La Parenthèse : une prise en charge pour les hommes violents à Tours

Les violences conjugales en Indre-et-Loire c’est très récurrent : 1 800 plaintes déposées en 2022, pratiquement trois nouvelles affaires chaque jour pour la police ou la gendarmerie. Depuis plusieurs années, la prise en charge des victimes s’améliore avec le développement des téléphones grave danger pour prévenir en cas de risque de récidive ; un partenariat avec SOS Médecins Tours pour une prise en charge médicale rapide ou l’ouverture de la Maison des Femmes de l’hôpital Bretonneau afin d’obtenir un soutien dans les démarches ou la reconstruction de soi.

Et les auteurs de violences, comment les prendre en charge ? La question commence à être posée de plus en plus sérieusement, en particulier pour éviter la récidive. Et c’est notamment le Groupe SOS qui va s’y employer. En ce mois d’avril 2023, cette structure aux 22 000 salariés dans le monde signe officiellement un accord avec la préfecture tourangelle et les services judiciaires. Son but : de prendre en charge les auteurs de violences conjugales placés sous contrôle judiciaire, ou condamnés à des peines de prison aménageables.

Des contraintes strictes pour les auteurs hébergés

Ce dispositif existe encore dans un nombre limité de départements. Basé tout près de la Place Jean Jaurès, il prend le nom de La Parenthèse. 3 personnes y travaillent, dont l’ancienne directrice de l’antenne ligérienne de l’association France Victimes, Marie Le Bas. L’idée : proposer un logement le temps de l’injonction judiciaire. 15 places sont disponibles dans des studios, T3 et T4 répartis entre Tours-Centre, Tours-Nord et Joué-lès-Tours (impliquant parfois des collocations). Leur coût est pris en charge par l’Etat, la nourriture restant l’œuvre des personnes hébergées.

Active depuis juillet 2022, La Parenthèse a déjà pris en charge 23 hommes accusés de violences, ou condamnés pour de tels faits. Durée moyenne du séjour : 6 mois. 11 d’entre eux sont présentement accueillis par la structure, leur départ ne pouvant se faire que quand la contrainte judiciaire s’évapore. Et si des aménagements sont possibles pour leur permettre de garder leur travail, les contraintes sont strictes : les personnes condamnées n’ont le droit de sortir qu’entre 9h et 15h, celles en attente de jugement doivent être au domicile de 22h à 8h. Des contrôles ont lieu pour vérifier le respect de ces règles.

Des rapports pour chaque hébergement

Ce dispositif ce n’est pas seulement de l’hébergement… Loin de là. Les 3 salariés de La Parenthèse organisent tout un processus d’entretiens individuels et collectifs pour assurer une prise en charge psychologique, mais aussi préparer un parcours de vie post-accompagnement. C’est-à-dire envisager un avenir professionnel ou trouver un nouveau logement en cas de séparation du couple. Il s’agit aussi de gérer les relations entre les pères et leurs enfants (souvent organisées dans des lieux neutres, puisqu’ils n’ont pas le droit de recevoir d’invités dans leurs logements).

Alternative à la prison ou à la détention provisoire, le recours à La Parenthèse se fait sur décision judiciaire. Deux rapports sont systématiquement rédigés pour évaluer la prise en charge : un par la structure, l’autre par l’administration pénitentiaire. Des documents qui permettent d’orienter les décisions lors d’un procès, ou pour un aménagement de peine post-condamnation. Il est encore un peu tôt pour dresser un bilan de l’efficacité de la mesure mais, face à la demande, on parle déjà de doubler les possibilités d’accueil à moyen terme. Soit 15 places supplémentaires.

Olivier Collet

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