« L’Indre-et-Loire n’est pas l’épicentre du terrorisme »

Le préfet du département et les différents représentants des autorités ont fait le point sur la mise en place de l’état d’urgence après les attentats de Paris.

C’est une semaine marathon qui s’achève pour les différents représentants de l’Etat en Touraine. Depuis les attentats de Paris vendredi dernier, services de la préfecture, police, gendarmerie et procureur de Tours enchaînent les réunions afin de coordonner le dispositif de sécurité dans le département. Si le préfet Louis Le Franc répète régulièrement qu’ici nous ne sommes pas en alerte attentat comme en région parisienne, cela n’empêche pas une vigilance accrue et une mobilisation de tous les instants. Un plan qui a été présenté aux différents élus ce vendredi matin « afin également de répondre à leurs nombreuses questions notamment sur l’organisation des manifestations. » En revanche, la préfecture n’a pas encore reçu de nouvelle demande d’armement de police municipale, « mais je ne dissuaderais pas les maires qui en feront » explique Louis Le Franc.

15 à 19 patrouilles de police mobilisées en permanence.

Autre phrase qui s’est souvent retrouvée dans la bouche du préfet ce vendredi : « la vie doit reprendre ses droits ». En clair, pas question d’annuler en masse des événements, « il ne faut pas que les communes s’autocensurent. » En revanche il convient d’adapter la sécurité, de restreindre les possibilités d’accès et de renforcer les contrôles des visiteurs notamment en leur demandant d’ouvrir leurs sacs : « à ce jour, nous n’avons pas eu de refus. C’est un dispositif qui rassure la population » complète Stéphane d’Hayer directeur départemental de la sécurité publique. Par ailleurs, les services de l’Etat appellent les maires à user de leur pouvoir de police pour leurs différentes manifestations, au besoin en demandant le renfort de sociétés privées « car nous ne pourrons pas déployer les forces de l’ordre partout. Il est important de ne pas disséminer les effectifs en cas de besoin. »

Depuis samedi dernier, policiers et gendarmes sont sur le terrain en permanence. Les congés sont suspendus et les services de renseignements au garde à vous : « selon les heures, nous avons entre 15 et 19 patrouilles dans notre zone » précise Stéphane d’Hayer, « soit entre 45 et 60 hommes sur le terrain » sans compter les officiers de police judiciaire mobilisés sur les enquêtes. En plus des équipes mobiles, une surveillance renforcée de plusieurs lieux sensibles a été organisée : outre la synagogue – protégée à chaque cérémonie depuis les attentats de janvier – les églises ou mosquées sont gardées par des agents lors des cultes. Des policiers en action aussi dans les gares, les centres commerciaux ou à l’aéroport de Tours où les contrôles des passagers qui arrivent et qui partent ont été relevés. Parmi les craintes de la police : les colis suspects, qui entraînent de fortes perturbations et parfois le déplacement de démineurs depuis la région parisienne.

Une quarantaine de Tourangeaux surveillés pour radicalisation

Autre volet de la mise en place de cet état d’urgence : le contrôle des routes. Dès samedi par exemple, « un filtrage de 24h a été organisé sur l’A10 alors que ces opérations ne durent que quelques heures en temps normal » nous indique le procureur Jean-Luc Beck. Les gendarmes ont également mis en place une surveillance particulière de la centrale nucléaire de Chinon. 700 militaires et 250 réservistes sont en intervention : « la difficulté, ça va être de maintenir ce dispositif dans la durée » précisent les autorités. Car la vigilance contre le terrorisme ne doit pas faire oublier les délits du quotidien comme les cambriolages ou les infractions au code de la route. « On arrivera à faire face si nous sommes tous mobilisés. Nous appelons donc les citoyens à faciliter le travail des forces de l’ordre notamment en nous signalant des comportements suspects. »

D’ailleurs, même si l’Indre-et-Loire n’est un « épicentre du terrorisme » comme le dit Louis Le Franc, « on a des clients très sérieux » explique le Colonel des gendarmes. C’est-à-dire des individus dont on soupçonne la radicalisation et qui sont potentiellement dangereux, ils seraient une quarantaine dans le département, en majorité dans l’agglomération de Tours. « Mais la difficulté vient aussi de ceux qui ne sont pas fichés. L’homme qui a attaqué des policiers à Joué-lès-Tours le 20 décembre 2014 faisait partie de ceux-là » et suite à son acte, c’est le parquet antiterroriste de Paris qui avait repris le dossier : « parfois, des individus se radicalisent en trois mois. » Dans les prochains jours ou semaines, il faut donc s’attendre à des perquisitions administratives ou des assignations à résidence à titre conservatoire : « j’ai déjà fait des demandes » précise Louis Le Franc.

Olivier COLLET

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