Deux semaines de grève aux urgences de Trousseau : le stress au zénith

Trois syndicats dénoncent un manque de personnel et commencent à faire signer une pétition.

En ce début février, les urgentistes solidaires des syndicats CGT, FO et Sud entament leur 3ème semaine de grève au sein du CHU de Tours. Déjà 15 jours de mouvement et aucune nouvelle de la direction depuis une semaine… Mais que se passe-t-il ? Il est bon de l’expliquer car le mouvement est peu visible des patients : les personnels grévistes sont réquistionnés et l’hôpital demande même à des équipes d’autres services de venir renforcer les urgences pour compenser la douzaine d’arrêts maladie du moment. Nous avons donc rencontré Philippe Papin, délégué du syndicat Sud.

Notre interlocuteur tient à mettre les choses au clair : le projet de réorganisation mis en place par la direction lui semble bon, « il roule ». Bon, il est très technique (cf lien en bas de l’article), en gros c’est une histoire de fermetures-ouvertures de lits dans différentes sections depuis décembre. Ce qui bloque c’est que selon lui la direction aurait dû prévoir de renforcer les effectifs pour la mise en place de cette directive. Mais il n’en a rien été et les conséquences semblent néfastes sur les équipes (ils sont une cinquantaine à travailler aux urgences chaque jour, le service en compte une centaine au total).

5 créations de postes réclamées

« Avant ça se passait bien, on avait juste quelques difficultés… Maintenant on se retrouve aux urgences avec des patients plus lourds qu’initialement prévu et qui restent hospitalisés plus longtemps. On a des patients âgés ou en fin de vie qui ne devraient pas être là », énumère Philippe Papin, « les personnels ne peuvent pas tout faire correctement. On fait dans la vitesse, dans l’urgence. L’effectif n’est pas adapté et les conditions de travail se dégradent. Dans ces conditions, ça peut devenir dangereux. Les collègues risquent de faire des oublis, ou des fautes. » Le délégué syndical évoque même des salariés « en pleurs » à l’issue de leurs journées de travail trop stressantes.

Alors que demandent-ils pour retrouver un cadre de travail serein (et, au passage, ralentir le temps d’attente des 50 000 patients annuels des urgences de Trousseau) ? « Il nous faut non pas une mais deux infirmières le matin, l’après-midi et la nuit », entame Philippe Papin, « nous voulons aussi deux aides-soignantes sur le circuit court destiné à prendre en charge les pathologies légères ».

Mais attention : pas question d’aller piocher ces postes dans d’autres services de l’hôpital, il demande « des créations de postes, des recrutements ». Pour l’instant, tout ce que la direction propose c’est des postes pérennes en journée mais seulement un renfort de 3 mois pour la nuit. Et ça c’est hors de question pour les grévistes qui adoptent la stratégie du tout ou rien : « c’est pour ça que la grève continue, ils ne veulent pas céder » conclut Philippe Papin qui nous a transmis le texte d’une pétition qui commence à tourner dans les services. 400 personnes l’ont signée ce mardi en attendant une sensibilisation des patients plus directe dans les prochains jours. Une nouvelle réunion pour faire le point sur le mouvement est également prévue lundi 9 à 14h30.

Olivier COLLET

 

Info-Tours.fr vous propose de lire le tract complet rédigé par l’intersyndicale de Trousseau mobilisée.:

 

Chaque année près de 50 000 personnes ont recours au service des urgences de l’hôpital Trousseau. Peut être faites vous partie de la population qui a déjà eu besoin de nos services, peut être en ferez vous partie demain. Autrement dit, tout le monde est potentiellement concerné. Vous êtes donc en droit d’attendre de ce service un accueil et une prise en charge à la hauteur de vos besoins et demandes, avec un personnel disponible et à l’écoute de votre souci de santé.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Depuis toujours, la situation dans le service des urgences de Trousseau est critique. Une réorganisation (désorganisation ?) a été décidée par la direction, sans le personnel adéquat.

Cette réorganisation, valide depuis décembre, a été mise en place contre l’avis de tous : équipes, médecins, instances (CTE et CHS-CT). Depuis un peu plus d’un mois, les problèmes n’ont donc fait que s’accentuer. Le manque de lits dans les services du CHU, notamment en gériatrie, les fermetures de lits récentes, l’augmentation de la fréquentation des urgences, principalement par une population vieillissante, participent de « l’embolisation » des urgences. Il y a bien eu ouverture de lits d’UMC (Unité de Médecine Communautaire) dédiés aux malades des urgences, mais cela s’avère insuffisant. L’ouverture de 9 lits supplémentaires à l’UHCD (Unité d’Hospitalisation de Courte Durée), sans le personnel nécessaire, n’a rien apporté puisque dans le même temps, 9 places ont été supprimées dans les salles de soins. Un « circuit court », sensé prendre en charge les pathologies légères, a été mis en place en dépit du bon sens, sans l’effectif adapté. Le résultat est une attente toujours plus longue pour les patients-es qui se présentent aux urgences, une souffrance et un stresse croissant pour nous. Et au bout du compte, c’est la sécurité des patients qui est posée.

Quelles sont nos demandes ?

  • Concernant l’UHCD (hébergement), la demande est identique de jour et de nuit au niveau des infirmières : une infirmière supplémentaire, pour avoir 2 infirmières 24h/24. Pour le jour, un poste d’aide soignante supplémentaire est nécessaire pour l’équipe d’après midi.
  • Concernant le circuit court, il y a nécessité de pourvoir ce secteur d’1 aide soignante 24h/24, et il faut revoir son organisation concrète.
  • Concernant le déchoquage, secteur réservé aux urgences aigues, l’équipe de jour souhaite la remise en place du poste infirmière de « coupe » (10h00-17h40), avec maintien des deux infirmières à l’accueil; l’équipe de nuit demande le retour à deux infirmières au déchoquage, avec une aide soignante et une infirmière à l’accueil.

Comme on le voit, ces demandes ne sont pas excessives et suffiraient à soulager les équipes et renforcer la sécurité des soins pour les patients-es. La situation que nous vivons provoque un épuisement professionnel préjudiciable à la bonne prise en charge des patients et de leur famille, qui s’ajoute aux mauvaises conditions de travail. La Direction du CHU doit prendre toute la mesure de cette situation et du danger qu’elle fait courir aux patients : elle doit nous entendre ! Pour le moment les quelques avancées qu’elle a concédées sont insuffisantes. Pour l’obliger à répondre sérieusement à nos demandes, nous n’avons plus eu d’autres recours que celui de la grève. Nous souhaitions donc vous alerter sur ces dysfonctionnements et vous demander de manifester votre soutien et votre solidarité en signant la pétition.

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