« Une tendance à la hausse, mais une hausse modérée » : voilà comment le préfet d’Indre-et-Loire commente les chiffres de la délinquance l’an dernier dans le département. Arrivé en janvier, Patrice Latron découvre encore le territoire mais affine déjà sa stratégie pour contenir la criminalité. Par exemple, il applique à la lettre les consignes du ministère de l’intérieur consistant à « harceler » les points de deal de drogue… et à l’écouter ça semble payer : 355 affaires liées aux stupéfiants de décembre 2022 à février 2023 contre 290 pour la même période un an plus tôt. « Quand on cherche, on trouve » explique le représentant de l’Etat.
Dans ce domaine c’est principalement la police qui est à l’œuvre, en particulier dans les quartiers dits « de reconquête républicaine » (Sanitas à Tours, Rabière à Joué, Rabaterie à SPDC…) : « Nous avons une action quotidienne » explique la directrice départementale de la sécurité publique, Laurence Lairet. « On a conscience qu’on ne règle pas la question du trafic en lui-même, mais l’objectif c’est de le perturber. C’est déjà dissuasif, les trafiquants ont plus de mal à recruter des petites mains » poursuit-elle (des petits boulots souvent proposés à des migrants qui ont besoin de ressources, affirme le préfet).
« Le problème c’est la demande qui alimente cette criminalité jusque dans les petites communes » commente Patrice Latron selon qui il faudrait renforcer les politiques de santé publique sur le sujet. Le colonel Fabrice Ars des gendarmes confirme : il y a de plus en plus d’affaires, notamment une concernant de l’héroïne récemment sur Chinon. Mais aussi de plus en plus de drogues de synthèse. En revanche, le département semble relativement épargné par le crack, qui pose beaucoup de problèmes en région parisienne.
L’autre grande préoccupation des forces de l’ordre concerne les violences sexistes et sexuelles :
– 188 viols sur personnes majeures dénoncés en 2022, 40 de plus qu’en 2021
– 205 viols sur des mineurs (171 en 2021)
– 175 plaintes pour agressions sexuelles ou harcèlement sexuel sur personnes majeures (+59%, il y en avait eu 110 en 2021)
– 278 plaintes pour harcèlement sexuel ou agression sexuelle sur personne mineure (231 l’année d’avant)
La plupart des victimes sont des femmes. Et si une partie de ces affaires concerne des faits plus anciens que 2022, le nombre de nouveaux dossiers n’en reste pas moins préoccupant. « Il y a un effet très positif de la libération de la parole » commente le colonel de gendarmerie Fabrice Ars qui indique que les traitements des procédures s’accélèrent (15 jours contre 5 semaines de moyenne auparavant), notamment pour les violences intrafamiliales, elles aussi en forte hausse, et elles aussi majoritairement dirigées contre des femmes.
Ainsi, les violences physiques dites non crapuleuses (pas pour un vol, par exemple), progressent de 17,7% soit 500 faits de plus qu’en 2021 (3 564 plaintes l’an dernier). La hausse globale des violences dénoncées sur le département d’Indre-et-Loire est de 15%. Les cambriolages sont pour leur part en légère baisse (tout de même une moyenne de 8 par jour). Les destructions et dégradations signalées sont, elles, en hausse : 932 plaintes contre 691 en 2021.
Il est à préciser que le retour d’une vie sans contraintes liées au Covid a favorisé la recrudescence de ce type de faits. Les autorités le reconnaissent.
Pour tenter de juguler la hausse, le préfet tourangeau demande aux gendarmes de multiplier les réseaux de voisins vigilants dans les petites communes. Patrice Latron veut aussi renforcer la lutte contre les escroqueries, par exemple les faux éboueurs qui demandent de payer pour renouveler ses bacs à ordures (et tapent 1 800€ au lieu de 18€ sur la machine à carte bancaire, soit une double arnaque). Il s’inquiète enfin de la progression de la cybercriminalité et veut mieux sensibiliser la population à ce sujet. Les services de gendarmerie devraient d’ailleurs se voir prochainement renforcés avec au moins une nouvelle brigade, voire plus. On en saura davantage d’ici quelques semaines mais le Sud-Touraine serait particulièrement concerné.