Cano-Lopez imagine l’avenir du Plessis

L’artiste, créateur de la compagnie qui porte son nom, devra quitter le château de La Riche le 31 août.

Il ne remuera pas ciel et terre pour rester. On le sent marqué à l’idée de quitter les lieux mais il s’est fait une raison. José-Manuel Cano-Lopez, sa compagnie et ses amis feront leurs cartons et quitteront le Château du Plessis de La Riche au 31 août, la ville de Tours (qui en est propriétaire) ayant décidé de le mettre en vente car elle ne peut pas en assumer la coûteuse rénovation. Si l’artiste avait un temps espéré rester dans les murs jusqu’à ce qu’un acheteur ait effectivement été trouvé, il se fie désormais à la promesse de la municipalité : celle qu’une solution de relogement lui sera proposée.

« C’est peut-être prétentieux mais j’estime que ce n’est pas à moi de chercher. Travaillant avec cette ville depuis plus de 30 ans, c’est normal que ce soit elle qui cherche un relogement puisqu’elle nous enlève notre outil de travail. » Qualifiant ses relations avec la municipalité de « professionnelles » après une année 2015 très tendue, José-Manuel Cano-Lopez a noté sur son agenda un rendez-vous à la fin du mois pour examiner de premières propositions. Il espère un site avec, comme au Plessis, des bureaux, un centre de documentation, deux salles de répétition, la salle de spectacle n’étant qu’un plus. Et que l’ensemble soit regroupé sur un seul site n’est pas une fin en soi pour lui.

« Ce qui prévaut à un équipement c’est un projet artistique » détaille par ailleurs José-Manuel Cano-Lopez. En clair, il affirme que s’il a tant mobilisé autour de lui ces 14 derniers mois, ce n’est pas pour sauver sa tête mais pour maintenir à la surface tout le travail qui s’est construit autour de sa compagnie : « depuis 1998 Le Plessis est le réceptacle de multiples projets artistiques. C’est un lieu partagé, bien avant que l’on ne parle du partage de l’année St Martin. » « On va partir entiers, avec les bagages », poursuit l’artiste qui a néanmoins revu sa façon de fonctionner : « on ne pouvait pas repartir sur les mêmes bases qu’avant notre série d’ennuis. Il est capital de bâtir un projet qui tienne encore plus compte de ce souhait de création partagée. Parce que c’est au cœur de notre engagement. »

Alors pendant les 6 prochains mois, le Château du Plessis va bouillonner : « nous avons créé un groupe artistique, Y.O signifiant « les Yeux Ouverts ». Il s’agit d’un collectif d’artistes de tous horizons (théâtre, musique, danse…) qui va partager les bureaux, travailler en commun dans les répétitions, fusionner pour mettre au point des créations hybrides… C’était le cas par exemple du doux et séduisant projet de Madera Em présenté ce vendredi, avec un concert mis en scène par José-Manuel Cano-Lopez : « c’est la première fois à Tours qu’un Groupe décide de partager ses univers respectifs. Cet engagement artistique et politique profitera au public. » Une centaine d’artistes se sont laissés convaincre : Cie 21, Viviana Mattei, Padawin, Yacht, Jane is Beautiful, Guy Delahaye, Cie la Clé, Balkanik ou les Films du Loup Blanc pour ne citer qu’eux. Il y aura des résidences, des formations, des spectacles, des créations… : « il faut qu’un lieu dans l’agglo accueille des artistes en voie de professionnalisation » plaide José-Manuel Cano-Lopez qui pose des fondations : « il est hors de question que la ville de Tours s’occupe de ma seule entité, elle aura des solutions à trouver pour le Groupe. »

Bref, pendant les six prochains mois, Le Plessis risque de s’inviter souvent dans l’agenda culturel avec la dernière création de la Cie Cano-Lopez, Triptyque, chroniques de l’ogresse assagie, mais aussi une reprise : Barbe Blue : le conte, des fêtes : (manifestations viticoles, nouvelle date des Ilots Electroniques, cinéma en plein air) ou encore une sortie au théâtre de l’Odéon pour rencontrer Isabelle Huppert, que l’artiste admire. Il est heureux et impatient quand il présente ce riche et ambitieux programme. Mais il est aussi préoccupé, car bien avant tout cela dans deux semaine il y a le vote du budget de la ville de Tours et accessoirement celui du montant de la subvention qui va lui être allouée pour 2016. Alors qu’il a pu bénéficier jadis de 150 000€ il en a eu 70 000 l’an dernier : « le maire a annoncé une baisse de 3% des subventions, pour nous cela représente 2 100€. J’espère que ce ne sera pas plus… » s’inquiète-t-il avant de s’auto-rassurer : « Mais vu ce qui est dépensé pour St Martin, je crois qu’il y a de l’argent pour la culture… »

Olivier COLLET

À lire sur Info Tours

Suivez l'actualité en temps réel

La météo présentée par

TOURS Météo

Recherche

StorieTouraine - L'actu en résumé

Inscription à la newsletter

Agenda