Emeutes en banlieue : 10 ans après, la police veut croire au dialogue

Les forces de l’ordre ont augmenté leur présence sur le terrain.

10 ans après, difficile d’oublier ce qu’il s’est passé dans les banlieues françaises. Quand fin 2005, il a fallu décréter l’état d’urgence suite à une multiplication des incendies et des violences en région parisienne et en province. Au départ, il y a la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois. Réfugiés dans un transformateur EDF alors qu’ils étaient poursuivis par la police. L’an dernier, quand l’affaire a été jugée, on a encore senti que le sujet était sensible, des manifestations ayant notamment été organisées – y compris à Tours.

Fréquemment mises sur le banc des accusés, les forces de l’ordre doivent trouver le moyen d’inspirer confiance au plus grand nombre. Et ce n’est pas l’élan de sympathie né suite aux attentats de janvier où le succès d’événements comme les Rencontres de la Sécurité qui peuvent, seuls, permettre à la faille de se refermer. Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes ont une mauvaise opinion de la police ou de la gendarmerie pourtant censées protéger la population. L’anniversaire de la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn nous le rappelle également en cette fin octobre.

Alors comment faire en sorte d’avoir des relations apaisées entre les citoyens et les policiers ou les gendarmes ? Directeur Départemental de la Sécurité Publique d’Indre-et-Loire (et récemment nommé), Stéphane D’Hayer – qui était en poste en région parisienne en 2005 – voit plutôt les choses avec optimisme : « Il y aura toujours des groupes restreints qui exerceront une défiance vis-à-vis de la police; Ce qu’il faut faire passer comme message – et notamment auprès des jeunes – c’est qu’ils ne sont pas les ennemis de la police et que la police n’est pas leur ennemie. »

Du coup, en ville, dans les quartiers, les patrouilles se multiplient : « il vaut mieux agir en prévention qu’en répression » explique Stéphane D’Hayer qui promeut les actions centrées sur le dialogue : « les policiers sont formés au dialogue. Ils recueillent les besoins et les remarques des gens qui habitent dans les quartiers même si ce n’est jamais très facile avec certains jeunes qui n’ont pas une bonne image de la police. »

Avec le recul de sa carrière, le commissaire divisionnaire de Tours estime que, depuis 2005, « le climat dans les quartiers n’a pas vraiment changé. » Néanmoins, il est très clair : « il n’y a pas de quartier prêt à exploser à tout moment. En revanche, il faut rester attentifs, savoir repérer les tensions. Elles font souvent suite à de fausses rumeurs et nous devons alors faire retomber la pression. »

Stéphane D’Hayer plaide également pour une implication des citoyens dans la vie de leur quartier et par conséquent dans le maintien de la sécurité, soutenant par la même occasion les dispositifs de création de réseaux de voisins vigilants. « Les habitants ne veulent pas forcément une sécurité totale mais une progression en ce sens. Ainsi, les caméras de surveillance ne sont pas forcément une panacée. »

Le chef de la police de Tours reconnait donc qu’il reste encore des progrès à faire des deux côtés. Que dans les mesures entreprises il y a eu des réussites et des échecs. Mais au final, la meilleure preuve que les choses ne vont pas si mal c’est que, depuis dix ans, il n’y pas eu de nouvelles émeutes. Et que de plus en plus, notamment à Tours, l’attention se concentre sur les initiatives locales dans les quartiers et les actions positives plutôt que les mauvaises nouvelles. La grande rénovation attendue pour le Sanitas de Tours (135 millions d’euros) ou la création de Conseils Citoyens dans les 7 quartiers de l’agglo de Tours jugés prioritaires en sont de bons exemples.

Olivier COLLET

À lire sur Info Tours

Suivez l'actualité en temps réel

La météo présentée par

TOURS Météo

Recherche

StorieTouraine - L'actu en résumé

Inscription à la newsletter

Agenda