DEPARTEMENTALES : Le FN « aime les gens »…

Le parti de Marine Le Pen a bien l’intention de se faire remarquer lors du scrutin de fin mars. Pour ça, il joue la carte du bon copain mais patine pour rendre son programme concret.

Jean-Pierre Sanchez, élu frontiste à Joué-lès-Tours et candidat aux départementales sur le même canton, le dit sur le ton de la boutade : « le FN est centriste », « Tu vas avoir bien du mal à expliquer cela ! » répondent les deux autres membres du parti qui l’accompagnent à notre interview. En fait, c’est ça façon à lui d’arguer que le parti n’est pas d’extrême droite. Ou plus. Sa colistière, Véronique Péan – élue municipale et secrétaire départementale – ne pense pas autre chose : « C’est faux de dire qu’on est un parti d’extrême droite. Et quand on le fait pour nous insulter, on se fâche. Si c’est juste de l’ignorance, on fait de la pédagogie ». Pas sûr que le cours en question réussisse à convaincre tout le monde. En revanche – ça personne ne peut le contredire – le FN prend du galon dans les sondages d’opinion où il caracole à 33% d’intentions de vote pour le 1er tour de scrutin du 22 mars.

Sauf que faire la course en tête ne signifie pas gagner. Militants de longue date (1988 pour Mme Péan), les élus jocondiens et Bruno Lamy (candidat sur St-Pierre-des-Corps / St Avertin) en ont conscience. Preuve en est par exemple l’effritement conséquent du vote frontiste au deuxième tour de la municipale de Joué en 2014 alors que le parti avait fait un gros score au premier. « Nous prenons acte des sondages, c’est encourageant » explique Véronique Péan « mais rien n’est acquis ». Alors le FN fait comme ses adversaires : marchés, tracts en boîte aux lettres, porte-à-porte voire réunions chez l’habitant dans les petites communes. « Nous avons aussi été voir tous les maires ruraux pour nous présenter ». Les candidats l’assurent, l’accueil est chaleureux : « à Tours et Joué, au second tour, les électeurs ont voté UMP pour faire barrage à la gauche mais un an après ils se rendent compte que rien n’a changé. C’était un vote nul ».

Un « programme » faussement local

Avant même d’avoir le moindre résultat, le Front est déjà heureux d’avoir réussi à présenter des candidats dans les 19 cantons d’Indre-et-Loire. Une ambition qui entraîne une grosse logistique, la plupart des frais étant financés par les candidats (dont certains ont emprunté) en attendant le remboursement des frais de campagne par l’Etat. Mais cette omniprésence, est-ce juste de l’affichage, de l’égo ? Y’a-t-il un vrai programme derrière ?

Une chose frappe lorsque l’on a un tract du FN entre les mains : à part la photo des candidats locaux en première page, c’est un copier-coller où l’on ne trouve pas une seule fois le mot « Touraine », aucune photo n’est prise dans le département, aucune proposition n’est déclinée localement avec des chiffres concernant l’Indre-et-Loire… Il n’y a même pas de biographie des candidats ou d’annonce de réunion publique : RIEN. Le parti se donne une excuse locale pour faire la propagande d’un programme national, porté par Marine Le Pen. « C’est difficile d’établir un programme quand on ne connait même pas les prérogatives du département après la réforme territoriale » note Véronique Péan. Tout de même, tout ne va pas changer du jour au lendemain le 1er avril après le scrutin !

Beaucoup d’idéaux, peu de concret

Quand on insiste un peu, on arrive à ajouter un saupoudrage d’idées locales entre les objectifs nationaux du FN : « on veut garder les départements, une collectivité de proximité, efficace pour la cohésion sociale. En Indre-et-Loire, nous avons une assemblée dormante. On est même pas capable de finir un périphérique ou d’avoir une gare TGV accessible en voiture ». Et alors, on fait quoi ? « Nous ne sommes pas des candidats ‘y’a qu’à-faut qu’on' » insiste plusieurs fois Véronique Péan qui plaide la méconnaissance des dossiers pour expliquer le manque de concret.

Quand on prononce le mot magique « subvention » on a droit à un discours bien rôdé : « nous ferons un audit sur leur pertinence et leur utilité. Nous supprimerons celles qui entraînent des dérives communautaristes » (sans citer aucun exemple précis) « et nous publierons nos critères. Aujourd’hui c’est trop opaque ». Mais au fait, le FN n’est-il pas un ennemi de la culture ? « Non ! Nous sommes des amoureux du patrimoine. D’ailleurs je ne comprends pas qu’on laisse s’écrouler les remparts de Langeais, c’était peut-être plus urgent que le Prieuré St Cosme » s’inquiète Véronique Péan qui assure qu’elle reste favorable à des soutiens envers des projets comme du spectacle vivant. Elle est aussi pour le bio à la cantine. Comme tout le monde en fait. Sauf que pour les candidats FN, manger local c’est une justification du patriotisme qui leur est si cher.

« On est dans le bon sens, on aime les gens » justifie Jean-Pierre Sanchez pour évoquer les positions du Front en prenant souvent en exemple David Rachline et sa première année de mandat de maire à Fréjus (ou Hyères, il s’emmêle les pinceaux) : « avec de la volonté politique on peut diminuer la dette, réduire le train de vie des élus, supprimer les investissements non pertinents ». En lançant de telles diatribes, le FN se croit concret mais reste quand même très évasif sur les leviers qu’il pourrait vraiment actionner. Sans doute pour cela qu’il ne transforme pas l’essai. Et ajoute au final du flou et de la tension dans le débat alors qu’on aimerait essayer de s’en passer…

Olivier COLLET

Les ambitions du FN pour la Touraine… modestie ou réalisme ?

« Je déçois souvent la presse car je ne veux pas faire de pronostics » explique Véronique Péan quand on lui demande son objectif pour le FN le 22 mars. On modifie la question : quels sont les cantons sur lesquels vous avez le plus d’espoir ? « Langeais, Château-Renault, Ste Maure de Touraine… ». Pas Joué-lès-Tours ? « je suis modeste ». Modeste ou réaliste ? « C’est bien dit ça… Modeste ou réaliste… ». Ca veut dire ce que ça veut dire, non ?

 

Nous reviendrons ultérieurement sur la façon dont le FN gère ses candidats au passé trouble… Y compris en Touraine.

 

Les autres candidats à Joué-lès-Tours :

OSMOND Judicaël / TUROT Valérie (UMP-UDI)
MOROY Marie-Line / TISON Vincent (PS)
MARZOUK Kemais / VERGÉS François (EXD)

PETIT Florent / RABIER Catherin (DVG)
 
Les candidats à St-Pierre-des-Corps / St Avertin :
 
BOUCHET Marie-Madeleine / LAMY Bruno (FN)
HADDAD Mounia / PAUMIER Jean-Gérard (UMP-UDI)
BELNOUE Martine / LASSERRE Tommy (Front de Gauche)
JEANNEAU Cyrille / LIZE BRUN Brigitte (PS)

 

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