Le succès bondissant des VTC à Tours (et ça agace les taxis)

Hyper populaire à Paris, Lyon ou Bordeaux, l’application Uber a mis du temps à décoller à Tours. Réputée pour être moins chère que les taxis, elle n’a longtemps proposé que 2-3 voitures en simultané. Insuffisant pour répondre à une forte demande. A cette époque les 300 taxis d’Indre-et-Loire ne râlaient pas trop, les VTC locaux se concentrant essentiellement sur une clientèle touristique. Ils conservaient donc une large part de marché pour les courses professionnelles, les acheminements vers les gares ou les liaisons entre la ville et l’aéroport.

La situation est en train de changer.

En ce début d’année 2024, on compte plus de 120 VTC immatriculés en Touraine, une vingtaine de nouveaux entrepreneurs ont obtenu leur vignette en 2022. Mécaniquement, Uber ou Bolt ont vu leur part de marché progresser, d’autant que des chauffeurs parisiens préfèrent tenter leur chance à Tours plutôt que de faire de la figuration dans la capitale où ils sont en surnombre. C’est ce que nous confirme un VTC rencontré début février. Habitant du Loir-et-Cher, il a délaissé Paris il y a 4 mois pour rejoindre Tours. Uber constitue son job à plein temps depuis 3 ans :

« J’ai réalisé une quinzaine de courses aujourd’hui, la meilleure à 27€ mais sinon c’est beaucoup de petits trajets à 9-10€. »

En 2 mois, il affirme que 20 confrères sont venus grossir les rangs d’Uber à Tours. Une tendance que nous confirme un autre chauffeur, au volant de sa voiture électrique de luxe. Croisé à La Riche, il partage son temps entre la conduite et une autre activité professionnelle pour arrondir ses fins de mois… mais reconnait passer beaucoup d’heures à attendre les clients à cause de la concurrence.

Du coup, il avoue contourner la loi qui impose aux VTC de retourner à leur domicile après chaque course. Lui reste en centre-ville, espérant être le plus proche possible lors d’une nouvelle commande. Car l’algorithme d’Uber favorise la proximité afin de limiter l’attente de ses utilisateurs.

Cette méthode a le don d’exaspérer les taxis, normalement les seuls à avoir le droit de tourner en ville ou de stationner aux endroits stratégiques. Pour limiter la casse, le GIE Taxis Radio de Tours a récemment investi dans une nouvelle application au concept similaire à Uber. Taxi Club géolocalise les voitures en temps réel et, surtout, fournit une estimation du prix de la course avant la prise en charge. Celle-ci peut, en prime, se réserver en ligne et plus seulement au standard téléphonique (02 47 20 30 40).

Néanmoins, cela ne suffit pas pour maintenir le chiffre d’affaire d’avant. Alors les taxis en appellent à la préfecture d’Indre-et-Loire pour réaliser des contrôles. Et être plus sévère avec les VTC en infraction.

Une opération était justement organisée ce jeudi 8 février en gare de Tours et de St-Pierre-des-Corps. La police et la DREAL ont traqué les VTC dans les rues pour vérifier qu’ils étaient en règle. Et pour ça… ils utilisent Uber qui affiche l’emplacement des véhicules en temps réel. Mais pas toujours facile de les trouver, car certains n’affichent pas la vignette réglementaire et deviennent invisibles. Un homme a tout de même été interpellé Boulevard Heurteloup. Il était entre deux courses, affirmait se reposer mais était signalé en ligne loin du siège social de son entreprise où il aurait dû être garé.

Pour cette infraction, il risque un passage au tribunal et 750€ d’amende.

D’autres contraventions peuvent être dressées, par exemple en cas de non-conformité du véhicule (les voitures diesel sont notamment interdits). De l’aveu des contrôleurs, les sanctions restent tout de même rares. Elles pourraient cependant se multiplier pour répondre à la pression des taxis ou à des consignes gouvernementales, notamment au moment des pics de fréquentation des applis de VTC : le dimanche soir, pendant les vacances ou lors des sorties de concerts au Vinci.

Olivier Collet

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