Détours forcés et 600 places de parking supprimées : ce qui va changer dans les rues de Tours

Ces derniers temps on a entendu pas mal de monde dire que Tours était en train de devenir une ville à bouchons. A cause de travaux… mais aussi parce que la municipalité écologiste ferait la chasse à la voiture. Le maire reconnait que les grands axes sont de plus en plus encombrés mais assure qu’il n’est pas question de mener la guerre à l’automobile : « On doit continuer de pouvoir aller en voiture partout où on en a besoin » affirme même Emmanuel Denis interrogé ce jeudi 4 avril lors d’une conférence de presse sur le plan de circulation tourangeau.

En revanche, l’élu espère bien atténuer sa position dominante, notamment pour réduire la pollution qui entraînerait une petite centaine de décès par an à l’échelle de l’agglomération tourangelle. Pour cela, il va tenter une méthode radicale mais compréhensive qu’il résume en une phrase : « Organiser sans interdire », notamment parce qu’il sait que la voiture représente encore près d’un déplacement sur 2 dans la commune.

Rien qu’à Tours-Centre, ce sont 100 000 véhicules qui empruntent chaque jour les axes situés entre Loire et Cher, et 200 000 au total sur tous les axes de Tours Métropole. 47% des déplacements de la population se font en voiture, souvent avec une seule personne à bord. A terme, l’objectif municipal serait d’atteindre environ 30% en passant de 13 à 26% de déplacements en transports en commun, et de 4 à 9% de de part de marché pour le vélo.

Afin d’y parvenir, il engage un vaste plan de réorganisation de la circulation prévu pour durer 6 ans et dont les premiers effets vont se voir rapidement.

La première chose à retenir, c’est que le nombre de rues limitées à 30km/h va continuer d’augmenter. Au 1er janvier 2025, seuls les grands axes comme le Boulevard Wagner ou la Route de Saint-Avertin seront encore limités à 50. Toutes les autres rues passeront à 30. Si la mesure est bien respectée, cela laisse imaginer à la municipalité des scénarios comme la Rue de la Scellerie où on pourrait plus facilement marcher en dehors des trottoirs pour flâner, ce qui se fait déjà Rue Colbert. En revanche, il n’y a pas de piétonnisation intégrale envisagée pour l’instant.

Ensuite, la ville veut bouleverser les habitudes. Déjà elle va multiplier les pistes cyclables via un plan baptisé Vélival dont on vous détaille l’essentiel par ici. Cette méthode entraînera une réduction des places de parking dans les rues comme ça s’est déjà fait Rue Buffon, près de la gare et de la préfecture. 335 espaces payants et 265 emplacements gratuits vont disparaître. Cela représente 10% du quota de places payantes, et à peine 3% des 25 000 lieux de stationnement recensés dans la Métropole.

En parallèle, les élus assurent que les parkings souterrains du centre-ville ont en moyenne 1 200 places vides en permanence (avec des tarifs parfois moins élevés qu’en extérieur).

Le plan consiste notamment à remplacer des places de parking par des arbres (comme fait récemment Rue Richelieu, par exemple, et bientôt Rue Galilée et Auguste Chevallier). Et globalement à renvoyer le trafic vers les grands axes, donc à dissuader les véhicules et leurs GPS de serpenter dans les quartiers pour faire des trajets Nord-Sud ou Est-Ouest. Pour cela, la ville compte mettre en place une centaine de « filtres modaux », c’est-à-dire des dispositifs qui compliquent les trajets en voiture pour les rallonger, rendant la marche, le vélo ou les transports en commun plus rapides. Un peu comme ce qui a été fait aux Deux-Lions et Rue d’Entraigues (non sans oppositions de riverains avec lancement de pétitions).

D’ici la fin de l’année, ce modèle va s’étendre. La traversée du Boulevard Béranger sera rendue impossible, sauf pour les véhicules de secours ou les vélos. En mai-juin, une piste cyclable à double sens sera créée des Tanneurs aux Prébendes via les rues Constantine et Marceau. Réalisée en complément de celle des rues Voltaire et Buffon, elle permettra d’interdire la Rue Nationale aux cyclistes.

« C’est contraignant mais c’est un choix stratégique. On ne fait pas une ville pour les voitures mais pour les habitants » justifie Emmanuel Denis montrant par exemple un projet consistant à remplacer un rond-point par une placette végétalisée dans le quartier Febvotte ou une rue Lamartine pavée et plus verte à la frontière avec La Riche.

Les quartiers des Douets, de Velpeau et de Beaujardin seront les premiers à voir leur circulation chamboulée. Ce sera d’ici fin 2024, après les grands travaux prévus sur l’A10 à la rentrée puis un chantier sur la Rue Edouard Vaillant. Dans tous les cas, la municipalité promet des concertations avec les habitants et des « ajustements » si nécessaire. Mais son idée est quand même de mettre en place des schémas définitifs. Précision : les chantiers sont chiffrés à 300 000€ à la charge de la mairie. Ils se feront parfois en même temps que les grands travaux du tram mais seront pensés pour s’organiser en parallèle, pour ne pas paralyser tout le trafic.

Le maire de Tours est conscient que ce plan dit « d’apaisement » de la circulation va faire grogner. « L’idée c’est de toucher le moins possible aux habitudes des gens au cœur des quartiers, mais on les changera pour passer d’un quartier à l’autre » résume Emmanuel Denis. « Forcément il y aura des nuisances mais on ne peut pas dire à la fois que rien n’avance et que d’un coup ça va trop vite » lance-t-il également à celles et ceux qui trouveraient les changements trop massifs. Un premier bilan devrait être fait à l’été 2025… au moment où la campagne des municipales commencera (on vote en mars 2026).

Olivier Collet / Images non contractuelles issues de la ville de Tours et du Syndicat des Mobilités de Touraine

Le plan détaillé sur les prochaines années :

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