Déchéance de nationalité : excédée, Marie-Pierre Lecuirot quitte le PRG37

L’ancienne élue de la majorité de Jean Germain ne supporte plus le fonctionnement du parti. Un départ dont la direction se félicite en ripostant vertement.

En Indre-et-Loire, le Parti Radical de Gauche est un parti discret mais influent. Discret car ses forces vives n’excèdent pas la trentaine de personnes, influent car sa présidente départementale Mélanie Fortier est une conseillère régionale reconnue et que son secrétaire général Dominique Nouet est un personnage important de la politique locale, souvent sur le terrain. Oui mais voilà, tout ne semble pas rose dans le fonctionnement de l’instance et ce mardi soir l’ancienne élue de la majorité de Jean Germain Marie-Pierre Lecuirot a transmis à la presse un communiqué rageur et assez inattendu pour annoncer qu’elle ne reprendrait pas sa carte dans un parti « qui ne sert plus aujourd’hui que de béquille à quelques-uns et de marchepied à d’autres et qui n’a finalement pour objectif que celui de conserver quelques places de prébendiers du régime. ».

Jointe ce mercredi, celle qui milite au PRG37 depuis 2003 n’est pas redescendue. Elle reproche à Mélanie Fortier ses propos soutenant l’inscription de la déchéance de nationalité dans la constitution : « il n’y a eu aucune consultation interne sur la position à adopter sur cette question » déplore Marie-Pierre Lecuirot qui s’oppose radicalement à cette mesure : « elle établit une hiérarchisation entre les citoyens. Et le fait de l’inscrire dans la constitution peut prêter à des interprétations, peut être exagéré. C’est la porte ouverte à des choses terribles. J’ai beaucoup d’amis qui ont la double nationalité et qui se sont sentis profondément atteints, c’est très violent. »

Le fait que tous les membres d’un parti ne s’accordent pas sur cette question sensible de la déchéance de nationalité n’est pas une première, y compris au niveau local. Au PS par exemple, Jean-Patrick Gille, Mohamed Moulay, Vincent Tison et de très nombreux autres élus tourangeaux ont pris leurs distances avec le gouvernement. Alors pourquoi Marie-Pierre Lecuirot utilise ce débat pour prendre définitivement ses distances avec le PRG37 qu’elle n’a même pas prévenu avant de transmettre son message aux journalistes ? « Ce n’est pas la première fois que de telles situations se produisent », nous explique-t-elle, « le fonctionnement du PRG37 est opaque et oligarchique. C’est donc la goutte d’eau qui fait déborder le vase. » Selon elle, cela fait depuis la campagne des municipales fin 2013 que le torchon brûle : « il y a des réunions auxquelles certains sont conviés et pas d’autres, un manque de débat sur la désignation des candidats ou des porte-parole… »

Dégoûtée des partis politiques en général, Marie-Pierre Lecuirot (candidate remplacante aux dernières départementales) n’envisage pas de rejoindre une autre formation dans l’immédiat, et surtout pas le PS. Néanmoins, elle veut toujours faire de la politique, « réfléchir, proposer, mais pas dans un cadre partisan. » Avec d’autres anciens élus, elle envisage la création d’un collectif. Ayant toujours le désir de se présenter à des élections, il va lui falloir trouver des partenaires, une équipe pour porter son message. Sauf qu’avec ce coup d’éclat, elle ne va pas se faire que des amis.

Olivier COLLET

EDIT 21h45 :

Attaquée comme tel, la direction du PRG37 ne pouvait pas vraiment rester silencieuse. Et son secrétaire général chargé de la communication Dominique Nouet a « sorti la kalachnikov » suite à ce coup d’éclat d’une militante qu’il méprise ouvertement : « politiquement c’est le néant, qui la connaissait ? Aux départementales elle était suppléante contre l’avis du PRG. Quand elle était à la direction du parti c’était un échec total. Pour les municipales de 2014, elle n’avait rien négocié avec Jean Germain donc le PRG n’a pas d’élu à la ville alors que le MoDem en a eu un, Pierre Commandeur. Marie-Pierre Lecuirot n’a aucune influence, ne porte aucun message politique. » Piqué à vif, il sort les dossiers : « elle a été entendue par la brigade financière dans l’affaire des mariages chinois. Elle s’est fait payer des voyages en Chine mais ne s’est jamais exprimée sur les droits de l’homme dans le pays. C’est juste une femme qui voulait être élue à n’importe quel prix et par tous les moyens. »

Sur le fond de cette affaire, si tant est qu’il y en ait une tant tout cela semble relever d’un différend durable et incurable, Dominique Nouet reconnait qu’il n’y a pas eu de débat sur la déchéance de nationalité « parce qu’il va avoir lieu ce jeudi » et note que en tant que membre du bureau, Marie-Pierre Lecuirot aurait pu en réclamer un « ce qu’elle n’a pas fait. » Au passage, le cadre du parti précise que Mélanie Fortier s’est exprimée en son nom puisque lui-même partage une position plus nuancée sur le projet gouvernemental. Alors Marie-Pierre Lecuirot cherchait-elle juste une porte de sortie la plus fracassante possible ? En tout cas ce mercredi, ses désormais ex-partenaires politiques se sentent soulagés sans elle et veulent regarder vers l’avenir à savoir la présentation d’un candidat aux législatives de 2017 et un objectif de 100 adhérents d’ici 3 ans.

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