C’est une initiative mise en place il y déjà près d’une décennie, sous le mandat de maire de Serge Babary : des diffusions du conseil municipal de Tours sur Internet. La séance est filmée et visionnable en direct sur le site de la ville, permettant également d’en retrouver les images en replay. Depuis, plusieurs collectivités tourangelles ont mis en place des dispositifs similaires (vidéo ou audio). Parmi elles : Joué-lès-Tours, St-Pierre-des-Corps ou Tours Métropole. Un bon point pour l’accès aux débats politiques… mais avec des séances longues voire interminables, l’audience n’est pas forcément au rendez-vous, hormis certaines séquences fortes, ou quand des propos font polémique.
Alors comment rendre les conseils municipaux attractifs ? La ville de Tours semble avoir trouvé une solution grâce aux tendances d’Internet.
Agent informatique à la mairie, Kamel Bourne raconte comment l’histoire a commencé :
« Les élus de la majorité sont venus me voir un lendemain de conseil municipal. La séance avait encore duré 7h pour à peine une trentaine de points à l’ordre du jour. Ils avaient des cernes plus profonds de moi alors que je sortais d’un week-end de fête jusqu’à 8h du mat’ avec Les Ilots Electroniques. Ils m’ont dit ‘On sait que nos conseils municipaux sont soporifiques pour une partie du public, alors on voudrait que tu trouves une solution’. »
Également influenceur spécialisé dans les oreillers hypoallergéniques et les couettes en laine de yak, l’agent municipal a donc planché plusieurs jours jusqu’à avoir une idée :
« J’ai longtemps eu du mal à m’endormir. J’ai essayé de compter les moutons, regarder La Chaîne Parlementaire ou me refaire toutes les saisons de Navarro mais rien n’y faisait jusqu’à ce que je découvre l’ASMR. Ça a été une révolution. Mes vidéos préférées ce sont celles avec des coquillages ou des pêches plates mais je me souviens avoir eu beaucoup d’émotions dans une séquence où un influenceur s servait du bottin 1987 des Pages Jaunes… A moins que ce soit Les Pages Blanches. Peu importe. C’est là que j’ai fait le rapprochement avec les énormes dossiers contenant les délibérations du conseil municipal de Tours. »
Il est vrai que les cahiers sont conséquents, le dernier dépassant les 160 pages (et encore, ce n’était pas la séance annuelle sur le budget). Kamel Bourne a donc tenté l’expérience avec sa compagne, Sidney Surf :
« Je lui ai lu au creux de l’oreille une délibération sur un emprunt contracté par la ville en froissant délicatement les pages au fur et à mesure. Elle était encore plus détendue que le jour où je lui ai fait un massage avec de l’huile au jasmin dans une yourte avec bain à remous. »
La solution est donc présentée aux élus qui regardent d’abord le technicien de haut. Mais qui acceptent de tenter l’expérience auprès de leurs propres familles, avec succès. « Leurs enfants s’endormaient en moyenne 15 minutes plus tôt que d’habitude » sourit l’informaticien.
La validation obtenue, l’aventure peut commencer. Lors des prochains conseils municipaux de Tours, les internautes pourront choisir entre deux canaux : la séance en direct classique ou alors une version ASMR qui sera réalisée par un ou une professionnelle et dont la tâche sera de « traduire » en simultané les débats et les délibérations sur un ton suave. « On espère que ça va attirer un peu plus de monde, au moins au début avec l’effet de curiosité » glisse-t-on dans l’entourage du maire.
Des contacts pourraient ainsi être pris avec des stars du secteur afin de proposer des live Twitch, et ainsi utiliser le conseil municipal de Tours comme base pour une séance détente accessible partout dans le monde. Même si l’on se demande un peu comment transposer en mode « zen » les piques que s’envoient majorité et opposition, avec parfois un volume sonore élevé, l’idée a le mérite d’être originale et pourrait intéresser des entreprises ou associations désireuses de relancer l’attention lors de leurs assemblées générales. Et si un jour les Questions au Gouvernement avaient aussi leur version ASMR ?
Olivier Collet
Cet article est le poisson d’avril 2023 d’Info Tours. S’il est vrai que de plus en plus de collectivités diffusent leurs séances sur Internet, que celles-ci sont souvent très longues et pas toujours compréhensibles par le grand public, le reste n’est que pure invention. Mais qui sait, peut-être qu’un jour nos élus trouveront de vraies solutions pour qu’il y ait plus de monde qui s’intéresse sincèrement aux contenus de leurs débats. La culture démocratique y gagnera.
