C’est la nouvelle expression phare du maire Serge Babary.
Le maire de Tours Serge Babary n’en fait pas un argument de vente, n’en est pas vraiment fier, mais l’expression n’est pas tabou. « Je l’ai dit pendant la campagne des municipales et encore vendredi dernier lors de la présentation du contrat de ville de l’agglomération. » De quelle phrase parle-t-on ? Celle-ci : « Tours est une ville pauvre ! » Ce mardi il l’a répétée, au moins à 5 reprises, devant un parterre de promoteurs immobiliers, d’architectes ou encore de bailleurs sociaux venus l’écouter annoncer sa vision de l’urbanisme. Et il a appuyé son propos : « Avec 33% de liogements sociaux, 7 quartiers pauvres, c’est un surcoût social considérable, un impératif que je subis. » Tout ça pour prévenir ceux qui veulent construire ici : « la ville ne peut plus accompagner les grands projets urbains. »
Nous y voilà… En grande difficulté financière (il a fallu augmenter les impôts de 4% pour équilibrer le budget 2015), et en proie à une baisse de sa population donc de ses recettes fiscales, Tours annonce aux entreprises du BTP – qui ne sont pas à la fête non plus – qu’elle ne va pas pouvoir les aider dans leurs projets. Tout en leur imposant une bonne liste de contraintes pour éviter une dérive architecturale de constructions modernes n’ayant rien à voir entre elles. Ca fait beaucoup à avaler d’un coup.
N’a-t-elle pas peur de les faire fuir ? « Non, il y a d’ailleurs plein d’entreprises qui viennent me voir pour construire ici » nous dit le maire. Ouf, alors (tant qu’on trouve du monde pour y habiter) ! Dans le même temps, Serge Babary a rappelé que les quartiers qui accueillaient de nouveaux immeubles étaient dépourvus d’école, de lieux de vie ou de commerces de proximité. Et ça, c’est encore moins rentable pour les promoteurs que les logements à 150 000€. Il va donc bien falloir trouver quelqu’un pour les financer… La ville pourrait alors être forcée d’accompagner les grands projets, si elle ne veut pas qu’ils deviennent des maisons hantées…
Olivier COLLET
