Les Tourangeaux ont échangé leurs premières impressions après le carnage dans la capitale…
Un réveil difficile. Un peu comme une gueule de bois. Informés hier soir ou ce matin en se levant, les Tourangeaux habitués du marché de Beaujardin en venaient évidemment vite à parler des attentats de Paris. Quand vendredi soir, 8 terroristes ont fait plus de 120 victimes et encore bien plus de blessés en différents endroits de la capitale.
Les conversations s’engagent. Entre clients ou avec les commerçants. On échange les informations, on fait état de son incompréhension, de sa tristesse, de sa douleur, de sa révolte… Il y a la peur aussi : “j’ai appelé tous mes amis à Paris dès ce matin, c’est bon, ils vont bien” se rassure une dame. “Les grands magasins, les spectacles… Les gens ne vont plus oser y aller…” s’inquiète un homme qui parle à une retraitée. Celle-ci lui répond alors que la mise en place de l’état d’urgence ça lui rappelle “l’époque de la guerre d’Algérie” quand le gouvernement avait plusieurs fois usé de la mesure.
En fonction de sa sensibilité, chacun retient un détail, un témoignage dans le flot d’informations entendu : les propos des rescapés du Bataclan, les images des blessés, le bruit des explosions aux abords du Stade de France. Sur un coin de la place, un groupe de militants politiques discute discrètement. Ils auraient dû tracter dans le cadre de la campagne des élections régionales mais elle a été suspendue face à l’ampleur de la catastrophe.
Pourtant la politique n’est jamais loin sur ce marché. Ou plutôt la polémique, pourtant stérile à chaud, et alors que l’on ne dispose que d’un échantillon d’informations. Certains dénoncent l’incompétence du gouvernement, l’idée de voter à l’extrême droite s’exprime parfois à haute voix comme si c’était la solution miracle (sic). En tout cas les Tourangeaux avaient besoin de parler ce samedi matin, de sortir plutôt que de rester cloîtrés chez-eux. Car la Terre continue de tourner, la France doit rester forte et capable de surmonter ses épreuves. Elle doit le faire dans l’union et la paix, dans la mesure et la réflexion, avec envie et ambition. Après ces attentats, parlons, pleurons, réfléchissons, débattons… Mais faisons-le avec raison et respect. Ne laissons pas la démagogie facile profiter de la situation.
Olivier COLLET