On vient de fêter les 20 ans de l’Euro, notre monnaie unique européenne. Mais quand on cherche un peu on trouve encore quelques pièces de Francs. Et si on les réutilisait pour les transformer en bague ? C’est ce que fait Julien (Artéfact), bijoutier à Amboise et actuellement hébergé dans l’atelier tourangeau de Jeremiah Oudin Rue de la Scellerie. Quand on regarde ses bijoux de près, on reconnait les motifs de la monnaie, mais cela n’a rien d’évident. L’élégance prime.
En reconversion après une carrière dans l’image 3D et dans la cuisine, l’artisan autodidacte (il s’est notamment formé sur Internet) profite de l’hospitalité de son confrère pour se faire connaître à Tours. Installé depuis 2018 à deux pas de l’Opéra, fils d’une femme qui faisait déjà des bijoux, Jeremiah Oudin est aujourd’hui un professionnel reconnu. Originaire de Dordogne, il a fait ses études au sein d’un lycée professionnel à Saint-Amand-Montrond dans le Cher :
« J’étais une quiche en cours, il fallait que j’arrête le cursus général. J’ai tenté ça et par chance ça m’a plu. »
De quoi entamer une carrière dans plusieurs régions avant de rejoindre Tours par amour. Longtemps solitaire, il accueille depuis peu d’autres créations au milieu de sa propre production. Des bagues, colliers ou boucles d’oreilles teintés d’originalités (à base de plumes, d’élastiques pour cheveux ou de métaux hyper légers).
« J’avais envie d’avoir un atelier partagé » explique celui qui reçoit régulièrement des stagiaires et propose des ateliers pour fabriquer sa propre bague en 3h. Il compte donc pérenniser la formule. La suite logique d’un artisan dont le travail a beaucoup évolué en une dizaine d’années. Avec tout de même un fil conducteur : l’argent, « quelque chose qui dure dans le temps, qui se transmet » raconte Jeremiah Oudin citant par exemple la rencontre avec un homme qui portait une de ses bagues, héritée de son grand-père : « C’était hyper beau de le voir avec ».
« L’argent c’est accessible, cool à travailler. Il vit, prend des pets, se déforme un peu… » Je préfère ça que couler de l’or gris qui est plus tristoune » ajoute encore le bijoutier qui l’achète sous forme de fils ou de plaques avant de le transformer. Souvent en bagues :
« Je suis un chaud de la bague parce que c’est un bijou pour soi ou pour les autres. Une femme quand tu la complimentes sur ses boucles d’oreilles elle va la toucher pour savoir ce qu’elle porte. Moi je préfère un bijou que l’on peut voir et apprécier. Et puis une bague ça change la gestuelle : tu ne fumes pas une clope pareil, tu ne tiens pas les choses de la même façon… »
Collaborant notamment avec un tatoueur de Tours pour la production de bagues en forme de tête de mort, Julien confirme : « Au-delà du symbole, c’est vraiment un objet à part. » Un travail à découvrir tout le mois de janvier au 40 Rue de la Scellerie, voire un peu plus longtemps…
Olivier Collet