Les retards de vols Ryanair s’enchaînent à l’aéroport de Tours

Il y a quelques jours l’aéroport de Tours était fier d’annoncer l’ouverture de trois nouvelles lignes éphémères en 2023 : un partenariat avec la société Destinations va permettre des relations directes vers les Canaries, la Crète et le Monténégro (1 vol aller-retour à chaque fois, vendu avec un séjour). Gérée par la société Edeis, la plateforme se félicitait également de l’accueil d’Airbus A320 de la compagnie ITA Airways transportant des journalistes ou pilotes participant au grand prix Moto GP du Mans. L’aviation d’affaire continue de bien se porter et les vols réguliers de Ryanair retrouvent des couleurs après leur arrêt et un difficile redémarrage pour cause de restrictions Covid.

Depuis peu une ombre vient ternir ce tableau : de très importants retards au départ et à l’arrivée de la piste tourangelle.

Ainsi, mercredi 11 mai, le vol Tours-Marseille de 12h05 a décollé 3h plus tard. Dans les hauts parleurs de l’aéroport, on annonce un problème lié « à l’encombrement aérien ». Un peu flou mais une salariée nous en dit plus : « il y a un manque de personnel pour gérer le contrôle aérien donc ils s’occupent des avions de Tours quand ils le peuvent. » A la question de savoir si cela arrive fréquemment la réponse fuse : « En ce moment c’est très souvent, oui. »

La preuve : 3 jours plus tard, le vol Marseille-Tours atterrit avec 1h30 de retard. Le même samedi, un avion pour Londres a décollé avec 3h de retard alors qu’il était « seulement » arrivé avec 90 minutes de décalage sur l’horaire prévu. En l’espace d’une semaine, une dizaine de vols Ryanair ont subi des retards supérieurs à 1h. Lors d’une de ces attentes un pilote de la compagnie s’est clairement avoué démuni en s’adressant à ses passagers : « Le prochain créneau alloué par les contrôleurs aériens est dans 2h. Je vous tiens au courant si ça bouge avant. » Le délai a finalement été raccourci à 40 minutes.

Cette situation n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement de l’aéroport de Tours : les salles d’embarquement n’ont pas forcément assez de sièges, il faut aussi prévoir régulièrement des collations pour les personnes en attente.

Une situation indépendante du personnel tourangeau

Sollicitée, la société Edeis qui gère l’aéroport n’a pas donné suite à notre demande d’interview. Mais le syndicat public qui pilote la politique aéroportuaire tourangelle nous a fourni des précisions.

Ces retards récurrents et conséquents ne seraient observés que depuis « quelques semaines » et liés à des restrictions de personnel au sein du centre de contrôle aérien de Melun en Seine-et-Marne. La situation est telle que le SMADAIT envisage d’interpeller l’Etat et la Direction Générale de l’Aviation Civile. « Nous n’avons aucune explication de la DGAC sinon on pourrait s’organiser, changer les horaires ou au moins prévenir les passagers » nous indique-t-on.

Il est vrai qu’avec 3h de retard, il devient presque aussi rapide de faire Tours-Marseille en train qu’en avion.

Soyons clairs : la situation ne provient pas d’un problème de l’aéroport de Tours qui dispose du nombre nécessaire de contrôleurs aériens dans sa tour de contrôle. C’est bien en région parisienne qu’il y a souci de personnel, au point qu’on commence à parler d’un possible mouvement de grève pour faire bouger les choses en interne. Une précision également : ce sont essentiellement les vols Ryanair qui sont concernés, les avions sanitaires utilisés pour les greffes d’organes du CHU sont tous à l’heure car prioritaires.  

Un contrôle aérien décentralisé en 2024

Si la situation dure, elle risque d’impacter plus sérieusement le fonctionnement de Tours-Val de Loire et son développement. Chaque retard coutant de l’argent aux compagnies, on peut imaginer que Ryanair finisse par s’en lasser au point de revoir ses plans de vols (sollicitée, l’entreprise irlandaise n’a pas répondu). Ou que d’autres sociétés renoncent à venir se poser en Indre-et-Loire alors même que le président du SMADAIT Bruno Fenet évoque « des touches » pour des vols amenant des touristes d’Allemagne, d’Italie du Nord ou de Catalogne dès 2023.

L’émergence de ce sujet du contrôle aérien nous rappelle aussi qu’à brève échéance Tours ne disposera plus de personnel physique dans sa tour de contrôle. Un départ de personnel qui sera compensé par la mise en place d’une technologie de contrôle aérien à distance : une première en France « validée par les services de Matignon » rappelle le député Philippe Chalumeau.

Le Covid a néanmoins retardé le projet. Les caméras nécessaires au fonctionnement du nouvel équipement seront ainsi posées en 2023 pour une entrée en service officielle en 2024 après un an de test, selon le SMADAIT. La piste tourangelle sera alors gérée depuis Toulouse… En espérant qu’il y aura assez de personnel pour cela. Ce type de soucis touche d’ailleurs l’ensemble de la filière : en manque d’hôtesses et stewards, la compagnie Easyjet a récemment réduit la capacité de certains avions et le groupe Aéroports de Paris peine à recruter les milliers d’agents nécessaires à son fonctionnement.

Olivier Collet

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