Adjoint au maire chargé du dossier, Olivier Lebreton en dévoile les détails.
Lundi 12 octobre, lors du dernier conseil municipal de Tours, l’opposition de gauche s’est inquiétée de ne pas avoir eu assez d’informations en amont sur la création d’un Conseil des Droits et Devoirs des Familles à Tours, instance sur laquelle elle a néanmoins un a priori positif. Tours 2020 a tenté de reporter la délibération à plus tard ce qui lui a été refusé car la ville argue que son projet est déjà bien avancé et prêt à voir le jour, même si des détails restent encore à peaufiner. Dans la foulée, nous avons donc pris rendez-vous avec Olivier Lebreton, adjoint au maire chargé de la sécurité qui pilote ce dossier, afin de bien comprendre ses intentions.
Dans un premier temps il se félicite. Car ce CDDF, prévu dans la loi dès 2007 et rendu obligatoire en 2011 pour les villes de plus de 50 000 habitants, n’a pas été mis en place dans beaucoup de cités. « C’est un projet qui était dans notre programme de campagne et nous avons commencé à travailler dessus dès notre arrivée » explique Olivier Lebreton qui a notamment discuté avec nos voisins d’Orléans qui en ont créé un aussi. « Je sais que je ne ferais pas l’unanimité là-dessus mais je pars du postulat que la délinquance des mineurs n’est pas uniquement liée à des raisons économiques. Je pense que c’est surtout pour des raisons socio-éducatives » plaide l’élu selon qui la multiplication des familles monoparentales ou la crise économique « peuvent expliquer un déficit d’éducation mais ne le justifient pas. Si on part de ce postulat, c’est que l’on attend tout de l’Etat. »
« On ne veut pas punir mais aider »
Selon Olivier Lebreton, le CDDF de Tours sera donc « une aide à la parentalité. » Et il insiste bien, à plusieurs reprises : « il ne s’agit pas d’un tribunal » même s’il lui reconnait un côté « solennel ». « En fait on va créer un cadre de dialogue pour aider les familles à restaurer l’autorité parentale. L’idée n’est pas de culpabiliser les familles. On ne veut pas punir mais aider. Récupérer ce qui est récupérable. Car si la délinquance commence jeune, ça peut empirer plus tard. » Son idée, c’est de repérer ceux qui risquent de tomber dans la délinquance dès les premières alertes : absentéisme à l’école, petits délits, échec scolaire, carences éducatives… « Tous les trimestres, l’inspection d’académie va nous transmettre un bilan de l’absentéisme à Tours avec la liste des élèves ayant des absences non justifiées. A partir d’un certain nombre de demi-journées d’absence dans le mois, dans un premier temps sans doute autour d’une dizaine, on réfléchira à intervenir. » L’élu compte aussi sur la police municipale ou les associations pour lui signaler des cas difficiles.
Une fois alerté, le CDDF va se réunir pour voir qui il invite pour discuter. En fonction des cas, chaque session sera composée de 5 à 10 membres. Il y aura systématiquement un représentant de l’Etat désigné par le préfet d’Indre-et-Loire (la chargée de mission prévention délinquance), une personne de l’académie, un élu de Tours (sûrement Mr Lebreton), un représentant du Conseil Départemental (compétent sur les questions d’aide sociale) mais aussi par exemple un chef d’établissement, des membres de la Protection Judiciaire de la Jeunesse ou des représentants associatifs spécialisés dans le social (type Planning Familial ou CIDFF).
Objectif : proposer une aide sociale aux familles qui en ont besoin
Prévue pour début 2016, la création du CDDF est donc actée mais encore en gestation. La fréquence des réunions restant par exemple à déterminer. Mais Olivier Lebreton sait déjà à quoi il veut qu’elles ressemblent : « on invite l’enfant et ses parents à se réunir. Déjà on les informe de leurs droits et de leurs devoirs mais aussi des aides dont elles peuvent bénéficier. Peut-être que certaines personnes n’auront jamais rencontré quelqu’un qui peut leur proposer un soutien. On pourra aussi saisir le Conseil Départemental pour organiser un accompagnement ou saisir la justice pour organiser une aide à la gestion de budget. » L’élu a conscience que la tâche ne sera pas simple, que certaines familles ne répondront pas aux invitations mais espère disposer là d’un outil supplémentaire pour apaiser à la fois la ville et les parents de ces jeunes qui ont tendance à s’écarter du droit chemin…
Olivier COLLET
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