Ah, l’aéroport de Tours… L’évoquer c’est la certitude d’engager un vaste débat, l’aviation étant très critiquée pour son impact sur le climat. A Tours, le maire écologiste Emmanuel Denis comme le député EELV Charles Fournier sont néanmoins favorables à son maintien, ne serait-ce que pour assurer les transferts d’organes pour des greffes au CHU. En revanche, les subventions qui finissent par financer les lignes régulières de la compagnie Ryanair au modèle à bas coûts très décrié c’est très sensible, et sans doute bientôt fini.
Mais peut-on avoir un aéroport tout en évitant un énorme impact carbone ? A Tours on tente un début de réponse du côté de Mermoz Academy, l’école de pilotes de ligne basée à l’aéroport. Ouverte il y a 4 ans, elle forme des pilotes pour de grandes compagnies comme Air France sachant que le secteur réclame beaucoup de nouveaux éléments. Ainsi, des rentrées se font tous les mois pour un cursus de 2 ans et de fortes garanties d’embauches. Un quart des élèves est originaire de la grande région tourangelle.
Pour apprendre à piloter, il y a des simulateurs. Mais le mieux reste quand même de voler. Mermoz Academy dispose donc d’un parc de 14 appareils dont elle assure elle-même la maintenance. Des avions à un ou deux moteurs plutôt récents ce qui fait dire à son directeur Stéphane Larrieu que l’entreprise fait « un énorme effort » en termes de réduction de son empreinte carbone. Il affirme ainsi que la consommation moyenne des vols est passée de 55l de kérozène par heure à 20l aujourd’hui.
Pour aller encore plus loin, son établissement vient de se faire livrer deux avions électriques à hélice de la marque slovène Pipistrel. Il s’agit bien d’aéronefs sans aucun réservoir de carburant polluant. Du coup, comme nos voitures électriques, ils sont aussi particulièrement silencieux. « Un vrai souci de citoyenneté vis-à-vis de nos élèves et pour les riverains » explique Stéphane Larrieu, lui-même pilote de ligne pour la compagnie Transavia après être passé par Air France ou Emirates.
Avec son look tout mignon, ultraléger avec sa coqu inspirée des modèles en carbone et des planeurs, le Pipistrel ressemble assez à un ULM et reste un peu un prototype : son autonomie ne dépasse pas 40 minutes et il ne peut pas voler la nuit. Néanmoins, il s’intègrera dans les formations de Mermoz Academy dans les prochaines semaines, pour les tous premiers décollages et atterrissages des élèves (environ 3 semaines après le début de leur cursus). « On suit un peu le sens de l’histoire, on doit exposer nos élèves à cette transition » assure le directeur, persuadé que d’ici 10 ans les avions régionaux seront propulsés à l’hydrogène, autre technologie qui émet moins de gaz à effet de serre (et dont l’établissement pourrait s’équiper via les 10 avions neufs en cours de commande).
Selon les recherches en cours, des avions électriques plus performants pourraient être développés dans les 5-6 ans à venir. Il restera ensuite à résoudre la question des batteries, nécessitant des technologies très consommatrices en ressources et en rejets de carbone. Le pari de Mermoz Academy est que vu l’explosion des coûts du carburant, et la pression populaire, l’industrie aéronautique va tout faire pour accélérer sa transition.
Olivier Collet