De la tapisserie d’ameublement aux masques : reconversion express à Ballan-Miré

Art & Création s’adapte à la crise sanitaire.

Le 1er ministre Edouard Philippe a bien insisté lors de son discours à l’Assemblée Nationale mardi 28 avril : à partir du 11 mai, il faudra souvent sortir avec un masque sur le nez et sur la bouche afin de limiter les risques de transmission du Covid-19. Les commerces pourront interdire l’entrée aux personnes sans masque et il sera même obligatoire dans les transports en commun. Une fois que l’on sait ça, il faut s’équiper. Les mairies organisent progressivement des distributions, certains commerces en vendent (Les Matins Blancs à Tours, La Manufacture à Joué, des bureaux de tabac…) et les pharmacies ont le droit d’en proposer. Coût moyen : entre 5 et 10€ selon la qualité ou la provenance.

Ces masques, il faut bien les fabriquer. Autrement dit organiser subitement une industrie à grande échelle alors que ce marché n’existait pas du tout il y a quelques mois. On a beaucoup parlé des nombreux élans bénévoles (à La Riche, Chambray, Sainte-Maure-de-Touraine, Tours…) ou des personnes qui s’équipaient elles-mêmes depuis leur salon mais ça ne suffit pas. Pour avoir du stock, il faut faire entrer les entreprises dans la danse. A Saint-Avertin, Medical Z a réorienté son activité initialement dirigée sur les équipements médicaux et conçoit 400 000 masques commandés par Tours Métropole. A Nazelles-Négron, Lestra Sports fait de même pour livrer 31 000 masques à la communauté de communes d’Amboise. A Cinq-Mars-la-Pile, Indis répond à la demande de la CCI ou des commerçants du Bourgueillois…

Sur le site de l’AFNOR, 22 entreprises d’Indre-et-Loire sont référencées comme productrices de masques en tissu aux normes. Ils sont moins efficaces que les modèles chirurgicaux ou FFP2 mais bien utilisés (seulement quelques heures) et lavés après chaque usage ils forment une protection non négligeable face au coronavirus.

2 000 masques commandés par la ville de Ballan-Miré

22 sociétés dans cette liste ce n’est qu’un échantillon. On peut par exemple y ajouter Art & Création, entreprise ballanaise dirigée par Christian Hulin. L’homme est dans le textile depuis 40 ans, spécialisé dans la tapisserie d’ameublement. Mais en ce moment, il doit aussi réponde à la demande de masques : « La mairie de Ballan-Miré m’en a commandé 2 000, j’en ai 5-600 à faire pour des entreprises et je suis en attente de la confirmation pour une livraison de 1 000 masques à Azay-le-Rideau » nous explique le dirigeant qui a eu, dans le passé, des ateliers à Tours Centre avant de s’installer en 1ère couronne de l’agglomération ainsi qu’à Richelieu.

Avec ses 4 salariées, Christian Hulin ne peut pas honorer de très grosses commandes mais réalise plusieurs dizaines de masques au quotidien. « Pour nous c’est une tâche facile. On utilise du coton comme pour l’ameublement, avec un filtre à l’intérieur. Le problème c’est qu’on manque d’élastiques et que les fournisseurs ont augmenté les prix : +10 centimes au mètre. » Art & Création vend ses modèles à 10€ pièce mais, contrairement à certains qui sont obsolètes après une dizaine d’usages, il assure que ses modèles sont réutilisables au moins 30 fois en les lavant à l’eau chaud et au savon de Marseille (pas à la machine).

Pour l’entreprise ballanaise, cette bifurcation de l’activité répond à une nouvelle demande, de quoi maintenir la production et les emplois. En parallèle elle poursuit la production de tapisserie d’ameublement : « L’activité est moyenne mais je ne sais pas comment ça va se passer ensuite. Ça risque de s’estomper, on le saura dans deux mois » détaille Christian Hulin. En activité, mais pas épargné par la crise, comme beaucoup d’autres acteurs.

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