Le lobbying a duré de longs mois et il a porté ses fruits : opposée à Chartres et Orléans, la ville de Tours a obtenu les faveurs de l’Irlande. C’est elle qui accueillera le centre d’entraînement du XV du trèfle pendant la phase de poules de la Coupe du Monde de rugby au mois de septembre.
C’est la première fois que la commune réussit un tel coup de force. En 2016 elle avait été camp de base de la République Tchèque pour l’Euro de foot, mais il s’agissait d’un outsider. Là, l’équipe d’Irlande est favorite de la compétition, d’autant qu’elle est actuellement N°1 au classement mondial. L’accueillir nécessite donc de déployer de grands moyens, en l’occurrence un centre d’entraînement tout neuf de 1 200m² au nord de la ville, au Stade de la Chambrerie. On a pu le visiter avant son inauguration officielle du 5 juillet…
Construit moitié en bardage bois, moitié en matériaux classiques, le bâtiment et ses à-côtés ont coûté 3,5 millions d’€ (avec des financements de Tours Métropole ou de l’Etat via l’Agence Nationale du Sport). Un chantier mené « en un temps record » se félicite l’adjoint au maire chargé des sports Eric Thomas puisqu’il a fallu à peine un an pour achever les opérations. Vu l’enjeu, les retards n’étaient pas permis.
La pièce maîtresse du site est une vaste salle de musculation de 300m², parfaitement insonorisée et comportant de larges baies vitrées. Elle est complètement pensée pour le rugby, avec des machines spécifiques et un grand tapis sur toute la longueur, afin de travailler la poussée. Ce modèle unique a été réalisé par une entreprise installée à Notre-Dame-d’Oé. Et pour l’anecdote, la ville de Tours avait reconstitué la salle dans ses dimensions réelles sous un hangar de l’aéroport, permettant à la délégation irlandaise de découvrir le matériel en vrai lors de l’examen des candidatures. L’élu Eric Thomas assure que cela a fait la différence car c’est exactement les outils qu’elle voulait.
100 000€ ont été investis pour acquérir ce package.
A cela s’ajoutent des vestiaires professionnels ouvrant sur le terrain d’entraînement. Il y en a deux : un pour les hommes, un pour les femmes. Car si la Chambrerie servira en premier à l’Irlande, l’idée est surtout d’en faire le centre d’entraînement de l’US Tours Rugby, club local aux 550 licenciés, dont l’équipe première joue en Fédérale 2 (le 4e niveau national, avec de potentielles ambitions d’aller plus haut). D’autres vestiaires sont prévus pour les scolaires (sur réservation préalable), ainsi que pour les arbitres. Il y a même une salle dédiée aux contrôles antidopage.
A partir d’octobre, La Chambrerie deviendra donc un pôle d’entraînement moderne… aux normes internationales. Fermé depuis 6 mois pour le préserver, le terrain bénéficie d’une pelouse neuve, copieusement arrosée même en ces temps de forte chaleur et de manque d’eau. L’idée est de le garder bien vert pour les Irlandais, la ville espérant obtenir une dérogation préfectorale pour contourner les arrêtés de restrictions qui ne manqueront pas de tomber dans l’été et qui obligeront à stopper l’arrosage des terrains de sport.
Ce n’est pas tout : il a aussi fallu rapprocher les poteaux de 2m et prévoir une brisure pour le rendre hermétique aux regards extérieurs. Les Irlandais s’entraîneront donc à huis clos (puis l’équipement sera retiré pour l’UST).
Evidemment, l’ensemble du complexe est sous alarme et vidéosurveillance, les caméras étant reliées au centre de supervision de la police municipale. Il ne reste plus qu’à y installer un barnum temporaire qui permettra au XV du trèfle de mener ses séances vidéo. La ville de Tours attend également la livraison d’équipements, dont des ballons, sacs de plaquage et protections de poteaux. Une dotation financée par les organisateurs de la Coupe du Monde et qui reviendra à la municipalité après le tournoi ce qui permet à Eric Thomas d’affirmer que l’accueil des Irlandais se fait quasiment à coût zéro.
L’arrivée du XV du trèfle est prévue le 1er septembre, à une semaine du match d’ouverture de la compétition. Un entraînement public doit être programmé à la Vallée du Cher.
Olivier Collet