Hélas! : rock de Général

Découverte d’un quatuor aux riches influences et au son troublant.

L’EP éponyme d’Hélas! commence comme une année, par Janvier. Et comme un clin d’oeil à l’ancien nom du groupe (Général de Gaulle), les premières notes sonnent un peu comme une marche militaire. En tout cas avec ce nouveau nom, le quatuor Tourangeau entame une nouvelle ascension et change de braquet. Fini l’influence rock-français à la Noir Désir, là on est plutôt dans le monde d’Arcade Fire ou Queens of the Stone Age (mais en français dans le texte). Résultat : c’est brut, ça tonne, ça marque. « Avec Général de Gaulle, on avait un son très 80’s-90’s, là on a voulu quelque chose de différent, on a pas le même rapport aux rythmes » expliquent Achile (le chanteur) et Etienne (son batteur, qu’on connait également pour sa participation aux travaux de Boys In Lilies). Les deux absents : Raphaël (et son violon) et Jérôme (guitariste).

Pour produire ce (beau) disque de 5 titres au format disproportionné et illustré d’un tableau d’un moine jésuite du XVIème siècle, Hélas! a mis en place une grande coloc’ d’une semaine dans une maison sans charme de Tours Nord totalement relookée en studio d’enregistrement Hi-Tech par un jeune passionné (depuis parti en virée en Alsace). « On avait 6 ou 7 morceaux en tête, on en a gardé 5 après une semaine de travail » raconte Achile.

Un live désiré mais sans se presser

Le résultat est à la fois viril et mélancolique, avec un univers sombre sans pour autant être angoissant. Gros plus : ce son acoustique, authentique. « On voulait que ce soit vivant » insistent les musiciens qui fonctionnent à l’instinct et au coup de coeur : « une chanson comme Reverbe on l’a enregistrée en deux prises. On a fait la première, elle était bien. On a fait la deuxième, elle était mieux. On l’a gardée » s’amuse Etienne qui se rappelle aussi de ce jour où il a dû utiliser bouchons d’oreille et casque pour se protéger juste le temps d’enregistrer un énorme coup de cymballe qui lui a fait mal aux bras « et au final, ce n’est pas flagrant sur le disque ».

Et le texte dans tout ça ? Ce qui peut-être déstabilisant, c’est qu’on ne comprend pas tout. Du moins à la première écoute. Un choix assumé par Achile qui a travaillé dur dessus pour raconter des histoires mais préfère que l’on retienne la musicalité des pistes plutôt que les couplets. L’occasion d’engager un débat : écoute-t-on de la musique pour le son ou pour les paroles ? Les avis divergent, y compris entre artistes. « J’aurais pu articuler plus, mais on aurait alors basculé de la pop à la chanson » dit Achile. Hélas! a donc fait le choix délibéré de privilégier l’instrumental mettant parfois sa voix en retrait sans occulter totalement son intéressant côté ayant tendance à virer au lyrique grave.

Absorbés par plusieurs projets à la fois, les 4 membres d’Hélas! sont aujourd’hui en période de rôdage avec ce nouveau défi. L’EP est sorti mais les concerts ne suivront pas forcément tout de suite. « Jouer dans les bars n’est pas nécessairement ce qui nous intéresse » expliquent Etienne et Achile qui veulent réfléchir au meilleur cadre et scénario pour présenter leur musique au public : festival, performance, guinguette ? En clair tout est ouvert, une résidence est en cours d’organisation au Théâtre du Plessis à La Riche et un concert de fin risque d’en être l’aboutissement. Alors, il faudra sans doute s’attendre ce soir-là à un jeu de lumière très étudié pour mettre encore plus en exergue le côté magistral de ces 5 chansons désertiques et saignantes, un peu torturées mais qui laissent entrevoir un horizon bleuté et dégagé.

Olivier COLLET

L’EP d’Hélas est en vente à la Fnac de Tours ou chez Baromètre. Pour l’écouter en ligne : helasofficiel.bandcamp.com

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