Rover : du rock à l’ancienne taillé pour 2016

Nommé aux Victoires de la Musique, l’auteur-compositeur-interprète sera au Temps Machine de Joué-lès-Tours le 28 janvier, sa première date par ici. Interview.

Écouter un album de Rover c’est comme s’envelopper dans un nuage et se laisser porter par les vents. L’artiste breton joue avec sa voix comme peu de Français savent le faire, les sons sont bruts et relaxants, le rock est fusionnel et addictif et les refrains sonnent comme un réveil câlin… Avec son deuxième album Let it Glow qui succède à un disque éponyme sorti en 2012, il se prépare à repartir sur les routes jusqu’à plus soif. On a pris le temps d’en parler un peu avec lui…

Vous avez entamé l’écriture de votre deuxième album Let it Glow juste après la fin de votre première tournée, l’inspiration est venue tout de suite ?

En accord avec le tourneur j’ai voulu mettre une date butoir aux concerts parce que l’inspiration me démangeait. J’avais des chansons et des idées en tête et j’avais envie de passer au chapitre 2. Sauf que je suis incapable d’écrire sur la route. Je suis de l’ancienne école : j’ai besoin de composer seul, en silence, avec rigueur. J’avais aussi besoin de faire le deuil de Rover. De fermer un premier tome en fin de compte. J’étais assez content des explorations permises par ce disque, de l’avoir réinventé sur scène. Mais il faut savoir y mettre un terme.

Vous aviez immédiatement été remarqué par la critique en 2012, ça vous a mis une pression supplémentaire pour la suite ?

Oui mais je l’ai tout de suite transformé en quelque chose de positif : quelle chance d’être attendu, d’avoir un public qui aime ta musique ! En fait, tout ce qui pourrait me freiner j’essaie de m’en nourrir. Par exemple pour la réalisation de ce deuxième album j’ai ouvert la porte à l’un de mes musiciens, Arnaud, le batteur, fidèle tout au long de la tournée. Pour moi qui compose seul c’était un défi d’accepter quelqu’un dans mon intimité.

Le son est très pur, c’est dû à votre travail en analogique ? Vous pouvez nous raconter l’enregistrement de ce disque ?

Ca s’est fait dans un studio extraordinaire, en Bretagne. J’y ai fait les chansons qui me venaient. Elles sont dans un sillon cohérent avec le premier album même s’il y a une forme d’évolution dans le lâcher-prise. Il y a plein d’accidents, de surprises. Ce n’est pas par snobisme mais cela me sied parfaitement. On a travaillé avec des machines analogiques, réactives aux intempéries. Alors l’enregistrement devient presque un binôme avec la machine. Je ne suis pas contre les ordinateurs mais pour la musique que je veux faire l’analogique c’est un gain de temps absolu pour moi. Il faut alors en accepter les défauts et les imperfections. Mais ils ont un charme fou ! C’est ce qui me plait le plus, ces moments de vie, que l’on ne peut pas reproduire. La voix du matin, celle du soir, la position face à l’instrument… C’est rare et précieux, la photographie d’un moment M.

Vous venez de commencer votre tournée, à quoi doit-on s’attendre sur scène ?

J’ai envie de savourer encore plus. Lors de la première tournée j’ai enchaîné les événements, c’était un tourbillon. Là j’ai pris du recul et j’ai la volonté d’être encore plus en phase avec moi-même. Chaque date sera unique, chaque moment savouré pleinement.

Vous avez beaucoup voyagé dans votre jeunesse, en dehors des tournées vous continuez à le faire ? C’est important pour l’inspiration ?

C’est une nourriture, un peu un virus. Notamment grâce au métier de mon père (pilote, ndlr). C’est une chance de pouvoir voyager, on devrait tous avoir l’obligation de partir un an en voyage. Ca permet de recharger les batteries, d’enlever certaines angoisses de l’autre et c’est sans fin comme inspiration. Récemment j’ai été à Bruxelles, Berlin ou en Angleterre. Et même quelques jours à New-York pour y tourner le clip de Some Needs, le premier morceau de l’album.

Vous parlez souvent de David Bowie en interview, comment avez-vous ressenti son décès ? Comment recevez-vous son dernier album ?

C’est un deuil. On perd un artiste très influent au-delà de la musique. Je ne me sens pas apte à dire des banalités sur le génie de David Bowie et le manque qu’il va créer donc je me suis peu exprimé. J’observe cependant que c’est un artiste jusque dans sa manière de partir. J’ai appris la nouvelle avec un sourire en coin, pas un sourire moqueur mais de respect. Je ne sais pas s’il est exemplaire mais en tout cas il est très inspirant, il assumait ses échecs et savait s’arrêter. Son dernier album est brillant, il est revenu avec une audace fantastique, il était encore visionnaire.

Vous êtes nommés dans la catégorie Album Rock de l’année aux Victoires de la Musique. Dans une cérémonie où les artistes mainstream sont sur représentés, vous apparaissez presque comme un OVNI…

C’est l’histoire de ma vie ça (rires). Je le prends comme quelque chose de presque psychédélique. Et je suis même plus ému que la dernière fois. En fait j’aime bien ce mélange : ça montre que la France est un pays tolérant. Et puis symboliquement, la catégorie de l’album rock c’est la plus belle.

Propos recueillis par Olivier COLLET

Rover au Temps Machine de Joué-lès-Tours le 28 janvier 2016.

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