Pas d’enfant à la rue : les mots sont sans ambiguïté, et c’est le nom d’un collectif qui s’active depuis quelques semaines à Tours (soutenu par le Réseau Education Sans Frontières, il existe aussi dans d’autres villes de France).
A l’initiative de sa création on trouve des parents d’élèves comme Camille, élue dans une école du Sanitas. « Ça fait deux ans qu’on a régulièrement des enfants qui n’ont pas de solution de logement à l’école Michelet en ce qui me concerne, mais aussi dans d’autres établissements de la ville de Tours. Ces situations deviennent de plus en plus récurrentes donc on alerte. Ce qui était ponctuel et exceptionnel devient de plus en plus régulier et ça nous préoccupe avec les enseignants » explique-t-elle, disant vouloir alerter l’opinion et les autorités sur le sort de ces familles, bien souvent d’origine étrangère.
Des combats administratifs quotidiens
« Cette situation n’est pas acceptable. Elle est contraire aux droits garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant et ne permet pas d’offrir à ces enfants de bonnes conditions d’apprentissage alors même que leur scolarité est rendue obligatoire par la loi » complète un communiqué du collectif.
Ainsi, il arrive parfois que des enfants manquent à l’appel en classe et que ça ait un lien direct avec leur situation précaire : « C’est par exemple une maman qui va appeler pour dire ‘mon enfant ne viendra pas à l’école aujourd’hui. Il est fatigué car ça fait deux nuits qu’on dort à la gare’ » raconte Camille. Des difficultés qui ne sont pas toujours connues tout de suite, parce que les parents concernés ont bien souvent du mal à en parler. Et elles peuvent se renouveler chaque semaine, les hébergements d’urgence du SAMU social étant souvent donnés pour une semaine, du mardi au mardi.
Des profs également sous pression
Une attention à des situations précaires qui nécessite un lourd investissement. Camille raconte que fin mars il a fallu qu’une équipe se relaie « toute la journée » pour appeler le 115 ou la mairie de Tours afin de débloquer un logement. Un rôle que le corps enseignant endosse parfois, ce qui n’est pas sa mission première : « On les remercie de le faire, c’est important. Mais pendant ce temps-là ils ne sont pas sur les enseignements » déplore la mère du Sanitas.
Le collectif Pas d’enfant à la rue de Tours compte donc se montrer le plus actif possible pour éviter la multiplication des familles demeurant sans toit alors que les moyens supplémentaires disponibles pendant la saison hivernale se rétractent avec l’arrivée du mois d’avril. Plusieurs institutions ont déjà été rencontrées