« Mon souvenir de 2015 » : Olivier Collet

Notre journaliste raconte lui aussi son année.

Depuis deux semaines maintenant sur Info-Tours.fr, vous découvrez les écrits de personnalités tourangelles qui nous ont fait part de leurs souvenirs marquants de cette année 2015. Si je n’ai pas pour coutume d’employer la première personne du singulier, je vais à mon tour m’employer à cet exercice.

De 2015, je retiens le silence. Ce silence qu’il a trop souvent fallu respecter pour marquer notre peine, notre respect, suite à des drames qui ont ébranlé la Nation ou la Touraine. Je suis incapable de dire exactement à combien de minutes de silence j’ai participé cette année. Je sais juste que ça a commencé dès le soir du 7 janvier, quelques heures après les attentats contre Charlie Hebdo et alors même que les événements de Montrouge et de l’Hyper Cacher n’avaient pas encore eu lieu. Nous étions là, en silence, devant l’Hôtel de Ville de Tours. Mon stylo a noté l’émotion, puis le bruit des applaudissements à l’adresse de Charb et de ses amis tombés sous les balles des Kouachi. Du bruit pour répondre au silence que les terroristes ont imposé à des trublions essentiels à la société. Le 8 janvier à midi, nous avons recommencé. Presque au même endroit, avec cette fois la douleur supplémentaire de la mort d’une jeune policière municipale. Et puis il y a eu le 11 janvier, et cette marche blanche sous un Soleil d’hiver qui semblait nous dire qu’il fallait garder espoir. Que nous n’étions pas si nombreux dans la rue pour rien.

Pourtant, il y a eu d’autres silences. Celui que j’ai fait respecter à mon portable le 13 novembre au soir. Malgré mon anniversaire. C’est ainsi que je me suis endormi sans voir le message de cette amie parisienne qui me prévenait du pire. Du coup j’ai passé une excellente nuit. Beaucoup mieux que si j’avais su. Mais au réveil je n’ai pas eu de mots. Muré dans le silence, scotché aux nouvelles. Puis je suis sorti. J’avais besoin d’entendre Tours respirer alors qu’une bande de fous avait voulu couper le souffle à Paris, cette ville où j’ai personnellement tant de souvenirs. Alors quand le lundi midi il a de nouveau fallu se taire au son de la sirène, c’était un moment fort. J’observais ces visages meurtris, pensifs. Là, on a tous compris que ce genre d’instant pouvait nous saisir dans notre routine sans crier gare et de plus en plus fréquemment.

Je me remémore aussi d’autres silences. Suite aux inondations meurtrières dans le Sud en amont d’un match de handball. Ou en mémoire de Jean Germain, ancien maire ayant fait le choix de mourir pour ne pas avoir à parler devant les juges et de Michel Le Du, conseiller municipal emporté par la maladie. Deux hommages rendus le même jour lors d’un conseil municipal. Ce jour-là aussi il faisait beau. C’était mercredi. Alors que nous étions debout sans un bruit, dans toute la ville, les enfants devaient profiter de leur liberté avec force rires et cris de joie, Je me souviens d’ailleurs que quand j’étais petit, je n’étais pas très doué pour jouer au Roi du Silence. Je crois que c’est dans ma nature et finalement dans celle de la France : nous devons continuer à nous faire entendre.

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