Un passionné d’histoire tourangelle vient de publier un livre sur les grandes catastrophes naturelles en Indre-et-Loire.
Saviez-vous qu’un gigantesque orage né à Loches en 1788 est parfois cité comme à l’origine de la révolution française parce qu’il a détruit toutes les réserves de blé ? Que suite à une inondation en 1856, un cheval a été retrouvé vivant in-extremis car il avait réussi à garder sa tête hors de l’eau en posant ses sabots sur une table ? Aviez-vous entendu dire que les oranges et les citrons de Touraine étaient à une époque considérés comme les meilleurs de France avant que les grands froids de 1608 et 1609 ne déciment les arbres ? Qu’il y a eu un jour 1m50 d’eau sur le Boulevard Heurteuloup ? Toutes ces anecdotes et bien d’autres sont à découvrir dans un recueil très bien documenté : Catastrophes naturelles en Touraine, quinze siècles de cataclysmes de James Derouet, un habitant de St-Pierre-des-Corps féru d’histoire et qui a passé 6 mois à fouiller dans les archives municipales et départementales pour écrire ce livre recensant les plus grands drames liés à la météo dans le département : « à ma connaissance, cela n’avait jamais été fait » nous dit-il.
Premier constat : l’auteur est remonté loin, jusqu’en 580, lorsqu’il cite Grégoire de Tours, le premier historien de la région. A l’époque, il racontait que des roses fleurissaient en janvier (oui, comme cette année). Ensuite il y a les écrits des paroisses ou des maires qui racontent les inondations, les cyclones, les orages, les éboulements et même les séismes, le plus puissant ayant été recensé à Ste-Maure-de-Touraine au XVIIème siècle. « De tout temps on a écrit sur les catastrophes naturelles. On trouvait par exemple des informations sur les avis de décès, quand on indiquait avoir enterré un défunt dans l’église parce que dehors le sol était trop froid par exemple » explique James Derouet.
Le pire siècle dans la région ce fut le XVIIIème : « j’y ai recensé une cinquantaine d’événements climatiques importants » nous signifie l’auteur qui a déjà réalisé une dizaine d’autres ouvrages sur la région. Force est de constater que malgré l’hiver 1956, la sécheresse de 1976, la canicule de 2003 ou la grêle de 2013, les temps récents semblent un peu plus cléments. Notamment parce que les caprices de la Loire et du Cher se font moins violents : « c’est le fait d’avoir construit des barrages… » suggère James Derouet qui recense les premiers grands chantiers destinés à éviter les sinistres d’ampleur à l’époque de Charlemagne et Louis XI. Ce qui n’a pas empêché les digues de rompre à plusieurs reprises ou le canal Loire-Cher d’être très vivement critiqué. Des éléments intéressants à avoir en tête alors que l’Etat engage actuellement un vaste plan de lutte contre les inondations, notamment sur l’agglomération de Tours.
Olivier COLLET
Catastrophes naturelles en Touraine de James Derouet aux éditions Feuillage.