Thomas Pesquet, Sébastien Loeb, Soprano, Éric Antoine, Benoît Poelvoorde… Toutes ces personnalités ont un point commun : le visage de leur statue de cire a été modelé par Stéphane Barret, l’un des deux sculpteurs indépendants du musée Grévin. Depuis trois ans, l’artiste de 59 ans a quitté la capitale et travaille depuis son atelier de 250 m², situé en plein cœur du quartier Velpeau, à Tours. Il réalise actuellement trois nouvelles personnalités, dont l’identité doit rester secrète.
Après quelques années dans l’industrie mécanique à Vierzon (Cher), là où il a grandi, Stéphane Barret reprend des études de design à Paris, puis décide de se lancer comme sculpteur indépendant à la maison des artistes, en 1997. Trois ans plus tard, il commence sa collaboration avec le musée Grévin. « Cela me donne une carte de visite importante et intéressante », reconnaît le créateur plasticien.
Plus de 60 personnalités
Il se souvient de ses débuts. « On m’a demandé si j’avais déjà fait de l’hyperréalisme. J’ai répondu oui mais ce n’était pas vrai », s’amuse-t-il. L’hyperréalisme humain et animalier est depuis devenu sa spécialité. Pour son premier modelage, il réalise la tête de Bruce Willis. Le premier d’une longue série. En plus de 20 ans, Stéphane Barret a en effet participé à la création de plus de 60 personnalités et quelques personnages fictifs, tels que « Le petit Nicolas » ou « Le petit prince ».
La réalisation d’une statue de cire demande six mois de travail à l’ensemble des équipes du musée. Avant de commencer un modelage, le Tourangeau d’adoption rencontre les personnalités une première fois, sauf s’il s’agit d’une célébrité étrangère. Ce premier rendez-vous de deux heures environ a lieu aux ateliers de fabrication des personnages du musée Grévin. « On regarde l’expression et on définit la pose avec les personnalités. On fait un scan, des photos à 360 degrés. On regarde la couleur de peau, des yeux et des cheveux. Si les dents sont apparentes, on fait une empreinte. On leur moule aussi les mains car cette partie du corps est trop difficile à sculpter. Beaucoup de gens travaillent autour », détaille le sculpteur, qui dispose de cinq à huit semaines pour réaliser le modelage en plastiline, une pâte à modeler qui ne sèche pas.
« Le plus difficile, c’est le regard »
Une deuxième rencontre, appelée rendez-vous de confrontation, est ensuite organisée. La célébrité découvre le premier résultat. « Je ne l’ai vue que deux heures, j’ai donc des interrogations en permanence et il y a toujours des modifications à effectuer », assure Stéphane Barret. Ce moment sert donc à identifier les changements nécessaires, comme accentuer un sourire, améliorer un nez, retravailler les contours des yeux… « Le plus difficile à faire, c’est le regard, car il faut réussir à bien le capter,estime l’artiste. Il y a beaucoup de détails importants mais on pousse au maximum sur le regard. »
La tête de la personnalité est finalement moulée dans un moule en silicone avec une coque en plâtre, où sera coulée une cire teintée couleur chair. Le corps, lui, est fraisé en polyester, puis moulé en résine. Le sculpteur dépose les yeux et, si elles sont visibles, les dents, respectivement réalisés par un oculariste et un prothésiste dentaire. Les équipes du musée Grévin se chargent ensuite de l’implantation capillaire, du maquillage, de la coiffure et de la tenue. Une dernière rencontre est organisée avant l’inauguration. « Ce sont de belles rencontres à chaque fois », affirme le créateur plasticien.
En parallèle, Stéphane Barret travaille pour des musées, des parcs d’attraction ou des agences publicitaires. Depuis six ans, il a par ailleurs commencé une « création personnelle », une série de corps nus, portant des coiffes surdimensionnées.
En savoir plus
Pour découvrir le travail de Stéphane Barret : www.stephanebarret.com
Émilie Mette
