Quand elle a commencé sa vie professionnelle Pauline Caraballe a hésité entre deux cursus : la mécanique parce qu’elle aime bien se salir les mains et bricoler. Ou alors se lancer en tant que monitrice éducatrice. Elle a choisi la deuxième option et a donc commencé à travailler pour les services de la protection de l’enfance mais aussi auprès de personnes réfugiées ou handicapées. Un travail passionnant mais finalement lassant entre le manque de moyens ou les difficultés à faire aboutir des projets à cause des contraintes de la hiérarchie.
La jeune femme a fini par quitter son poste pour partir en voyage en Amérique du Sud, faire du wwoofing auprès d’exploitations agricoles françaises… puis se former en mécanique vélo avant de rejoindre le magasin Cyclable de Tours. Une expérience qui lui donne toutes les billes nécessaires pour créer son entreprise : La Ptite Boucle.
L’idée : se balader en camion pour proposer des services à la carte comme de la réparation de vélo, de l’entretien ou des cours (pour les enfants ayant tout juste l’âge de se passer des roulettes ou les grands qui craignent de ne pas avoir assez d’équilibre ou de mal gérer la circulation en ville). Pauline souhaite aussi intervenir dans les écoles, les centres de loisirs ou les IME afin de poursuivre son travail social auprès des jeunes.
“Je bricolais déjà des vélos sur mes précédents postes. Par exemple avec les mineurs isolés. Souvent ils n’ont que ce moyen de transport pour aller en apprentissage et pour leurs autres déplacements. Ce sont souvent des vélos dans un état lamentable alors je proposais de leur redonner un coup de neuf puis on faisait des randos.”
Et pour les particuliers, Pauline compte faire en sorte qu’ils apprennent “à être autonomes dans l’entretien de leur vélo”.
“Quand on n’a pas le pied dedans on ne se rend pas compte à quel point c’est hyper important de huiler sa chaîne, de gonfler ses pneus régulièrement avec la bonne pression… Ça fait la différence et rares sont les personnes qui le font. Parfois les gens dépensent des sommes incroyables pour la réparation parce qu’elles n’ont pas fait les bons gestes. Par exemple ma sœur qui connait mon parcours est venue me voir parce qu’elle n’arrête pas de crever. Son vélo c’était une cata !”
A noter que l’entrepreneuse va aussi récupérer des vélos pour les retaper pour contrer les arnaques du net : “Ça me rend dingue de voir des gens qui achètent des vélos pas du tout sécuritaires.”
L’activité de la société débutera en février avec notamment une permanence chaque dimanche sur le marché Rabelais à Tours. Reste à trouver le camion (une campagne de financement participatif est en cours). Un projet à l’écho féministe : “A Cyclable j’étais la seule mécanicienne. A partir du moment où on fait ses preuves ça va mais c’était rigolo de voir les réactions. Par exemple celles des femmes. En faisant des remarques elles veulent être solidaires mais ça montre que ce n’est pas encore habituel et c’est dommage.”
Olivier Collet