De Tours à Las Vegas via Orléans, la French Tech prend son envol

A quelques mois de l’ouverture du site Mame pour les startups tourangelles, on s’active en coulisses pour redonner de la visibilité au projet après l’échec de la candidature au label national l’an dernier.

Ce jeudi 28 janvier ce sera une date importante pour les acteurs de la French Tech Loire Valley, cette marque régionale destinée à mettre en avant les startups engagées dans le marché du numérique. Tous vont converger vers Orléans afin de signer une convention avec Orange. A l’origine, le texte aurait dû être paraphé le 18 novembre dernier lors du Congrès des Maires à Paris, mais les attentats du 13 novembre ont changé la donne. L’objectif affiché « favoriser l’émergence et le développement » des idées locales comme ça a déjà été fait avec Mac Fly (Tours) et Label Abeille (Orléans).

C’est la première fois que l’opérateur va signer un tel partenariat avec un territoire engagé dans une démarche de promotion et de valorisation de son tissu économique 2.0, du coup les élus ne boudent pas leur plaisir que le choix se soit porté vers Tours et Orléans malgré l’absence de label national French Tech pour notre territoire, le gouvernement ayant notamment préféré Angers en milieu d’année dernière. Mais grâce à un tissu économique et associatif dynamique, la French Tech Loire Valley ne s’est pas découragée.

Un Tourangeau VIP devant Emmanuel Macron

La palme de l’audace revient à Eric Suteau, un entrepreneur de Monnaie : il y a deux semaines, il était à Las Vegas pour le plus grand salon électronique du monde. 4 entreprises du Val de Loire y ont participé au total (sur 160 représentant l’hexagone), mais lui il était en vedette sur le stand national de la French Tech avec 21 autres structures, « 19 de Paris et 2 de Nantes », ce qui l’a placé sous les projecteurs des caméras et lui a valu un échange avec le ministre de l’économie Emmanuel Macron lors de sa visite sur place. « Les échecs me stimulent » nous raconte-t-il à son retour, encore un peu marqué par le décalage horaire et l’intensité du voyage. Apprenant la non-labellisation de la French-Tech Loire Valley il y a 6 mois, il a décidé de poser seul sa candidature pour sa société Design Screen qui commercialise des écrans pour vidéoprojecteurs ressemblant à des tableaux. Et il a été sélectionné.

Avoir une place VIP à Las Vegas est une chance mais aussi un lourd investissement pour une société de deux personnes. Il faut donc partir avec une valise de cartes de visite et les distribuer aux bonnes personnes en étant suffisamment bon pour qu’elles se souviennent de vous le jour où vous les recontacterez : « sur un tel événement, on noue des contacts, on se créé un réseau auprès des consommateurs, de la presse ou de fournisseurs. » Parmi les atouts d’Eric Suteau, son ancienneté : « j’ai créé Design Screen il y a tout juste dix ans. Auparavant j’étais responsable commercial et je faisais des réunions avec des vidéoprojecteurs. J’ai assisté à l’arrivée du DVD et je me suis dit qu’un jour les gens voudraient utiliser des vidéoprojecteurs pour visionner leurs films. Quand les premiers home-cinéma sont arrivés en 2004-2005 j’ai compris que j’avais vu juste. Que le seul frein à l’achat c’était d’avoir de la place pour mettre l’écran. Et ça, c’est la seule chose à laquelle les grands groupes n’avaient pas pensé, ce n’était pas leur problème. »

Une vitrine mondiale

Eric Suteau développe donc son concept : un écran fixé au mur, mais pas le genre qui se déroule du plafond. Il s’agira d’un produit fonctionnel et décoratif, capable de prendre l’aspect du tableau de son choix, « ou d’afficher le logo d’une entreprise pour un usage professionnel. » Il se lance alors dans la fabrication d’un prototype en faisant en sorte de ne trouver que des sous-traitants locaux (Tours, Montbazon, Amboise ou dans l’orléanais). 8 ans plus tard, le voilà prêt à commercialiser. Pile au début de la crise, et les magasins ne sont pas très ouverts à l’accueil de nouveaux produits dont ils doutent des débouchés. L’entrepreneur tourangeau prend alors le temps de développer son site de vente en ligne proposant par exemple de créer un écran sur-mesure : « c’est un produit haut de gamme, personnalisé, innovant avec des brevets et compatible avec la 3D et le 4k. » Aux Etats-Unis, son argumentaire fait mouche : « j’ai eu des reportages sur les télévisions américaines, sur Canal+ ou dans le magazine Challenges. »

La fierté d’Eric Suteau après ce long week-end dans un salon « grand comme 20 fois le Mondial de l’Automobile de Paris » : « avoir montré que la France sait innover. Ce salon m’a offert une visibilité immédiate, notamment au niveau local. » Et cet ancrage local, il en a joué : « une personne sur deux savait ce qu’était la Loire Valley. » Du coup, il est persuadé que pour décoller, la French Tech qui réunit Tours et Orléans doit s’appuyer sur son patrimoine historique et son potentiel touristique : « les Châteaux de la Loire, c’est l’art de vivre à la française. On a une carte à jouer si on modernise la façon de les visiter, avec de l’interactivité. Si on réussit ça avec nos châteaux, ça tirera toute l’économie derrière. »

Partageant la même analyse, de nombreuses structures locales se sont déjà lancées sur ce créneau, d’autant que le dernier start-up week-end de Tours (dont l’objectif est de créer un concept novateur en deux jours) était exclusivement consacré au tourisme. Mais sur le terrain, les audacieux peinent encore à se faire une véritable place. Pourquoi ? Eric Suteau a sa petite idée : « En Allemagne, ils jouent collectif. Les grands groupes soutiennent les start-ups ce qui ne se fait pas encore assez en France du coup les gens qui ont des idées innovantes n’ont pas de relais financiers et seuls ils ne peuvent rien faire. » Le deal avec Orange sera peut-être la première pierre d’un nouveau château, connecté et évolutif. Il y a ici tout un réseau de bosseurs qui n’attend que ça.

Olivier COLLET

Insolite : la petite histoire du badge French Tech Loire Valley d’Emmanuel Macron

Début janvier, l’image fait le tour des réseaux tourangeaux : le ministre de l’économie Emmanuel Macron est passé sur TF1 avec un badge « French Tech Loire Valley » sur la veste. Juste derrière lui, on aperçoit l’adjoint au maire de Tours Thibault Coulon (parti là-bas à titre indépendant) plutôt fier de son coup : « croyez-moi, ce détail n’a pas échappé aux autres villes French Tech qui ont obtenu le label national. » Au-delà du symbole, l’élu a pu discuter avec le représentant du gouvernement (dont il salue les analyses et le franc-parler) afin de faire avancer le dossier French Tech Loire Valley qui pourrait bien désormais être reconsidéré à Paris.

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