un cri de joie ou de rage de temps en temps (on ne sait pas trop). Le temps défile : toutes les 20 minutes, les parties coûtent plus cher. 50 ou 100 au départ, 150 ou 300 au bout d’une heure etc. Au bout de 12 minutes, des applaudissements : ça signifie que quelqu’un s’est fait éliminé, n’a plus un rond en poche. C’est la tradition, on le salue. Satisfaction : ma prudence paie, je ne serais pas dernier. Mais à ma table, on est toujours 10.

Enfin une main convenable : un 9 et un 10. Les autres cartes sur la table me permettent d’avoir une couleur (en l’occurence 5 cartes de pique), j’attaque et je gagne. Et je recommence sur le coup d’après. Jusqu’ici, mes voisins ne prétaient pas trop attention à moi mais je commence à croire que je les intrigue. C’est bon pour le moral. Un peu plus tard, un as et un roi dans mon jeu, c’est excellent. Mais les cartes suivantes sont moins chanceuses, je n’ai pas assez bien joué et je perds. On continue à tourner, je rentre rarement dans le jeu, je les laisse se disputer leur magot et ils ont bien compris que quand je joue c’est que j’ai des arguments alors certains ont peur et ne m’affrontent pas. Je ne vais pas me plaindre.

Je crois impressionner mes adversaires, et tout à coup…

Ca fait une heure que l’on joue et mon petit tas grossit tranquillement, mais la chance tourne et même si un as s’invite de temps en temps dans ma main ça ne m’inspire pas et je n’arrive plus à gagner. Peu avant midi, ça y est, nous ne sommes plus que 9. Objectif atteint pour moi, d’autant qu’un autre joueur de notre table part 10 minutes après, juste avant la pause. Au déjeuner, je retrouve Sylvain, il fait grise mine : « J’ai eu un peu de mal à me mettre dedans, sans doute parce qu’on nous a fait venir très tôt. Quand j’ai commencé à être plus en forme, les cartes n’étaient pas bonnes et mon stack diminuait à vu d’oeil. Il ne me reste que 6 000… La prochaine fois que j’ai une bonne main, je vais direct au tapis, je mets tout sur la table » au risque donc de tout perdre. Alors que je crois que le niveau est assez homogène à ma table, lui semble être tombé sur des gros morceaux ce que confirme un de ses voisins. Tous les deux emploient beaucoup de termes techniques, se rappellent leurs beaux coups… J’ai l’impression que c’est du chinois. On a beau m’expliquer ce que signifie « limper » ou « 3bet », à l’heure d’écrire ces lignes j’ai déjà oublié.

On reprend après une heure et les choses s’accélèrent : il faut au moins 600 pour rentrer dans la partie et donc il faut se montrer plus audacieux. Un jeune homme sosie vocal de Jamel Debouze rejoint notre table et on sent la différence : il est plus agressif et tonique. Alors qu’on digère le sandwich, lui à la gnaque, il attaque, relance, nous fait cracher nos gros jetons de 1 000 ou 5 000 d’autant que les dames, rois et As sont à ce moment assez nombreux. Alors que j’avais 20 000 en main à la reprise, je tente un coup avec un As et un 9 : coup de chance, ça passe. Je double pratiquement la somme devant moi et élimine un joueur juste après. Mais j’apprends alors qu’au poker il ne faut jamais relâcher sa garde, je fais une immense bêtise en tentant de bluffer et je perds tout ce que j’avais gagné. C’est là que l’expérience commence à payer pour mes adversaires, je ne réussirai plus jamais à avoir le dessus.

Nous sommes 7 à la table, on entame le 10ème niveau. Deux nouveaux s’installent, ma voisine est devenu un voisin, je n’ai plus que 2 000 jetons et je sais que soit je mets tout sur la table d’un coup quand je crois avoir l’ascendant, soit je meurs à petit feu. C’est le moment : As et 10. Mon adversaire semble avoir une main plus faible mais la dernière carte lui permet de l’emporter sur le fil. Il est 14h10, je suis 80ème sur 117. Sylvain a fini 92ème (il visait le top 60). Moundir, lui, semble mener sa barque sans trop de problèmes. Les joueurs les plus vaillants resteront en place jusqu’à 20h.

Olivier COLLET

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