Depuis quelques années, le Dry January prend de plus en plus de place dans l’actualité afin d’inciter tout le monde à réduire voire stopper sa consommation d’alcool pendant un mois. En 2024, des dizaines de bars de Touraine ont même participé spontanément à l’opération en mettant un cocktail sans alcool spécifique sur leur carte. Avec une partie du prix de vente reversée à la Ligue contre le Cancer d’Indre-et-Loire.
Se faire plaisir sans boire d’alcool commence donc à être regardé avec un peu moins de malveillance. Ces derniers mois, même les grandes marques de bières se sont mises à communiquer autour de leurs recettes sans alcool. Et il y a peu, la Tourangelle Sarah Panigada a sorti un livre de recettes de cocktails compatibles avec un objectif de sobriété.
Pourtant, quand on veut se faire plaisir sans alcool à l’apéro, il est encore difficile de trouver les ingrédients adéquats. Les jus de fruits, sodas ou sirops sont assez répandus mais les spiritueux sans alcool ou vins désalcoolisés ne sont pas vraiment en tête de gondole des supermarchés ou des cavistes. A une exception près : O Colibri, à Tours.
Installé dans un local fraîchement rénové au 104 de la Rue Colbert, Xavier est officiellement le 1er caviste sans alcool de la ville. Ancien conducteur de travaux chez Eiffage, il a démissionné de son job en 2023 pour se lancer dans cette aventure. Une reconversion mûrie en quelques mois après un coup de foudre pour les boissons sans alcool. « J’ai découvert de nouveaux produits avec moins de sucre et beaucoup de saveurs mais je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas grand-chose pour en trouver à Tours » nous explique le jeune homme qui boit de l’alcool mais se définit comme un « flexidrinker », soit une personne qui modère sa consommation de façon perpétuelle.
Fureter au milieu des 80 références mises en vente à l’ouverture permet de découvrir des bières sans alcool, des vins désalcoolisés, une boisson pétillante à base d’ananas fermenté, des gins, rhums et whiskeys sans alcool mais aussi du kombucha ou du kéfir. Des produits souvent bio… voire même locaux : du vin désalcoolisé réalisé à partir de raisins montlouisiens ou des boissons en provenance de Ste-Maure, Sepmes ou Cravant-les-Coteaux.
Lui-même habitant du quartier Colbert, Xavier avait à cœur de s’y installer pour renforcer la présence de boutiques destinées au shopping aux côtés des nombreux restaurants. Un positionnement qui l’amène néanmoins à s’adapter aux horaires d’animation de la rue : il ferme à 19h30 du mardi au jeudi, 20h les vendredis et samedis. D’ici peu, son catalogue dépassera la centaine de propositions. Il y aura aussi des ateliers voire des rencontres avec les producteurs. Des dégustations sont déjà proposées chaque samedi.
Pour les prix, on commence à 2€10 pour les sodas, moins de 3€ pour les bières les moins onéreuses, 7€50 la bouteille de vin désalcoolisé la moins chère. Pour les spiritueux la fourchette de prix tourne entre 14 et 23€ et on atteint 35€ pour un pétillant du sud.
Ces tarifs restent dans la moyenne de ce qu’on peut trouver ailleurs mais Xavier reconnait quand même qu’ils ont tendance à être un peu élevés, « parce qu’on est sur des techniques encore peu connues. » Ainsi, pour les spiritueux deux écoles s’affrontent : les entreprises qui désalcoolisent des rhums ou des gins traditionnels ou celles qui créent une recette de toute pièce pour imiter la saveur des produits que l’on connait. Les deux sont en boutique et le commerçant en parle très bien. Il goûte tout en amont pour s’assurer de la qualité et du respect de ses valeurs.
A venir : des références de jus de fruits, thés glacés ou colas. Certaines boissons sont gardées au frais pour les consommer immédiatement à emporter. Plus d’infos sur sa page Facebook.
Olivier Collet
