A Tours, peu de rues, places ou allées portent le nom d’une femme. Mais on en compte désormais une de plus à Tours-Nord, à proximité du Stade de la Chambrerie, au croisement des rues Ronsard et Daniel Mayer : la Rue Héléna Fournier née en 1904 et morte en 1994 à 89 ans. Pour l’inaugurer, la ville de Tours a spécialement fait venir sa petite fille des Etats-Unis. L’occasion de rappeler le parcours d’une femme à la vie marquante…
1 – Elle est née à Cussay
Héléna Fournier est une Tourangelle pur jus. Fille de maréchal-ferrant, elle a vu le jour à Cussay le 23 décembre 1904, s’est éteinte à Rochecorbon le 29 mars 1994… et a également vécu à Tours. Ainsi, après son mariage en octobre 1923, elle s’est établie dans le quartier des Halles puis à Febvotte (elle dirigeait une épicerie avec son époux depuis 1936 au numéro 98 de la Rue Febvotte).
2 – C’était une Résistante
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Héléna Fournier a rejoint le réseau Libé-Nord, se servant notamment de son commerce comme d’un relais pour diffuser des messages, rassembler de l’argent ou fournir des vivres aux familles de prisonniers et de fusillés. Elle loge également des personnes en fuite ou recherchées. Mais elle finit par être dénoncée et la Gestapo l’arrête le 29 octobre 1942. Elle passe alors une semaine en prison dans la maison d’arrêt de la Rue Henri Martin qui existe toujours avant sa déportation vers le camp de concentration d’Auschwitz en Pologne (elle arrive sur place le 24 janvier 1943). Au total, 20 Tourangelles subissent le même sort. Tatouée avec le matricule 31 793, ce sera la seule à revenir.
3 – Elle a beaucoup témoigné
Libérée de l’horreur à la fin de la guerre en 1945, de retour à Tours le 1er mai une semaine avant l’Armistice, Héléna Fournier a rédigé ses mémoires en détail et a raconté ce qu’elle avait vécu jusqu’à sa mort (les travaux forcés, la neige, les maladies, les humiliations des Allemands, son transfert à Ravensbrück en Allemagne puis en Autriche avant la délivrance par la Croix Rouge). Décorée de la légion d’honneur en 1996, élevée au rang d’office en 1984, elle a obtenu le grade de caporal au sein de la Résistance Intérieure Française. Outre les écrits, son témoignage est agrémenté d’objets (bouts de tissu ou couverts récupérés à Auschwitz).
Photo : Ville de Tours