Ce n’est parce qu’on vit ici qu’on ne peut pas dormir ailleurs que dans son lit. Avec notre nouvelle rubrique {#DODO] on vous emmène à la découverte de lieux tourangeaux singuliers pour se dépayser du quotidien.
Il y a un nouvel hôtel 4 étoiles de caractère dans le centre-ville de Tours. Si l’on connaissait déjà Le Grand Hôtel, Océania – L’Univers ou Château Belmont un peu plus loin, voici un établissement qu’on n’attendait pas forcément et qui dynamite un peu le secteur de l’hôtellerie haut de gamme sur la ville : le LABE Hôtel, face à la gare, à l’entrée de la Rue Edouard Vaillant.
Si vous passez souvent dans le quartier, vous noterez que c’est l’ancien Hôtel de l’Europe. Totalement transformé d’octobre 2022 à début 2024, il vient de passer de 2 à 4 étoiles… en même temps que son nombre de chambre s’est réduit : 41 portes aujourd’hui contre 47 précédemment.
A la tête de l’établissement, l’Angevin Edouard Trottier associé avec son épouse Lucie, et deux Nantais familiers du monde de l’hôtellerie : Adeline et Benoit. Ces quatre-là se sont rencontrés en travaillant ensemble dans un hôtel de Nantes en 2015. « En 2018 on avait déjà un projet d’association ensemble » explique Edouard Trottier. Il s’est finalement concrétisé 4 ans plus tard avec la reprise de l’Hôtel de l’Europe de Tours, bien dans son jus malgré un emplacement royal à 20m de la gare et 50m du Palais des Congrès Vinci. ôtel
« On cherchait un hôtel à reprendre dans une ville dynamique en termes de business et de tourisme » explique le responsable de l’établissement qui fait travailler une dizaine de personnes et dont le nom LABE reprend la première lettre du prénom des 4 associés. Naturellement il s’adresse à la clientèle professionnelle et touristique… mais veut aussi faire venir les locaux. « On a un habitant du quartier qui est venu dans la suite panoramique et qui nous a dit qu’il n’avait jamais vu sa ville avec cette perspective. »
La suite panoramique ? Une chambre au 5e étage proposée autour de 200€, avec grande fenêtre donnant sur la gare, les toits de la Rue de Bordeaux et le Beffroi de l’Hôtel de Ville. On y trouve également un aménagement génial : une télé réversible que l’on fait pivoter pour la regarder depuis le lit… ou la baignoire.
Conçu par les architectes d’intérieur de l’agence nantaise Soon, le LABE Hôtel assume sa singularité. Une autre suite est équipée d’une barre de pole dance. Il y a des néons partout, et Louis XIV qui sniffe de la coke sur les panneaux « Ne pas déranger » accrochés aux poignées de porte. Au rez-de-chaussée, la salle du petit déjeuner mixe vaisselle vintage de maison de campagne et… les tables en bois de l’Hôtel de l’Europe recouvertes d’une faïence PacMan réalisée directement par les propriétaires.
Bâtisse construite en 1857, l’hôtel d’Edouard Trottier se place en opposition avec les chambres standardisées des chaînes comme Novotel, Mercure ou Hilton présentes dans le quartier. Ici, il faut accepter d’être déstabilisé ou surpris. Une chambre est équipée d’un authentique écran de cinéma avec 6 fauteuils et on sert du vouvray pétillant au saut du lit, comme dans les palaces ou en Allemagne.
« Un mélange entre classicisme et rock’n’roll » résume le propriétaire qui montre les marches colorées de l’escalier pour masquer les salissures des travaux ou la Vénus de Milo affublée d’un canard en plastique sur l’une des portes de chambres. A noter la présence d’un concept assez singulier : des shoe-box, pièces de 12m² à 99€ pour une personne mais garanties avec tout le confort d’un 4 étoiles (proposées uniquement en vente directe par l’hôtel). « On vient en premier lieu dans un endroit pour y dormir » rappelle Edouard Trottier.
Cela dit, l’expérience globale est soignée. Au LABE Hôtel on trouve un piano et une guitare en accès libre, un bar ouvert « à la clientèle et aux amis » ainsi qu’une salle de réunion pensée pour les pros ou les loisirs puisqu’elle accueille déjà des ateliers floraux, ou activités autour de l’écriture. L’établissement ne s’interdit pas également d’y proposer son propre programme puis, à l’avenir, de végétaliser sa façade ou d’ouvrir le petit déjeuner au grand public. Il propose déjà les produits non consommés à 4€ via l’application anti-gaspi Too Good to Go.
Olivier Collet
