« Mon souvenir de 2015 » : Anais Andos

Parole à une blogueuse tourangelle.

L’année s’achève et elle fut forte en actualités, en Touraine comme à l’échelle de la France et du monde. Pour changer des rétrospectives habituelles, Info-Tours.fr donne la parole aux témoins tourangeaux de l’information. Qu’ils soient issus du monde de la politique, de la culture ou de l’économie, ce sont des personnes que nous avons croisé sur notre chemin à un moment ou à un autre : lors d’un portrait, d’une manifestation ou d’un spectacle. Nous leur avons laissé une liberté totale dans le choix du sujet et de la forme à donner à leur texte. Cette série est l’occasion de voir ce qu’ils retiendront de 2015…

 

« Lorsque l’on m’a proposé de partager un de mes souvenirs de l’année qui vient de s’écouler, j’ai immédiatement accepté. Ecrire, raconter ; c’est ce que j’aime faire. J’ai le sentiment de vivre plus fort lorsque je dépose mes mots sur le papier. Tout prend sens ; tout devient évident… J’ai donc choisi de raconter le très beau voyage que j’ai eu la chance de faire il y a quelques mois, à Istanbul. Je voulais dire en cette fin d’année un peu terne, mitigée et essoufflée, à quel point nous sommes profondément les mêmes. Derrière nos traditions et nos vies qui s’enfuient à la vitesse d’une étoile filante, nous sommes ceux qui respirent, qui vivent. Dix jours à Istanbul et tout prend sens ; tout devient évident…

Tout devient évident, comme la beauté de Sainte-Sophie qui surplombe la ville et dont la majesté des contours traversait la pollution d’un ciel d’été pour s’imposer à ma vue comme un souvenir indélébile. C’était en mai dernier. Après quelques heures au-dessus d’un ciel de coton qui ne connaît aucune frontière, je posais les pieds en Turquie pour la première fois de ma vie.

Très vite, nous nous sommes retrouvés pris dans l’effervescence de la ville, au cœur du bruit, du bouillonnement et de l’agitation nocturne. Il était tard mais, là-bas, la vie semble ne jamais s’arrêter. C’est très séduisant, rassurant et épuisant ! Le bruit des voitures, des bateaux,  des klaxons et aussi des camions qui diffusent sans s’arrêter les musiques de chaque candidat aux élections. Le bruit des gens qui se retrouvent tout simplement pour parler, manger, vivre !

Le premier soir, nous avons retrouvé deux amies qui vivaient à Istanbul le temps d’une année Erasmus. Elles connaissaient bien la ville et avaient appris au fur et à mesure les us et coutumes. Elles connaissaient aussi quelques mots de base qu’elles nous récitèrent et qui allaient nous servir tout le reste du séjour.  « Bonjour, s’il vous plaît, merci, boire, manger, poulet, thé… » Mais pour cette première soirée, nous nous sommes laissés porter. Autour de la table d’un petit restaurant comme il en existe par milliers, nous les avons écoutées nous raconter la vie stambouliote tout en laissant naturellement nos cinq sens s’en imprégner doucement…

Je voyais…les rues bondées autour, les visages radieux de mes amies, les enfants pieds nus qui s’arrêtaient devant notre table en terrasse pour mendier. J’entendais…l’une de mes amies nous dire qu’ils allaient partir si on ne les regarde pas. Un peu plus tard, je m’étonnais tristement de la vitesse à laquelle on peut s’habituer à voir l’impensable. Je sentais…la bonne odeur du poisson que j’avais commandé et des crudités qui l’accompagnaient. Je goûtais…à ces aliments qui, juste parce que je les mangeais en terrasse un beau soir de mai à Istanbul, n’avaient pas le même goût que d’habitude. Je touchais…cette table, cette chaise et, du bout des doigts, cette valise dans laquelle j’avais emmené le peu de choses qui me rappelaient que, le matin même, j’étais encore dans les rues de Tours.

Je vivais, vraiment.

Je repense souvent à ce séjour aux mille saveurs et couleurs. Je suis triste lorsque je vois l’image que ce beau pays renvoie aujourd’hui. Bien sûr, il n’est pas parfait. Mais qui l’est ? Je suis triste que malgré toute sa richesse et sa diversité, on le réduise désormais à un carrefour du mal ; car les visages que j’ai croisés là-bas il y a seulement sept mois étaient simplement bienveillants. J’ai vu la pauvreté, la religion, le tourisme, la pollution, les traditions, la modernité, l’histoire et l’art… Mais la bêtise qui a tendance à inonder le monde ces derniers temps était, elle, totalement absente de ces regards chaleureux dans lesquels j’ai plongé.

Si je souhaitais partager ce souvenir, c’est pour que la majorité ne soit pas oubliée. Ce souvenir doit continuer à vivre comme une réalité. Les voyages sont une chance merveilleuse de découvrir le monde et d’ouvrir notre  esprit à l’autre, à la différence. Et quel plaisir c’était de découvrir cet univers, à la fois si différent et si familier, si loin et pourtant si proche ! Quelle douceur, quel bonheur c’était d’apprendre à connaître le monde en se mêlant aux cœurs qui font battre celui de cette illustre ville… »

https://lemondedemesmots.wordpress.com/

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