LAURENT BAUMEL « je ne crois pas à une dissolution de l’Assemblée »

Malgré les appels à rentrer dans le rang du gouvernement, le député d’Indre-et-Loire fait toujours partie des frondeurs. Interview.

Mardi, le Premier Ministre Manuel Valls va se plier à l’exercice du vote de confiance devant les députés, qu’allez-vous faire ?

Je vais m’abstenir.

Pourquoi ?

Je vais m’abstenir car j’ai des désaccords importants avec la politique économique menée en ce moment. Elle n’est pas efficace : la croissance est très faible, le déficit augmente et le chômage ne baisse pas. Deuxièmement, elle n’est pas juste. Les français sont en train de recevoir leurs avis d’imposition et voient que sous la gauche au pouvoir ils continuent à payer toujours plus d’impôts. Enfin, les mesures prises ne sont pas conformes aux engagements pris devant les français lors de la campagne de 2012…

En tant que membre du Parti Socialiste, vous n’avez pas d’état d’âme à être ainsi une épine dans le pied de Manuel Valls ?

Je considère que nous sommes utiles. Nous ne sommes pas là pour déranger ou pour gêner mais pour porter la voix des citoyens que nous rencontrons dans nos circonscriptions. On veut inciter le gouvernement à revoir ce qui ne va pas dans sa politique.

Même si Manuel Valls obtient la confiance, est-ce qu’il pourra gouverner sereinement ?

Pour gouverner sereinement il faut rassembler, et pour rassembler il faut une politique qui marche et qui est conforme aux valeurs de ceux qui vous ont fait confiance. Donc cette question appartient largement au couple exécutif Hollande/Valls qui se crispe sur l’idée que sa politique est la seule possible. Il ne s’agit pas de tout jeter mais d’entendre un certain nombre de voix qui s’élèvent, dialoguer davantage.

C’est mener une politique différente avec les mêmes personnes ou avec d’autres personnes ? En clair faut-il encore remanier le gouvernement ?

Ce n’est pas une question de personnes. On peut imaginer que des inflexions soient menées par le gouvernement actuel. Si elles doivent être incarnées par d’autres, elles le seront mais la vraie question aujourd’hui c’est est-ce qu’on a raison de mettre 40 milliards de baisses d’impôts et de charges sans contrepartie vers les entreprises ou faut-il utiliser cet argent pour soutenir des PME qui en ont vraiment besoin comme celles qui exportent ? Et ainsi récupérer une grosse partie de cette somme pour soutenir le pouvoir d’achat des plus modestes avec de vraies baisses d’impôts. La question d’un sursaut rapide de la gauche est vraiment posée.

On entend de plus en plus de politiques réclamer la dissolution de l’Assemblée… Vous y croyez ?

Non. Il n’y aura dissolution que si la majorité est vraiment en péril et aujourd’hui ce n’est pas forcément le cas. Et puis si un jour on devenait assez nombreux à s’abstenir pour que la majorité soit en péril, à mon sens, le président n’a aucune obligation de dissoudre l’Assemblée et peut alors considérer que si de nombreux députés de sa majorité s’interrogent, il faut qu’il discute et comprenne pourquoi. Il peut toujours utiliser le 49-3 mais ce serait contre l’esprit de démocratie. Ce n’est pas en muselant le débat que vous avancerez. Quoi qu’il en soit, je ne voterai jamais une motion de censure avec la droite.

Propos recueillis par Olivier COLLET

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