Jean-Patrick Gille monte sur le ring

Le député de Tours va passer la fin de l’année en campagne pour les régionales et il va mener la liste du PS en Touraine. En première ligne en cas de victoire, il le sera aussi en cas de défaite. Une lourde responsabilité qu’il assume. Il se dit prêt et détaille son plan.

Jean-Patrick Gille est un politique-boxeur adroit. L’élu tourangeau a toujours une petite phrase assassine à lancer l’air de rien, si bien qu’on pourrait presque passer à côté si on ne l’écoute pas bien attentivement. Mais il le fait avec parcimonie, au détour d’une réponse argumentée. Et en insistant un peu, comme quand il parle de « renards de la politique à droite » puis ajoute : « ça, c’est pour Guillaume Peltier », son adversaire principal pour la campagne des élections régionales des 6 et 13 décembre en Centre-Val de Loire. Le socialiste y jouera l’un des premiers rôles sachant très bien qu’il n’est pas dans le camp des favoris. Quasi assuré d’être élu, il veut néanmoins l’être la tête haute. En évitant de ridiculiser le PS qui a subi trop de crises à son goût… Une longue croisade avant la Renaissance ?

Son engagement dans la campagne des régionales des 6 et 13 décembre en Centre-Val de Loire :

« Au départ, je n’avais pas prévu d’être la tête de liste du Parti Socialiste en Indre-et-Loire. On pensait que la ministre de la santé Marisol Touraine irait. Mais ça ne s’est pas fait. Alors François Bonneau est venu me voir. Il voulait quelqu’un de Tours ou de l’agglomération et d’un peu connu. J’ai finalement accepté parce que j’aime bien la collectivité régionale, c’est une collectivité intéressante. Elle porte la jeunesse, l’avenir. Oui nous ne sommes pas favoris. Mais dans ces circonstances là, soit vous vous dîtes ‘j’arrête tout’, soit ‘faut pas lâcher’. Je suis un militant politique et je crois pouvoir être moteur. Ca me coûte un peu parce que cela va m’obliger à quitter le conseil municipal de Tours où je suis élu depuis 20 ans. J’entends aussi ceux qui disent que c’est une façon de m’assurer un mandat électoral six ans de plus si je perds mon siège de député en 2017. Mais ce n’est pas mon raisonnement. Je considère qu’il faut faire face à la droite et à son idée que, suite aux échecs de ces derniers mois, la gauche est en plein chaos »

Une élection compliquée à cause des échecs aux municipales et aux départementales ainsi qu’au contexte national :

« Si on regarde bien, en 1993, on était dans la même situation. En Touraine, il ne restait que 3 conseillers généraux. Puis on a tout gagné pendant 20 ans. Aujourd’hui c’est la fin de ce cycle. C’est douloureux. Mais je considère qu’il faut mettre le pied à l’étrier à une nouvelle génération, ne pas faire le pari de la défaite. Certains ont été tentés par cette position. Tout perdre et repartir de zéro pour mieux gagner ensuite. Mais il ne faut jamais faire la politique du pire et toujours défendre ses idées et ses convictions. »

L’isolement des socialistes :

« Je suis un obsédé du rassemblement. Nous avons signé un accord avec le Parti Radical de Gauche. C’est quasiment fait avec le Front Démocrate et Pierre Commandeur (conseiller municipal à Tours et ex-Modem, ndlr) sera vraisemblablement sur la liste. J’aimerais aussi un rassemblement avec les Verts. Et je ne désespère pas même si ils ont préféré se calquer sur les décisions nationales… Il se fera de toute façon au second tour »

La campagne :

« On est fiers de notre région. C’est une collectivité qui prépare l’avenir. Elle s’occupe du développement économique, de l’éducation, de la formation… Nous n’avons pas fusionné avec une autre région. Ca peut être vu comme un handicap mais c’est un atout car contrairement aux autres nous n’aurons pas de problème de mise en route. Nous pourrons tout de suite passer à la réalisation de nos projets. La première priorité c’est la jeunesse. Oui, comme François Hollande. Même si parfois il ne le montre pas assez à mon goût. »

Guillaume Peliter (Les Républicains) et Philippe Vigier (UDI), ses principaux adversaires :

« Guillaume Peltier je le connais bien pour l’avoir battu. Philippe Vigier, je le croise à l’assemblée. C’est un agitateur, il est sur tous les sujets. Ce qui m’interroge c’est l’alliage des deux. C’est habile, en tout cas c’est ce qu’ils essaient de nous vendre. Mais entre nous, je ne vois pas comment tous les deux peuvent être vraiment d’accord, il va forcément y avoir des tensions. Même si Philippe Vigier n’est pas le plus centriste des centristes, Guillaume Peltier est sur des positions radicales. C’est une sorte de ‘coucou’ de la droite extrême chez Les Républicains. Il va par ailleurs falloir suivre de près ses démêlés judiciaires. Il n’est pas sorti d’affaire, loin de là. »

Le programme, les enjeux :

« Pour l’instant on ne peut pas dire sur quoi cette élection va se jouer. Même si la droite ne peut pas le reconnaître, tout le monde admet que le bilan de François Bonneau est bon. Je sais bien qu’on ne gagne pas sur un bilan mais il a de solides atouts. C’est un président citoyen, authentique qui gagne à être connu. Quand il parle aux gens, il ne leur fait pas à la Chirac en leur disant ce qu’ils veulent entendre. Et puis il est très à l’écoute et très présent sur le terrain à l’écoute; il vient par exemple à Tours toutes les semaines. La région c’est la collectivité qui prépare l’avenir et donc les enjeux sont : la jeunesse, l’articulation formation, recherche, emploi en vue du développement économique et culturel des territoires

Le CEA de Monts :

« Je ne cache pas ma satisfaction car j’ai été très présent dans ce dossier. J’ai notamment envoyé une lettre (pas très sympathique) à François Hollande. Ensuite on n’a rien lâché. A un moment on a commencé à parler de l’obtention de contreparties à cause de la fermeture. Moi je ne voulais pas. Et au final ce que l’on obtient ce n’est pas le report du déménagement mais son annulation. La détermination des salariés et la résistance organisée de l’ensemble des élus sans que personne ne tire la couverture à soi a payé. On a notamment expliqué que, pour l’Aquitaine, c’était un petit avantage. Alors qu’en Touraine ça mettait notre attractivité en l’air et notre économie par terre. On a aussi argué que ce n’était pas bon de regrouper toutes ces activités sensibles. Que c’était justement pour éviter cela que le CEA avait été organisé sur plusieurs sites. Et ça semble avoir fait mouche… »

La nouvelle politique menée à Tours, dans son agglo et au département depuis les victoires de la droite :

« Si on était restés avec Jean Germain, la décision d’une deuxième ligne de tram à Tours aurait déjà été prise. Là, les nouvelles équipes tergiversent. Ce n’est pas bon. Il est déjà trop tard pour une réalisation dans le mandat. Serge Babary ou Philippe Briand font du sur place. Ca va devenir un problème. Au département, il ne se passe rien. Les décisions ne sortent pas et ça va avoir des incidences économiques négatives.

Le contexte politique national :

« La gauche doit se rassembler. Je me bats toujours contre ceux qui ont une volonté d’exclusion des autres. Par exemple, Jean-Luc Mélenchon. Il est brillant mais tenté par un côté populiste décevant. »

« J’ai parfois été critique envers la politique du gouvernement ces derniers mois, j’ai notamment voté contre la loi renseignement, mais je ne me considère pas dans la fronde. Ca n’apporte rien. Je ne tire pas contre mon camp. La tentation est facile, car on intéresse alors plus les médias. Moi je suis dans un processus de dialogue avec le gouvernement. Mais j’ai des objectifs fermes comme la réforme fiscale sur laquelle il ne faut pas renoncer.

François Hollande :

« La question de sa candidature en 2017 peut-être posée. Je pense que les choix qu’il fait sont ceux qu’il croit bons pour le pays. Certes on peut dire qu’il y a un problème François Hollande, mais pour moi c’est surtout un problème autour de nos institutions trop tournées vers le président. Il faut un régime plus collectif. »

Jean Germain, cinq mois après son suicide :

« Ca a heurté, choqué, interrogé dans le monde politique. Et on en parle encore. Cependant, nous essayons d’être fidèles à son image. Il n’aurait pas voulu que l’on ressasse. Je m’en veux car je pense que l’on n’a pas su le protéger suffisamment des attaques car on était habitué à ce que ce soit lui qui nous protège, nous accompagne . Franchement, avec d’autres, on s’est posé la question d’arrêter la politique. Mais non. Au contraire, c’est en y mettant deux fois plus de détermination que nous restons fidèles à sa mémoire et à nos idéaux. »

Propos recueillis par Olivier COLLET

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