Le pari de Franck Gagnaire pour recoller les morceaux au PS37

Candidat malheureux au poste de premier secrétaire fédéral, le challenger de Francis Gérard l’appelle aujourd’hui à faire un geste politique pour éviter que le parti ne se disloque. Il voudrait un poste d’adjoint.

Depuis une semaine, Franck Gagnaire l’a un peu mauvaise. Pas seulement parce que le jeune homme de 29 ans n’a pas été élu secrétaire fédéral du Parti Socialiste d’Indre-et-Loire et que Francis Gérard ne l’a battu que de 16 voix. Il est déçu, mais il l’accepte. En revanche, ce résultat lui fait craindre deux ans et demi de luttes internes au sein du parti. Il a donc planché sur un scénario qui, selon lui, pourrait arranger les choses et dont il serait naturellement l’un des personnages principaux.

Pour bien comprendre la situation de crise dans laquelle se trouve le PS37 aujourd’hui, il faut revenir un peu en arrière. Juste avant le congrès de Poitiers, la motion A soutenue par le gouvernement séduit une majorité des militants du département lors d’un vote, devançant la motion B (celle des frondeurs). Les partisans de chaque texte se réunissent alors pour préparer l’élection du premier secrétaire fédéral. Et c’est là que les ennuis commencent…

« Au départ je ne pensais pas être candidat »

Lors du débat organisé chez les soutiens de la motion A, Mickaël Cortot, premier secrétaire fédéral sortant, se retrouve opposé à Franck Gagnaire. Seul l’un des deux pourra présenter sa candidature. Mais le vote n’a jamais eu lieu : « Mickaël Cortot a retiré sa candidature et a quitté la réunion » explique aujourd’hui son challenger qui réfute l’idée selon laquelle l’ancien patron des socialistes tourangeaux a été évincé. Une thèse qu’il a pourtant défendue lors d’une lettre aux militants « envoyée avec les moyens du parti » précise à regrets Franck Gagnaire et dans laquelle il apportait finalement son soutien au candidat de la motion B, comme s’il voulait prendre une revanche.

Ce courrier a manifestement eu de l’influence puisque c’est le candidat de la motion B, Francis Gérard, qui s’impose au finish. « Au départ, je n’avais pas imaginé me présenter. Je voulais juste engager un débat sur le rôle de la fédération qui n’avait plus la même place après les échecs électoraux récents » se défend Franck Gagnaire. « A aucun moment Mickaël Cortot n’a été tenu responsable des défaites. Il pensait qu’il était naturel qu’il soit reconduit et n’a pas accepté le débat, le ramenant sur sa personne plutôt que sur des propositions. » Estimant que cette situation est à l’origine du flou artistique dans lequel le PS se trouve aujourd’hui, il propose donc une solution, un coup personnel.

« Je ne voudrais pas qu’il y ait une majorité et une opposition »

Sans renier la légitimité du poste acquis par Francis Gérard, son concurrent espère néanmoins un geste de ce dernier envers les partisans de la motion A : « je ne lui demande pas de partager le fauteuil comme ça a été dit dans la presse. Je lui propose simplement de créer un poste de secrétaire fédéral adjoint, de m’y nommer et de créer une parité dans l’équipe dirigeante. Il y a un risque de division fort et d’une gouvernance faible après ce vote. Cette solution permet le rassemblement, je n’en vois pas d’autre. C’est un accord de gouvernance politique qui respecte le vote du 21 mai et celui du 11 juin » explique celui qui croit qu’un apaisement réussi passera par des actes forts d’ouverture : « Je ne voudrais pas qu’il y ait une majorité et une opposition. A deux, on montre une meilleure image de rassemblement. Il ne faut pas attendre. » même s’il reconnait que le travail sera long pour regagner la confiance de militants désabusés…

Franck Gagnaire jure que ce schéma n’est pas fait pour l’avantager : « il aurait été plus facile pour moi de me faire discret et de revenir dans un an en disant ‘regardez, il n’a pas réussi’. Avec la motion B, Francis Gérard n’est pas majoritaire au bureau fédéral. Il a 6 sièges contre 10 pour la motion A. Avec cet accord, ça lui assure deux ans et demi de sérénité. D’autant que sur la politique locale (la formation, le renouveau via de nouvelles têtes…) nous n’avons pas de désaccords fondamentaux. C’est une proposition équilibrée : je lui suggère mon aide, c’est mieux pour tout le monde. Et je pense que c’est quelqu’un qui sait faire passer l’intérêt collectif avant l’individuel » Un schéma que le jeune homme assure avoir proposé de lui-même au jocondien jeudi soir, sans pression de ses amis : « il faut arrêter de croire que je suis le candidat d’un clan. Les jeunes savent faire leurs propres choix. »

« Ce n’est pas Paris qui doit trancher »

« Depuis jeudi, nous échangeons quotidiennement avec Francis » ajoute encore Franck Gagnaire qui attend de sa part un accord de principe ou une contre-proposition qu’il espère obtenir avant samedi, date où les deux hommes iront au conseil national du PS. Une réunion en marge de laquelle une commission se penchera sur l’élection tourangelle : « il n’y a pas de raison de l’invalider. Ce n’est pas Paris qui doit trancher. Il faut donc arriver en leur disant qu’il n’y a plus de sujet, que c’est réglé. » Et il conclut en paraphrasant Thorez et Holande : « il faut savoir terminer un congrès. Le top départ, c’est maintenant. »

Olivier COLLET

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