Dès mardi 27 juin, la mort du jeune Nahel à Nanterre a entraîné d’intenses mouvements de violences partout en France. L’Indre-et-Loire n’a pas été épargnée avec une première nuit chaude mercredi puis une seconde avec dégâts encore plus importants jeudi. Ce sont plusieurs dizaines de jeunes, voire plusieurs centaines d’individus qui sont descendus dans les rues pour casser ou s’en prendre à des symboles de l’Etat.
Le bilan de la préfecture fait état de 31 voitures détruites dans la nuit de jeudi à vendredi ; 2 bus calcinés ; le centre commercial de la Rabière incendié à Joué-lès-Tours ; le Super U du Beffroi et le Lidl du Sanitas vandalisés à Tours ; une boulangerie et un notaire au chômage technique à La Riche, une pharmacie, un bar-tabac attaqués à St-Pierre-des-Corps ainsi qu’un gymnase, le hall d’un espace culturel et un cabinet médical ; une salle polyvalente à Amboise. Les mairies de La Riche, St-Pierre-des-Corps et Joué-lès-Tours ont été attaquées et ont dû être protégées par les forces de l’ordre.
Pompiers et forces de l’ordre ont souvent été pris à partie et visés à coups de projectiles. Le préfet Patrice Latron évoque « des guet-apens et des embuscades, avec des feux allumés pour les attirer ».
Le GIGN et des drones mobilisés ce vendredi soir
Les services de l’Etat annoncent 13 interpellations dont 3 mineurs. 3 personnes ont été blessées dont un émeutier à La Riche. Il pourrait perdre un œil. Une enquête est en cours pour savoir d’où vient le projectile qui l’a touché (tir de mortier ou tir des forces de l’ordre). Une journaliste de TV Tours a été agressée et sa caméra brisée Place de la Liberté (la chaîne porte plainte). La voiture du maire de St-Pierre-des-Corps a été détruite sous ses yeux (attaque filmée et diffusée sur Twitter).
Pour faire face à ces événements d’une ampleur rare, et inédite ces dernières années en Touraine, les effectifs mobilisés ont été conséquents (avec par exemple 80 gendarmes en renfort hors de leur zone de compétence dans la Métropole de Tours). « On a fait ce qu’on a pu » déclare le préfet Patrice Latron qui assume avoir priorisé la protection des lieux symboles de l’Etat (mairies, commissariats), aux dépens parfois des commerces.
Ce vendredi soir la consigne sera la même mais le dispositif devrait être encore plus massif afin d’augmenter le potentiel de protection. Une compagnie de CRS de plusieurs dizaines d’hommes va rejoindre l’agglomération tourangelle. Le GIGN de Tours sera mobilisé avec la mission de réaliser des interpellations. L’hélicoptère de la gendarmerie doit survoler l’agglo avec son phare pour repérer les incidents. L’envol de drones est aussi autorisé jusqu’à dimanche soir 17h afin d’avoir des images aériennes de ce qui se passe.
A Amboise, la gendarmerie rappelle tous les effectifs possibles pour renforcer sa présence.
Mais la mesure la plus marquante c’est le couvre-feu imposé aux mineurs non accompagnés d’un adulte : sorties interdites de 22h à 6h jusqu’à lundi matin dans les 22 communes de Tours Métropole + Amboise.
A Tours, une manif du collectif Les Soulèvements de la Terre – récemment dissous par l’Etat – est interdite ce vendredi soir. L’idée de la préfecture est de ne pas mobiliser les forces de l’ordre sur des événements annexes pour se concentrer sur la gestion des violences redoutées. L’inspection d’académie a demandé aux écoles de stopper leurs fêtes à 19h à Tours. A St-Pierre-des-Corps le maire suspend les événements associatifs et scolaires jusqu’à nouvel ordre. Le maire de Joué-lès-Tours annule un déjeuner militant ce week-end « car je n’ai pas le cœur à faire la fête » souligne Frédéric Augis.
Cela dit, l’Etat ne donne pas de consigne générale sur ce point, appelant simplement les organisateurs à faire « profil bas ». De son côté, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Indre-et-Loire appelle les commerces à sécuriser leurs points de vente en dehors des horaires d’ouverture. A Tours, la ville demande aux bars de fermer à 20h. Ses sites sportifs couverts n’ouvriront pas après 17h tout au long du week-end. La marie et la bibliothèque des Fontaines seront fermées samedi.
Fil Bleu annonce un arrêt total des transports après 20h mais dans les faits les derniers départs de bus se feront entre 18h30 et 18h45 soit une arrivée au terminus aux environs de 19h30. La mesure pourrait être reconduite samedi et dimanche selon l’évolution de la situation.
Les services préfectoraux prévoient d’ores et déjà la mise en place d’une cellule de crise toute la soirée et dans la nuit afin de suivre les événements en direct. Les élus y seront invités. Le maire de Tours Emmanuel Denis a renouvelé son appel au calme invitant « à respecter les arrêtés mis en place ». « J’espère que les dispositifs mis en place permettront de sauver l’essentiel » dit le maire de La Riche Filipe Ferreira-Pousos. « Détruire le quartier où l’on vit n’est pas la solution » plaide pour sa part le maire de St-Pierre-des-Corps Emmanuel François.
Un point de situation sera disponible samedi en début de journée sur notre site.
Olivier Collet
