L’opposition demande un référendum sur le tracé.
Ce lundi le conseil municipal de Tours a voté un voeu sur le projet de deuxième ligne de tramway de l’agglomération : après presque 2h de débat, les élus se sont clairement prononcés en faveur d’un axe La Riche / Chambray-lès-Tours via le Boulevard Béranger et la Place Jean Jaurès. « Il est nécessaire que la ville de Tours se mobilise rapidement pour faire des choix sur les nombreuses questions qui restaient en suspend » s’est réjoui le président de Tours Métropole Wilfried Schwartz qui a été invité à cette réunion. «
Si les plans des élus sont courronés de succès, l’inauguration d’un tram B se fera fin 2025. Fréquentation espérée : 42 000 voyages par jour en semaine et en période scolaire « soit à peu près l’équivalent de ce qui était estimé pour la première ligne » souligne Wilfried Schwartz, sachant qu’elle a dépassé le seuil des 60 000 voyages quotidiens avant la crise Covid. « Tout a été étudié précisément » dit encore le président métropolitain rappelant que 22 scénariis ont été mis sur la table avant de choisir celui qui bénéficiera des travaux à partir de fin 2022 et pour une durée de 3 ans.
Alors à quoi va ressembler cette seconde ligne ?
« Elle sera moins minérale » a promis le vice-président de Tours Métropole chargé des transports Christophe Boulanger. Après avoir traversé La Riche, les rames entreront dans la ville par le sud du Jardin Botanique. Elles passeront par le Boulevard Tonnelé (qui sera transformé pour rejoindre l’entrée principale de l’hôpital Bretonneau), rejoindront le quartier Maryse Bastié, le futur quartier des Casernes, Jean Jaurès, la gare, le Carrefour de Verdun, les Fontaines, le campus de Grandmont et l’hôpital Trousseau de Chambray.
La partie sud de la ligne ne fait pas débat mais la moitié ouest déclenche beaucoup plus de discussions…
Parmi les choix débattus, celui de faire passer le tram B au coeur du quartier des Casernes plutôt que par la Rue du Plat d’Etain : « Il y aura un arrêt au coeur de la zone et en faisant cet aménagement on redonne de l’oxygène aux autres modes de déplacements routiers » argumente Christophe Boulanger précisant qu’il a l’accord de l’Université pour acheter des terrains qui lui appartiennent.
En face, dans l’opposition, l’ancien maire Christophe Bouchet s’interroge sur l’avenir du parc d’1,8ha qui était envisagé sur le quartier des Casernes. Il estime également que le passage par la Rue du Plat d’Etain ferait gagner du temps de trajet. Un souci également soulevé par un autre opposant, Benoist Pierre. Réponse de Christophe Boulanger : cela créerait des bouchons et, non, les virages ne seraient pas plus complexes que sur certains tronçons de l’actuelle ligne A dont la vitesse moyenne est comprise entre 17 et 18km/h soit un chiffre comparable à d’autres villes.
Une transformation en profondeur de la Place Jean Jaurès
Après les Casernes il y aura la Place Rabelais… L’opposant Olivier Lebreton s’inquiète de la nécessité de la restructurer : « Il faudra notamment mettre le marché de l’autre côté. » Christophe Boulanger confirme soulignant que le projet n’a pas évolué par rapport à ce qui avait été proposé dès 2017.
On poursuit avec le Boulevard Béranger : « Le choix qui est proposé c’est de positionner les rails au nord du Boulevard et au sud de faire un double sens pour les voitures » rappelle Christophe Boulanger. Une fois arrivée Place Jean Jaurès, la ligne ne filera pas sur le Boulevard Heurteloup avant de tourner pour desservir la gare mais bifurquera directement vers le tracé de la première ligne. Un choix assumé pour préserver les arbres d’Heurteloup. « On fait aussi presque 1km d’économies » note l’élu en charge des transports (plus de 20 millions d’€), « cela nous évite par ailleurs de créer une deuxième station Place Jean Jaurès et nous encourage à réinventer cette place, redessiner un lieu de vie alors qu’aujourd’hui ce n’est qu’un lieu de passage. »
« Seuls 30% de la place sont dévolus aux piétons, on a une vraie opportunité de reconfigurer cette place » ajoute le maire Emmanuel Denis. Des juristes ont été consultés pour confirmer que cette option ne constituait pas une transformation trop importante du projet initial. D’après la majorité ils ont considéré que ce n’était pas le cas.
Un référendum local sur le sujet ?
L’équipe écologiste promet de lancer une grande concertation pour définir le futur plan de Jean Jaurès, et de faire de même pour la Place Rabelais ou la Place St Eloi. L’ancien maire Christophe Bouchet demande plus : un référendum local… « Quand vous touchez à ce point à l’ADN d’une ville il faut une adhésion extrêmement large » dit-il. « Les arbres du Boulevard Heurteloup c’est au moins autant l’ADN des Tourangeaux que les fontaines de Jean Jaurès. On peut repositionner les fontaines en 5 ans mais pas des arbres centenaires. Il faut faire des choix » insiste Christophe Boulanger.
Globalement, l’opposition réclame de nouvelles études sur cette ligne B… De nouvelles démarches… « Vous aviez tout le loisir de changer le parcours du tram lors de votre mandature. On a perdu trop de temps. Vous demandez un référendum, il a eu lieu lors du 2e tour des élections municipales le 28 juin où j’étais le seul candidat à défendre ce tracé pour le tramway. On ira au bout » s’agace Emmanuel Denis.
Un tracé alternatif par les Tanneurs ?
« Vous voulez aller vite, d’accord mais faisons ce dont on est sûrs : la partie sud où il n’y a pas de débats » rétorque Christophe Bouchet. « Sur la partie ouest il y a de vrais débats techniques et le tracé ne nous parait pas – à date – adapté. »
Le sujet qui pourrait poser problème c’est celui de l’avenir des arbres du Boulevard Béranger. La plupart seront conservés autour du mail piéton central mais certains abattus sur la deuxième rangée faisant craindre une mise en danger de l’alignement. Benoist Pierre demande « une étude complémentaire ». « Ces platanes sont vitaux et vous serez jugé sur leur pérennité. On n’est pas à 6 mois près » explique l’élu LREM qui suggère un passage de la ligne par Mame et la Rue des Tanneurs en guise de Plan B, un trajet retoqué lors des études prélabales.
« Si on ouvre des études on perd deux ans » répond le maire. Pour les arbres, il reconnait l’existence d’un risque mais « il est moins élevé en faisant passer le tram côté nord. Nous seront vigilants quant à la bonne réalisation des travaux pour éviter les contaminations. » « On nous dit que pour limiter les risques il faut s’éloigner des arbres d’au moins 3m » complète Christophe Boulanger. « Aujourd’hui le tracé proposé permet cet éloignement. » « Quelle alternative s’il y a un bug ? » demande Benoist Pierre. « On va avancer et on se posera les questions en temps utile » se contente de répondre Emmanuel Denis.
Olivier Collet