Pourquoi il faut aller voir l’expo « Le Sceptre et la Quenouille » au Musée des Beaux-Arts de Tours

Le ministère de la Culture en parle comme d’une exposition d’intérêt national. Jusqu’au 17 juin, le Musée des Beaux-Arts de Tours propose « Le Sceptre et la Quenouille », soit un parcours autour de la place des femmes au Moyen-Âge et à la Renaissance. Un projet lancé au moment de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars et réalisé grâce à des œuvres du musée (ses collections en comptent près de 20 000) mais aussi des prêts d’institutions prestigieuses, comme la Bibliothèque Nationale de France ou le Musée du Louvre.

Ce projet « propose un regard nouveau sur les femmes des époques médiévale et moderne, abordées dans toute leur profondeur, et offre une remise en perspective historique à un enjeu majeur de nos sociétés contemporaines » annonce son descriptif. « C’est notre plus grosse exposition depuis celle sur Martin de Tours » complète Hélène Jagot, directrice des 4 musées de Tours.

Il s’agit par ailleurs d’un virage pour le Musée des Beaux-Arts car cette exposition « se concentre plus sur la société que strictement l’histoire de l’art » indique Hélène Jagot. En tout cas, l’événement se veut populaire « pour que le grand public puisse s’emparer de ce sujet qui permet de mieux comprendre pourquoi on en est là. Cela nous permet de voir que le changement des mentalités est extrêmement long et cela permet d’aborder les débats d’aujourd’hui avec le recul historique » argumente la directrice.

Tout cela permet par exemple de se rendre compte que les œuvres d’art sont essentiellement attribuées à des hommes, ou à des ateliers. Au Musée des Beaux-Arts de Tours seules 2 à 3% du catalogue est explicitement attribué à une femme. Pourtant, les femmes sont bien présentes dans la création : « Quand vous voyez des tapisseries, des bijoux, ou des objets du quotidien ça a pu être fabriqué par des femmes mais il arrive qu’on ait juste le nom des ateliers » note par exemple Hélène Jagot. Idem pour des peintures qui portent une signature masculine, mais sur lesquelles des femmes ont travaillé avec des rôles d’assistance.

Explication : au Moyen-Âge ou à la Renaissance, l’art était bien souvent une affaire collective. « La question de l’artiste individuel est très moderne et ne date que du XIXe siècle » pointe la directrice du Musée des Beaux-Arts. Alors que dans le passé, « Rubens n’aurait jamais pu faire de si grands décors tout seul, il lui aurait fallu plusieurs vies » relève Hélène Jagot qui conclut :

« A l’époque, les artistes étaient avant tout des artisans avec le mode de fonctionnement d’entreprises familiales et cette exposition montre par exemple beaucoup de femmes qui travaillaient avec leur mari, et parfois reprenaient l’affaire après leur décès. Elles avaient un rôle économique très fort ».

Mais l’Histoire l’a un peu trop occulté. « Le Sceptre et la Quenouille » permet de s’en rendre compte et de les réhabiliter.

Olivier Collet

À lire sur Info Tours

Suivez l'actualité en temps réel

La météo présentée par

TOURS Météo

Recherche

StorieTouraine - L'actu en résumé

Inscription à la newsletter

Agenda