La boutique de créateurs de la Rue Blaise Pascal propose une collection d’une cinquantaine d’œuvres aux lignes féminines et naturelles.
Installée depuis quatre ans entre la gare de Tours et le Sanitas au 61 Rue Blaise Pascal, Anne Fresneau n’a pas seulement une boutique de créateurs proposant au choix vêtements, déco, jouets, bijoux ou petites œuvres à adopter. Non, pour ses clients téméraires, elle dispose d’une arrière-boutique bien plus grande que la surface de vente, transformée en lieu d’exposition à l’année pour qui poussera la porte. Trois salles dont une bien grande et sous verrière qui pourrait bientôt se transformer en salon de thé où il ferait bon disserter sur les artistes et leur travail…
D’ailleurs en ce moment, les amateurs d’art ont du boulot chez Nanza : pas moins de 7 artistes invités pour les fêtes, jusqu’au 16 janvier. Chaque année Anne Fresneau organise comme cela une exposition collective, au gré des rencontres et des coups de cœur, avec des Tourangeaux ou des mains habiles venues d’ailleurs. En ce moment s’affichent donc une cinquantaine d’œuvres, moins celles qui ont déjà été vendues. Les univers présentés étant bien différents, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets, de 25€ la photo à 1 000€ la sculpture en passant par des peintures à 40€ ou 250€.
L’art accessible à tous, voilà donc la philosophie par ici. L’art arrangé aussi. Après un bon après-midi de réflexion, voilà l’harmonie trouvée entre tous les styles. Au final, beaucoup de femmes. Peintes sur du carton, en dessins presque érotiques ou fantaisistes. Des paysages aussi. Sombres sans être lugubres. Et du rouge, et des petits formats, et ce chat sculpté qui vous regarde malicieusement sans se soucier du (vrai) chien qui dort dans son panier (où est-ce l’inverse ?). « C’est une exposition que l’on ne peut pas regarder dans sa globalité, il faut voir les œuvres une par une » explique la commerçante-galeriste-tête chercheuse de talents. Alors on chemine, avec un regard curieux. On s’arrête ici, on revient là, on repasse par ce coin, on effleure du doigt, on touche des yeux, on goûte le travail.
Mais de qui parle-t-on au juste ? Sarra Monjal, Gil K.D, Mick Bulle, Grégory Cortecero, Karine Krynicki, Christine Ramat et Yvette Kulwibowski (à gauche sur la photo, avec Anne). Née d’un père polonais mais tourangelle parmi les tourangelles (son atelier est à Tours Nord), elle peint des femmes. Leur visage, toujours identique, peut sembler inexpressif, « mais leurs yeux sont prêts à s’ouvrir ». Leur corps, en perpétuel mouvement, parle et dévoile un univers : espiègle, sensible, aventurier. Comme Anne Fresneau voulait entre autres des créations accessibles, Yvette Kulwibowski a ressorti ses cartons pour peindre dessus. Il y en a 7. Aussi loin qu’elle se souvienne, la peintre a toujours dessiné des femmes. Même sur les bancs de l’école. Elle leur donne des petits noms, tous se terminent en A (parce que c’est la première lettre de l’alphabet). Ne cherchez pas forcément à tout expliquer, « ces femmes ne sont pas académiques. » On s’en doutait un peu, mais ça fait plaisir de l’entendre.
Olivier COLLET