Votre table basse peut être en bois, en métal, en plastique, en verre… et pourquoi pas en carton ? « Les gens ont beaucoup d’à priori sur la solidité ou le maintien dans le temps mais je veux les convaincre » lance Jean de Couesnongle, avec un argument à l’appui : sa bibliothèque cartonnée tient toujours debout après plusieurs années, et il y a des livres dedans.
L’homme de 40 ans a récemment créé sa boîte de meubles en carton à Neuvy-le-Roi. Ça s’appelle Les Petites Charo, Charo étant la contraction de Charlotte et Roxane, prénoms de ses filles. Menuisier de formation, l’homme a quitté son premier métier à cause d’un problème de santé mais il a voulu continuer à travailler dans le manuel. « J’ai fait plusieurs emplois dont téléconseiller mais ce n’était pas fait pour moi. » En revanche ce n’est pas lui qui a eu l’idée de tout miser sur le carton mais celle qui l’a accompagné lors d’un bilan de compétences :
« Je savais tout de suite que je voulais faire un métier dans l’écologie, elle m’a proposé le cartonnage. En discutant, en réfléchissant et en regardant sur Internet je me suis dit que ce ne serait pas trop mal donc je me suis entraîné en regardant des tutos puis en faisant des meubles pour moi ou mes amis. »
Le côté écologique de l’histoire se trouve dans le matériau. Tous les cartons viennent de la récup’. Au départ Jean de Couesnongle se fournissait notamment auprès des magasins mais désormais on lui en donne pléthore. Ses seuls critères : pas de déchirures, de pliures ou de scotch. Mais les impressions c’est ok car le carton est souvent peint ou vernis… justement pour garantir la durabilité du meuble, par exemple une table basse sur laquelle il est envisageable de renverser un verre de vin rouge sans que ça devienne une catastrophe.
Cela dit, Les Petites Charo ce ne sont pas que des meubles 100% carton. Avec le temps, l’artisan conçoit des meubles carton-bois, carton-cuir ou carton-métal, par exemple. Inspiré par des artistes comme le célèbre peintre Pierre Soulages (connu pour ses toiles noires), il fait tout depuis un atelier de 18m² basé dans son garage, équipé des outils de base (cutter, règle, crayon) puis de machines plus perfectionnées (scie sauteuse, ponceuse, commande numérique et maintenant ustensiles de menuiserie).
« Avec différentes techniques on peut fabriquer n’importe quel meuble, même des chaises ou l’enseigne d’une épicerie » assure Jean de Couesnongle qui fonctionne le plus souvent à la demande mais aussi avec de petites séries comme pour ses porte-bouteilles. Il commence à vendre sur les marchés à Neuvy-le-Roi, et espère bientôt se faire référencer dans des boutiques du département (la majorité de sa clientèle vit dans un rayon de 30km autour de Neuvy-le-Roi).
Côté prix, ça dépend de la taille mais une horloge nécessitant deux jours de travail coûte autour d’une centaine d’euros, 230€ la table basse fabriquée en une semaine, « plus cher qu’Ikea mais moins cher qu’un menuisier » résume-t-il en annonçant son projet d’organiser bientôt des ateliers pour apprendre à maîtriser ses techniques.
Olivier Collet
